Le tueur - Affaires d'état
4. Frères humains
Une BD de Matz et Luc Jacamon chez Casterman - 2022
10/2022 (12 octobre 2022) 62 pages 9782203231849 Format normal 454632
Après les évènements du Havre, le Tueur doit se mettre au vert, le temps que ça se tasse. On lui a trouvé une nouvelle cible et nouvelle une planque, au coeur des Cévennes, dans une zone blanche. Quand deux enfants échappés d'un traffic humain trouvent refuge chez lui, il est obligé de rebattre les cartes. Quitte à rompre avec sont éthique de travail. Fiction inspirée de faits et dossiers réels, ce nouveau volet des aventures du Tueur nous livre un état des lieux glaçant des jeux de pouvoir et de corruption.
Très bon tome une fois de plus (aussi bien graphiquement qu'au niveau du scénario et des dialogues, comme d'habitude politiquement incorrects à souhait). Un tome qui présente l'originalité de confronter pour la toute première fois de sa carrière LE TUEUR a un cas de conscience. Ce dernier va-t-il rester fidèle à sa ligne de conduite en ne se mêlant pas des affaires du monde ou bien va-t-il faire une entorse à son code d'honneur et tenter d'enrayer un projet sordide qui n'a pourtant rien à voir avec sa mission du moment, au point de mettre en péril cette dernière ?
J'ai trouvé cet élément scénaristique particulièrement convaincant et la lecture est de fait un vrai plaisir.
Le Tueur à plus de vingt ans et dix que la première série est terminée, en trois cycles (soit douze tomes et trois intégrales). Lorsque les auteurs ont remis le couvert il y a trois ans pour une série-suite destinée à mettre l’assassin dans la main du pouvoir politique on pouvait légitimement se demander si c’était une bonne idée. Après une trilogie plutôt réussie sur un présidentiable machiavélique, nous voici parti sur un nouveau cycle de la nouvelle série (soit le cinquième cycle… vous suivez?).
Malheureusement, si la routine réflexive, les décors sans bulles et la facilité d’écriture de Matz nous placent désormais en terrain familier, on subit de même la lassitude d’une recette qui peine à se renouveler. Sur un tome introductif qui s’achève un peu nulle part on voit notre héros exécuter un nouveau contrat sans poser de questions alors qu’il assiste dans la vallée jouxtant son repaire à l’étrange manège de ce qui ressemble fort à un trafic de migrants… Résumé à deux personnages (le tueur et sa commanditaire), l’album nous laisse ainsi passif, presque déprimé, en ne voyant aucun réel soubresaut, aucune tension autre que de savoir quel outil le personnage va choisir pour exécuter sa tache. L’arrivée de deux enfants nous fait même craindre de tomber dans une sensiblerie décalée par rapport au ton du personnage depuis l’origine. Le passage aux Affaires d’Etat aurait permis justement de s’engouffrer dans les arcanes des opérations illégales des services de renseignement et politiser un peu la machine, au risque de briser le style de la série. C’était un risque que les auteurs ne semblent pas totalement avoir assumé. Dommage.
Alors que le grand David Fincher adapte la série cette année sur Netflix, on craint que les auteurs n’aient pas su s’arrêter sur un titre qui vend bien. Éternel sujet d’auteurs ayant du métier et sachant proposer une lecture agréable sur des séries infinies sans motif réel à réinventer leur concept, je crains que l’assassin-philosophe n’ait fini par devenir un Mème du neuvième art.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/06/12/le-tueur-affaires-detat-4/
Un album assez bouleversant. Le tueur est toujours aussi froid dans sa méthode et ne s'occupe pas de la "vie autour de lui", mais là... Ne va-t-il pas faire une entorse à son règlement et s'occuper d'affaires qui ne font pas partie de son contrat ?
Notre Denis désabusé est en proie à quelques charivaris intérieurs, rien n'est simple, tout se complique (SEMPE), de nouveaux évènements viennent rompre sa tranquillité d'esprit.
Voilà de quoi donner un nouveau souffle à cette série passionnante, "la mouche dans le lait", le pavé dans la mare étale.
Jubilatoire.
Les réflexions personnelles du tueur valent vraiment leur pesant d'or. En effet, il dit tout haut ce que beaucoup pense tout bas. Cela fait froid dans le dos car ce type de raisonnement peut mener très loin. En même temps, c'est un regard assez désabusé sur notre monde. Il ne sert à rien de nier l'évidence et de se bercer d'illusions, de ne pas voir le monde tel qu'il est.
Pour le reste, on va commencer un nouveau cycle où il est question d'abattre des cibles qui ont visiblement un lien ce qui rendra la tâche plus ardu pour notre tueur préféré. Visiblement, il y a des affaires trop sensible pour le public si elle devait passer devant les tribunaux. On préfère alors une justice un peu plus expéditive et dans la plus totale discrétion.
Et puis, il y a également une seconde intrigue liée à la traite de clandestins dans une maison isolée dans les Alpes. Le tueur va aider deux enfants orphelins en détresse ce qui ne lui ressemble pas vraiment car il s'agit d'une faiblesse le rendant vulnérable.
Visiblement, le niveau change un peu car il s'agit de tuer pour la raison d'état ce qui légitime un peu son action mortifère. C'est évidemment toujours aussi passionnant. Moi, j'aime beaucoup cette série et depuis le début. Elle s'est d'ailleurs bonifiée avec l'âge.