Le trône d'Argile
5. La Pucelle
Une BD de France Richemond et Theo chez Delcourt - 2012
05/2012 (23 mai 2012) 62 pages 9782756019901 Grand format 160946
1424. L'étau se resserre sur le royaume de France. De l'intérieur, les ambitieux complotent. De l'extérieur, les Anglais semblent invincibles et risquent d'annexer définitivement le pays. Le souverain, le jeune Charles, est au bord du renoncement. Il faut prendre l'initiative. C'est le moment que choisit sa protectrice, Yolande d'Anjou, pour abattre sa dernière carte : une petite paysanne de Lorraine...
Ce qu'il faut souligner avec ce 5ème album du trône d'argile c'est la qualité du dessin. En le comparant avec le tome 1, on voit une progression assez phénoménale. Théo devient un dessinateur vraiment incontournable et chacune des BD auxquelles il participe est un délice.
Quant à l'histoire, sur fond de guerre de cent ans, elle continue à nous maintenir en haleine. L'idée de la manipulation de Jeanne pour lui faire apparaître des saints et saintes qui n'en sont pas est très originale et certainement plus vraisemblable que la réalité. Nous voilà donc avec notre illuminée à la recherche de nobles agréments pour partir "sauver" le dauphin et le royaume de France.
Le seul regret et cela depuis le premier album c'est certainement l'afflux de texte qui ne correspond pas à l'idée que je me fais de la bande dessinée. C'est un avis très personnel, mais le dessin devrait raconter et se substituer au texte dont la présence ne devrait que le servir. Les pages 31, 35, 40 et 54 sont de bons exemples de ce qu'il ne faudrait pas faire. Ensuite, l'histoire avec un grand H ne peut sans doute se contenter de cela et c'est sans doute la grande difficulté à laquelle sont confrontés les auteurs.
D'emblée, la première page de l'album en met plein la vue avec cet arbre immense qui élance ses branches dans le ciel : le dessin est impeccable, comme d'habitude. Au niveau de l'histoire, c'est toujours très documenté et sourcé : on apprend des choses intéressantes, comme la tentative de raid des Orléanais sur les renforts anglais ou l'assassinat involontaire de Salisbury. Pas pour rien qu'un badge d'Historia reconnaissant la qualité de l'album est accolé sur la couverture. Par contre, la manipulation de Jeanne d'Arc par des déguisements de moines en saints laisse à désirer ; ça gâche un peu l'histoire religieuse de notre pays, même s'il y a de l'originalité dans l'idée. De plus, on a parfois l'impression que la trame narrative traîne en longueur, même s'il y a beaucoup de rebondissements : le roi est toujours en train de douter tandis que l'armée française continue à cumuler les défaites et ça en devient lassant. En bref, un album toujours aussi soigné et dont l'ouverture sur Jeanne d'Arc laisse heureusement prévoir un changement qui cassera le rythme habituel de la série.
Toute la complexité des rapports entre les duchés éclate dans ce cinquième tome. La clarté du récit qui faisait la force des albums précèdent est ici beaucoup moins évidente, c'est toujours magnifiquement illustré mais plus bavard. Les auteurs proposent une vision de la "création de l'icône" Jeanne d'arc et de ses apparitions qui me laisse assez perplexe.
Une petite déception pour cet album, mais sur l'ensemble c'est une très belle série.