Travis
13. Serpent à plumes
Une BD de
Fred Duval
et
Christophe Quet
chez Delcourt
- 2018
Duval, Fred
(Scénario)
Quet, Christophe
(Dessin)
Schelle, Pierre
(Couleurs)
Quet, Christophe
(Couverture)
Siner, Nicolas
(Couverture)
09/2018 (05 septembre 2018) 46 pages 9782413000211 Grand format 340724
Guidés par Pacman, bien à l'abri dans une pièce sécurisée, Travis, Vlad et Salina recherchent des traces d'une IA dans un bunker au milieu de la jungle. Cernés par une armée de cyborgs tueurs, ils sont tributaires des talents de hacker de leur acolyte pour sortir vivants de cet enfer de béton. C'est sans compter sur Tarentula qui ne compte pas les laisser s'échapper.
La série Travis a déjà vingt ans et clôture avec Serpent à plumes le quatrième arc narratif de la série, après les Cyberneurs (tomes 1 à 5), Le Hameau des Chênes (tomes 6 à 7) et le cycle de l’eau (8 à 10). A savoir que chaque cycle est disponible dans une intégrale, bonne formule pour apprécier la série et que tout les éditeurs devraient proposer généralement. La couverture est réalisée depuis le tome 11 par un autre que Christophe Quet, ce que je trouve dommage car ce dernier a produit dans la série de très belles couvertures et que cela trompe toujours un peu le lecteur, même si l’illustration de Nicolas Siner (que j’aimerais retrouver comme illustrateur sur une série BD…) est magnifique.
Enfermés dans un bunker de l’UNESCO où se trouve la preuve de la collusion entre une IA et les cartels de la drogue, Travis et ses compagnons vont devoir échapper à la horde de robots tueurs qui les encerclent en même temps qu)aux redoutables tueurs à gage envoyés à leurs trousses. Pendant ce temps Pacman et son puissant employeur discutent avec le Président des Etats-Unis de la réalité de la menace des cartels sur les intérêts des multinationales au Mexique… Business as usual!
Fred Duval est l’un de mes scénaristes préférés car il a su, discrètement mais avec constance, construire un univers cohérent de SF d’anticipation aux enjeux à la fois techniques et hautement politiques, de la bonne SF qui parle au futur des problèmes d’aujourd’hui. Non content d’être un très bon metteur en scène (déjà sur le cultissime duo Adios Palomita / 500 fusils avec le comparse Vatine). Si ses séries reprennent souvent les mêmes thèmes (y compris sur le récent et réussi Renaissance), l’univers partagé de Travis/Carmen MacCallum est ce qui illustre le mieux cette volonté de réalisme dans un monde où la technologie est réaliste et où les multicontinentales et l’ultra-libéralisme a gagné…
Dans l’arc mexicain qui s’achève les auteurs, à la manière d’un Lupano, parviennent à nous rappeler la rébellion du Chiapas du sous-commandant Marcos des années 90 au sein d’une BD SF d’action à grand spectacle! C’est tout l’intérêt de l’anticipation que de permettre à la fois au dessinateur de se faire plaisir par des designs futuristes tout en parlant de l’hyperactualité, la quasi totalité des inventions scientifiques de la série provenant de techniques existantes aujourd’hui et les idées thématiques prenant leurs sources dans les problématiques actuelles. Si les méchants de ce volume peuvent sembler un peu décevants, l’intrigue techno-géopolitique est toujours aussi redoutable et pointue chez Duval, les dialogues entre Pacman et le président étant le genre de choses que l’on relit pour être certain d’avoir saisi les tenants et aboutissants. A ce titre, je vous suggère de reprendre votre lecture au début de l’arc (Les enfants de Marcos), voir carrément le cycle de l’eau pour vous remémorer les influences de l’IA Dolly sur le scénario de ces derniers tomes. C’est ce que j’aime dans cette série, cette complexité d’intrigues solides qui reprennent toujours les mêmes fondamentaux et habillées par la technologie design et l’action la plus débridée.
La petite déception viens du dessin de Quet… Rassurez-vous, il est exactement au même niveau que sur les précédents albums et maîtrise toujours parfaitement les scènes d’action rapide, très lisibles malgré les angles de caméra parfois gonflés. Mais justement, son dessin n’a que peu évolué depuis le premier Travis et j’aurais aimé une progression technique ou des expérimentations chez cet auteur que je trouvais prometteur. Certaines petites faiblesses passent en début de carrière, moins après vingt ans. Il reste que j’ai toujours un faible pour ses personnages, leurs visages, le design général de cet auteur pour lequel j’ai une petite tendresse graphique.
Serpent à plume est un bon cru dans une série dont seul l’arc du Hameau des chênes était un peu faiblard par son ampleur. Travis reste une série qui maintient une qualité très élevée au fil des ans et qui ne voit aucun essoufflement tant le scénariste parvient à tisser des liens entre ses albums et à introduire de nouveaux personnages et problématiques à suivre régulièrement. Ici se termine pour notre héros l’enfer mexicain avant de rempiler dans sa chasse aux IA et aux capitalistes affreux pour encore de longues années probablement.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/11/07/travis-13-le-serpent-a-plume/
Fin du Cycle 4 des aventures de Travis, qui représente plus pour moi, une reprise des activités ou un soft reboot, comme on dit, qu'un véritable cycle.
L'histoire ramène un Travis plus dynamique et moins alcoolique sur le devant de la scène. Il va prendre le lead sur les actions à mener et s'affirmer tout au long de cet épisode. Certainement pour être prêt à affronter un nouveau conflit dans un prochain cycle. C'est en fait, les éléments développés à la toute fin de cet épisode, faisant office de cliffhanger qui m'ont le plus intéressés.
Au final, cet album, tout comme ce 4ème cycle n'est pas marquant, en tout cas pas autant que le dernier cycle des aventures de Carmen McCallum. Je me lasse peut-être du dessin de Christophe Quet et des couleurs "shiny" de Pierre Schelle, , pourtant sympathiques...
J'attends cependant le prochain cycle avec intérêt.
Fin du cycle 4 et des aventures de Travis au Mexique.
Les meilleurs moments :
Vlad Nirky : "...c'est de ma faute, on aurait dû la laisser se faire broyer par les cyborgs ! Désolé, c'est la vie danoise, je me suis humanisé !"
De nouveau Vlad : "...on a repéré deux humains qui nous suivent à la trace... ta technologie numérique ne peut pas les détecter mais nous, on les a sentis parce que c'est notre métier de sentir ça, tu comprends ?"
=> J'adore Vlad !!
Et pour finir, une petite phrase de Pacman, parlant de Travis et Vlad : "sans moi, ces deux-là font systématiquement n'importe quoi..."