Touchées
Une BD de Quentin Zuttion chez Payot (Payot Graphic) - 2019
09/2019 (18 septembre 2019) 224 pages 9782228924481 Autre format 378340
Lucie dort un couteau à la main. La crainte l'habite, les hommes l'effraient. Tamara, elle, se bat, se débat : pour ne plus être victime, elle devient agresseur. Quant à Nicole, c'est l'isolement. Elle s'efface, disparaît pour ne plus être visée. Les trois ont été victimes de violences sexuelles. Pour remonter la pente, trois femmes prennent les armes. Attaquer, défendre, toucher, se faire toucher... Elles vont se reconstruire et reprendre une vie sociale grâce à un programme d'escrime thérapeutique. Un programme d'un an pour se sauver et reprendre... Lire la suite
C'est une œuvre dont l'auteur Quentin Zuttion ne nous est pas inconnu (Sous le lit et Appelez-moi Nathan). Elle s'inscrit dans le combat actuel des femmes qui s'insurgent contre les violences sexuelles faites par des hommes; que cela soit des hommes célèbres (chanteur de rock, réalisateur, producteur hollywoodien...) ou pas.
Nous avons trois femmes (Lucie, Tamara et Nicole) avec trois histoires différentes qui s'inscrivent à un cours d'escrime pas comme les autres. Il s'agit d'une véritable thérapie pour ces femmes meurtries dans leur chair par des êtres ignobles. Cela sera sans compter sur un entourage pas toujours compréhensif avec leurs lourds silences ou leurs reproches incessants. Elles ont été violentées, au point de sombrer même des années plus tard. C'est un difficile travail de reconstruction qui s'opère.
On apprendra par exemple au détour d'une terrasse de café que les vieux beaux qui sont présents toujours au bon moment, c'est la pire race. Elles ont été touchées mais elles se relèveront pour être courageuses, fortes, tout en retrouvant un peu de légèreté.
Le dessin, tout comme le récit pas facile, est assez intimiste. L'auteur a su trouver les bonnes postures et les expressions, à commencer par un graphisme tout en nuance et en couleur. Le ton est également très juste. On pourra regretter ou peut-être apprécier l'absence de scènes violentes pour décrire ce qui s'est réellement passé, car c'est seulement suggéré. Cela donne une certaine puissance au scénario qui fait encore une fois dans la singularité.
En tous les cas, j'apprécie toujours les personnes cabossées qui se relèvent de situations fort difficiles.