Tintin (Les Archives - Atlas 2010)
9. On a marché sur la Lune
Une BD de Hergé chez Éditions Moulinsart - 2011
01/2011 120 pages 9782874242212 Format normal 128232
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"On a marché sur la Lune" est sans doute l'un des Tintin les plus unanimement aimés à travers le monde. Et le relire en 2017 permet de confirmer le niveau de maîtrise graphique et narrative auxquels sont parvenus Hergé et son "Studio", mais surtout de retrouver un vieux plaisir, enfantin mais pas que... : rempli de péripéties tour à tour hilarantes et angoissantes, certaines joliment "visionnaires" (la dérive de Haddock dans l'espace qui reste une sorte de mètre-étalon des scènes de ce genre au cinéma), d'autres gentiment farfelues (la glace sous la surface de la lune, extrapolation hardie de Hergé), "On a marché sur la Lune" garantit notre content de sensations fortes, sans doute au delà de ce que les albums précédents nous ont offert. Je sais bien que les gens "sérieux" ont relevé pas mal de points techniquement erronés, voire d'aberrations (l'absence de soleil, les instruments d'observation inutiles, l'usage du lasso dans le vide, etc.), mais honnêtement, cela a-t-il jamais posé un problème à un quelconque lecteur ? Je préfère quant à moi me pencher sur le duo mal assorti de "méchants", le nazi implacable et le traître rongé par la culpabilité et par la honte, qui introduisent un niveau d'ambiguïté et une absence de manichéisme inédits dans l'oeuvre d'Hergé. On verra d'ailleurs l'un mourir d'une balle sous nos yeux et l'autre se suicider, c'est dire combien Hergé décide ici de reconnaître le passage à l'âge adulte de sa création. Les larmes du Capitaine Haddock témoignent alors d'une émotion nouvelle, une humanité qui va s'épanouir dans la dernière partie de l'oeuvre d'Hergé. Avec son final magnifique au cours duquel la mort des héros semble vraiment possible, "On a Marché sur la Lune" nous a marqués durablement, et continue de nous enchanter plus de 60 ans plus tard, alors que plus personne ne marche encore sur la Lune.
PS : A noter quand même un point sur lequel Hergé a manqué d'intuition, celui de la médiatisation d'un tel événement, qu'il a complètement ignoré, préférant jouer la carte du "secret militaire", caractéristique de ces années de Guerre Froide.