Tintin (Les Archives - Atlas 2010)
8. Objectif Lune
Une BD de
Hergé
chez Éditions Moulinsart
- 2011
Hergé
(Scénario)
Hergé
(Dessin)
<Quadrichromie>
(Couleurs)
Mellot, Philippe
(Autres)
Goddin, Philippe
(Autres)
Embs, Jean-Marie
(Autres)
01/2011 120 pages 9782874242205 Format normal 125616
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Tome 1 -
Tome 2 -
Tome 3 -
Tome 4 -
Tome 5 -
Tome 6 -
Tome 7 -
Tome 8 -
Tome 9 -
Tome 10 -
Tome 11 -
Tome 12 -
Tome 13 -
Tome 14 -
Tome 15 -
Tome 16 -
Tome 17 -
Tome 18 -
Tome 19 -
Tome 20 -
Tome 21 -
Tome 22 -
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Tome 32 -
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Tome 38 -
Tome 39 -
Tome 40 -
Tome 41 -
Tome 42 -
Tome 43 -
Tome 44 -
La relecture systématique des "Aventures de Tintin" réserve finalement plus de surprises que ce à quoi on pourrait s'attendre, si l'on songe qu'on en est bien à la trentième lecture depuis nos 13 ans ! Dans le cas de cet "Objectif Lune", album "monstrueux" au sein de l’œuvre d'Hergé pour sa portée emblématique, grâce principalement à l’intuition géniale que fut la création de la fusée à damier rouge et blanc, le choc vient du sentiment de rupture complète avec les albums précédents. C'est que "Objectif Lune", fruit du travail des nouvellement créés "Studio Hergé" plutôt que d'un artiste, désormais hanté par des crises dépressives de plus en plus profondes, atteint une perfection presque impensable, tant graphiquement que narrativement. Pensez simplement à cette pleine page qui dévoile la fusée et le site de lancement - a priori due au talent du jeune Bob de Moor -, soit l'un des grands moments d'émotion dans la vie de toute lecteur de BD. Ou encore relisez ces pages extraordinaires, véritable apogée de l'album, narrant la furie absurde d'un Tournesol traité de "zouave", puis son amnésie et le "traitement" offert par le Capitaine Haddock, et dites-moi s'il y a la moindre manière d'améliorer le rythme, la fluidité, l'imagination du récit. Le "problème" est évidemment que ce "nouveau Tintin", à la perfection qu'on a le droit de trouver froide, naît sur les décombres d'un Tintin antérieur, qui nous était devenu tellement cher, et qui ne réapparaitra plus jamais. L'humanité est désormais totalement déléguée au Capitaine Haddock, représentation parfaite d'un lecteur un peu perdu au milieu de cette démonstration technique, faisant écho à la description quelque peu formaliste des avancées de la science au début des années 50 : de l'uranium comme combustible atomique au guidage des fusées, tout passionne Hergé, et du coup, le souffle du romanesque est étouffé par le souci de la vraisemblance descriptive : de la même manière que le joyeux farfelu qu'était le Professeur Tournesol est devenu - inexplicablement - un savant mondialement reconnu, Tintin adopte ici un sérieux assez redoutable (... et une balle dans la tête pour Tintin !). Heureusement, cette introduction à l'ahurissant "On a Marché sur la Lune" se termine sur un suspense particulièrement bien construit, soit un mécanisme lui aussi inédit chez Hergé, qui conforte notre sentiment que, avec "Objectif Lune", Tintin est définitivement devenu "autre chose".