Tintin (Les Archives - Atlas 2010)
6. Le Trésor de Rackham le Rouge
Une BD de Hergé chez Éditions Moulinsart - 2010
07/2010 9782874242182 Format normal 122948
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Tome 20 -
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Tome 39 -
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Tome 41 -
Tome 42 -
Tome 43 -
Tome 44 -
Oh, qu'il est bizarre, ce "Trésor de Rackham le Rouge" ! Le premier Tintin sans aucun méchant, sans course poursuite, sans en fait tout ce qui faisait l'essence de l’œuvre de Hergé jusque là. On pourra justifier ce pas de côté, un peu déstabilisant pour le fidèle lecteur, par l'ambiance anxiogène de l'époque (les Allemands enregistraient leurs premières défaites et l'occupation se crispait ; Hergé lui-même avait trop facilement travaillé dans des journaux de "collabos" pour ne pas craindre pour son avenir...), ou bien au contraire, positivement, par une formidable intuition, qui allait révolutionner "les Aventures de Tintin" : Tintin n'allait plus être seul, il se formerait autour de lui une "famille recomposée", et il aurait même une "maison", ce mini-Cheverny du Plat Pays appelé le Château de Moulinsart. Et tout serait différent, pour toujours. L'apparition sublime du Professeur Tournesol, grand sujet du "Trésor de Rackham le Rouge", la cristallisation géniale du langage du Capitaine Haddock dont l'alcoolisme deviendrait un tantinet moins gênant, la transformation des Dupondt en side kicks burlesques, tout cela relevait du pur génie, on s'en rendrait compte dans les albums suivants. Ici, on rit beaucoup (pour oublier la guerre et le malheur ?), comme on riait chez Chaplin : on rit des chutes, des gaffes, des maladresses, comme dans un retour inespéré de la magie du cinéma muet au sein de l'Art de la BD. Oui, "le Trésor de Rackham le Rouge" est un livre qui distrait, non, qui rend heureux. Qui donne aussi envie de plonger, d'explorer la mer, de se battre contre des requins à coup de bouteilles de rhum. D'ailleurs, quand j'ai été "grand", le premier sport qu'il m'est venu à l'esprit de faire de moi-même fut la plongée sous-marine... comme quoi ! Tiens, ce Tintin-là me fait penser au merveilleux film de Wes Anderson, "la Vie Aquatique" : même équipe de bras cassés, qui peuvent quand même devenir efficaces par miracle, même quête inutile qui ne mènera à rien, sinon à la construction d'une famille. Et même conclusion "merveilleuse", la récompense de toute cette souffrance étant la certitude qu'on a gagné un chez soi. Oui, Wes Anderson a lu Tintin, et je crois bien qu'il l'a mieux compris que l'ami Spielberg !