Ténébreuse
2. Livre second
Une BD de Hubert et Vincent Mallié chez Dupuis (Aire Libre) - 2022
09/2022 (02 septembre 2022) 72 pages 9791034759644 Grand format 452096
Islen, usant des terribles pouvoirs de sa mère, a déchaîné ses animaux contre son Roi de père. Échappée du château de ce dernier en compagnie d'Arzhur le chevalier déchu, elle apprend à mieux connaître cet homme qui, comme elle, cherche à échapper au poids de son hérédité... La fuite de ces âmes blessées sera-t-elle un havre de bonheur permettant à la jeune fille de ne pas assumer le destin laissé en héritage par sa mère aussi puissante que toxique ? Les trois vieilles, dangereuses harpies qui la surveillent dans l'ombre, ne perdront pas une miette... Lire la suite
Ce dernier opus de Ténébreuse, de Vincent MALLIE et HUBERT est une réussite remarquable.
Le premier tome m'avait déjà charmé, mais ce deuxième confirme mon coup de cœur.
Le premier est incroyablement captivant, alors que le second est incroyablement éblouissant et surprenant!
Même si c'est une aventure fantaisie, on est loin d'un simple scénario banal impliquant une belle princesse et un beau chevalier.
Ce récit aborde divers sujets de notre société : le pouvoir, le féminisme, la différence, la jalousie... Avec une histoire bien structurée du début jusqu'à la fin.
Le final dépasse mes attentes et m'a littéralement captivé. Je n'aurais jamais imaginé cette direction.
Du point de vue du graphisme, les dessins sont vraiment superbes. Il ne faut pas se laisser tromper par la couverture qui est très épurée et simple.
Une véritable bande dessinée coup cœur
Ténébreuse est dans la lignée directe des bandes dessinées des années 80/90, Quête de l'oiseau du temps ou Complainte des landes perdues. On peut le prendre comme un hommage ou un essai "modernisé" (le végétarisme et l'anti spécisme de Islen) et l'ensemble fonctionne bien. Il ne faut pas en attendre autre chose, car il reste finalement très classique (et quand même moins poétique que Loisel). Lecture sympathique mais qui ne restera pas gravée dans ma mémoire.
Magnifique est le mot qui me vient pour cet opus qui m'a tenu en haleine tant il est bien du niveau du premier!
Cette seconde partie confirme mon bon ressenti du tome 1 et comble entièrement mes attentes.
L’Heroic fantasy étant depuis toujours un de mes genres préférés, j’ai trouvé en "Ténébreuse" une histoire magnifique, puissante et tragique et je l’ajoute sans hésiter à la longue liste de mes ouvrages de référence.
J’ai pu lire ici ou là que ce serait mièvre... Ce n’est aucunement le cas. Et je plains ceux dont le regard ne porte pas plus loin. On n’est évidemment pas dans une de ces fresques peuplées de monstres cornus, magiciens, elfes et champs de batailles sanguinolents. Le registre d’Hubert est beaucoup plus intimiste, plus humain. Et infiniment plus subtil. Oui, "Ténébreuse" est à sa façon une histoire d’amour. Dramatique, impie, fatidique mais néanmoins d’une certaine pureté. Et Vincent Mallié l’illustre à merveille.
Je n’ai pas forcément envie d’argumenter à n’en plus finir et de détailler tout ce qui m’a semblé bon dans ces deux albums ; c’est une question de goût. Tout ce qu’il faut savoir c’est qu’il s’agit d’un conte autant que d’une aventure. Acceptons-le en tant que tel sans y chercher de souffle épique ou de lyrisme grandiloquent. Un conte sombre et désenchanté, rédempteur voire libérateur, une parabole riche d’enseignement, de sagesse et de beauté.
Si le premier tome m'avait séduit avec ses codes du médiéval fantasy, cette seconde partie qui clos ce conte m'a littéralement scotché. Au début, c'est léger et enchanteur mais cela vire vers un récit presque apocalyptique avec une certaine noirceur.
Mais quelle fin absolument puissante et magnifique ! Il est vrai que cela devient une histoire d'amour qui sort des sentiers battus entre une princesse monstre capable des pires destructions et un chevalier déchu en proie au déshonneur.
Il faudra tout le courage d'Arzhur pour démontrer qu'on peut sortir quelque chose de bon dans ce qui est perçu comme mauvais. Il faut dire qu'une puissante entité a prit possession du corps de sa douce aimée. Il s'agit de lutter contre ses démons intérieurs pour retrouver la liberté de choix et celle d'aimer malgré tout.
Ce titre est bien plus qu'une ode à la rédemption. Il est vrai que sa conclusion est totalement bouleversante à l'image de la mort brutal du scénariste Hubert qui délivre là une œuvre testament. Comment peut-on défier la mort ? C'est une question qui reste en suspend.
Le dessin de Mallié avec son trait précis et dynamique parvient à sublimer ce récit à des niveaux rarement atteint. Le plaisir de lecture est décuplé grâce à cette maîtrise du graphisme qui restitue une ambiance de magie noire. Certes, c'est sombre mais c'est beau. On ne peut s'empêcher de penser à la quête de l'oiseau du temps mais en version plus moderne.
C'est un diptyque que je recommande chaudement. Je qualifie cette BD de surprenante. Attention, elle peut devenir culte.