Tatanka (Callède/Séjourné)
5. Cobayes
Une BD de Joël Callède et Gaël Séjourné chez Delcourt (Machination) - 2009
02/2009 (18 février 2009) 54 pages 9782756013947 Grand format 83668
Les membres du groupe "Tatanka" ont été placés en quarantaine. Peu après, des tests confirment la rémission totale de l'un d'entre eux. À partir des données collectées sur ce "miraculé de Tatanka", l'armée travaille les potentialités infinies qui s'offrent désormais à la recherche scientifique. Encore faut-il avancer pas à pas, avec humilité, face à une réalité qui les dépasse !
Eh bien apparemment je suis le seul à ne pas avoir apprécié cette série, pot-pourri d'Alien, la Planète des Singes, The Thing et de tous les nanars de science-fiction américaine des années 50. Le fait que la moitié des planches soient consacrées à du baratin de bistrot entre les membres d'une secte écolo n'arrange en rien le score.
'Tatanka' nous relate le combat militant de l'association du même nom pour la défense et la protection des animaux, même si cela implique des actions violentes et illégales. A la suite d'une opération qui tourne mal au sein d'une animalerie, certains membres vont se retrouver mêlés à une affaire bien plus épineuse impliquant l'Armée américaine, le FBI, des épidémiologistes du CDC, des journalistes, des 'Rednecks', des SDF… et des animaux un peu enragés sur les bords.
Je ne tarirai pas d'éloge à l'égard de cette série tant le travail fourni est d'excellente facture. Le dessin de Séjourné est impeccable et nous immerge bien dans cette histoire de virus avec des cases parfois bien crades sur des patients atteints ou sur l'entité (je déconseille la lecture avant de manger). Certaines cases sont de toute beauté et il y a un très bon jeu sur les regards des protagonistes ou animaux; parfois de très belles compositions (par exemple, Kim en train de s'automutiler et une affiche placardée au-dessus avec écrit "Help"). Le cadrage est bien fait et j'ai noté deux-trois séquences bien amenées émotionnellement (le vétérinaire qui termine d'achever le chien ou sa longue agonie à l'hôpital).
Le scénario est un quasi-sans faute: le récit est mené avec efficacité malgré la multiplicité des personnages en mode récit choral par moment. J'ai enchaîné les pages avec curiosité afin de connaître la suite jusqu'à cette fin assez particulière.
La force de Callède aura été de débuter son récit par une banale histoire de méchant virus avant de basculer dans l'anticipation pour finir sur une conclusion d'aucuns diront inattendue et peut-être décevante. Pour ma part, cela me paraît raccord avec le changement opéré et le parcours de chaque personnage.
En revanche, j'ai été plus mitigé par une voire deux facilités scénaristiques (Kim qui saute d'un toit avant de tomber sur Brian et qui finissent par rencontrer Geena au détour d'une ruelle en quatre cases).
Thématiquement parlant, cette œuvre est d'une richesse appréciable. Entre la critique des institutions, des conditions de détention animalières, les manipulations de l'Armée, les manipulations de l'information/désinformation, l'euthanasie, l'homophobie et surtout les actions menées par certaines associations écologistes pro-animales. A une époque où l'écoterrorisme et l'écofascisme sont devenus une norme chez certains/certaines, cette série entend condamner ces actions violentes et autres idéologies extrémistes avec fermeté, c'est notamment le cas du personnage de Geena qui va évoluer et finir par comprendre la futilité de ses actions, revenant à un discours plus nuancé. Et oui, le discours est équilibré et non-manichéen, même s'il y a quelques gros sabots par moment (le coup des 'Rednecks' homophobes dans le bar avec Brian).
Au final, une excellente série ni trop longue ni trop courte, glauque par moment, doté d'un bon rythme et de bons personnages.
Fin de la série.
Personnellement je suis un peu resté sur ma faim, trop de questions en suspens; A moins que n'apparaisse une saison 2.
Excellents dessins.
Une série à découvrir néanmoins.
7/10.
Magnifique! Je viens de terminer de lire les 5 tomes a la suite.
C'est génial!
L'histoire est passionnante, elle est super bien menée, on y croit jusqu'au bout, la fin est bien ficelé, contrairement a certaine Bd, que je ne citerais pas ici.
Pour ne rien gâcher, le dessin est très bon.
Je ne peux donc que conseiller a tous les amateurs de très bonnes Bd de sauter sur cette série. VOUS NE SEREZ PAS DÉÇU.
Quelle gifle j’ai reçue en lisant ce dernier tome qui nous propose en prime 8 planches de plus (54) que les précédents. Certains le trouvent trop bavard mais je ne déteste rien de plus que les auteurs qui laissent le soin aux lecteurs de s’imaginer leur propre fin, ou pire, qui la bâclent comme celle du Complexe du Chimpanzé avec sa théorie à 2 balles !
J’aime par contre qu’on me prenne par la main comme Joël Callède qui prend le temps de bien nous développer son scénario d’une façon si cohérente qu’il en devient crédible malgré l’énormité de la situation !
J’ai également apprécié le parti pris chronologique entrecoupé de flashbacks qui donne du rythme … même s’il faut être concentré comme au bas de la page 32 pour ne pas perdre le fil !
J’aime cette tension qui monte au fur et à mesure que je tourne les pages qui me rapprochent de la fin … surtout quand elle est aussi réussie !
Callède, dont j’appréciais la bibliographie m’a encore scotché avec cette série à l’instar de celles de Luc Brunschwig le maître du genre.
Quant à Gaël Séjourné, son style fluide illustre magnifiquement ce thriller dont j’ai admiré particulièrement les pages 16 et 17 sans compter les frissons des 3 dernières !
Merci à eux ainsi qu’au coloriste Jean verney pour avoir embelli ce bijou !