Sutures
Une BD de David Small chez Delcourt (Contrebande) - 2010
01/2010 (06 janvier 2010) 9782756021041 Autre format 101001
Les années 50. David a dix ans. Pour soigner un kyste au cou, son père, médecin, prescrit à son fils des séances intensives de radiographie. Quelques années plus tard, le garçon se réveille d'une intervention bénigne à la gorge totalement muet. Le kyste de David était devenu un cancer. Entre non-dit coupable, frustration et totale inconséquence, David découvre ses parents sous un autre jour.
Un récit cathartique
David Small dans ce superbe roman graphique en noir et blanc a su traduire manque d'amour, solitude et silence.
Comme l'indique son titre, Sutures est le récit d'une plaie douloureuse - une enfance en manque d'amour et d'attention - refermée mais laissant des traces.
Son auteur, illustrateur pour le New Yorker, le New York Times, le Washington Post, Esquire et Playboy, auteur et illustrateur de livres pour enfants, a publié à 67 ans cette autobiographie dans laquelle il raconte son enfance dans l'Amérique étouffante des années 50.
Une mère aigrie, un père lointain, un grand frère moqueur, une grand-mère sadique... Et pourtant, le récit de David Small ne se fait pas accusateur. Subtil et émouvant, Small met en scène la tension psychologique qui l'entourait. Il pose un regard d'adulte sur son histoire, cherchant à comprendre la solitude de son enfance. Il y a même une forme de compréhension pour ses parents qui l'ont peu, mal ou pas aimé. Ainsi, lors de l'émouvante scène où son père parvient enfin à lui avouer la vérité après s'être tu pendant des années : c'est de sa faute s'il a développé un cancer.
Par ailleurs, comme le narrateur est pour un certain temps totalement muet, il doit passer par les dessins pour s'exprimer et se faire comprendre. De ce fait, la communication passe par les bruits et les expressions des visages des personnages, de leurs yeux en particulier.
Le dessin, sobre, puissant, enlevé, est une alternance de petits crayonnés, de pleines pages à l’aquarelle dans des teintes gris/noir, des visuels aux découpes variées faisant évoluer les personnages. La mise en scène est fluide, avec un sens du rythme remarquable, en particulier dans les planches sans paroles. La différence de taille des cases accentue les émotions et le tout crée un récit très cinématographique.