Spirou et Fantasio par... (Une aventure de) / Le Spirou de...
16. Pacific Palace
Une BD de
Christian Durieux
chez Dupuis
- 2021
Durieux, Christian
(Scénario)
Durieux, Christian
(Dessin)
Durieux, Christian
(Couleurs)
Durieux, Jack
(Autres)
01/2021 (08 janvier 2021) 78 pages 9791034732692 Grand format 411558
Pacific Palace, un hôtel paisible au bord d'un lac qui l'est tout autant. Spirou regrette déjà d'y avoir fait engager à ses côtés Fantasio, viré comme un malpropre du Moustique. Car l'ex-journaliste reconverti en groom n'a vraiment pas la vocation et ne rate pas une occasion de fâcher M. Paul, leur supérieur hiérarchique. Mais trop tard pour faire machine arrière : un véritable huis clos est décrété et l'hôtel se retrouve sans clientèle et avec un personnel réduit pour accueillir discrètement Iliex Korda, dictateur déchu du Karajan, petit pays... Lire la suite
Un bon dessin, une bonne ambiance, mais tout cela est traité en surface, sans relief. Les caractères des personnages sont à peine esquissés, alors qu'en permanence on a envie d'en savoir plus sur eux, du dictateur déchu au cuisinier de l'hôtel en passant, surtout, par la fille du méchant. Et la fin est en queue de poisson laissant un sentiment d'inachevé.
Et Spirou, redresseur de tort dans tous ses albums, traverse celui-ci comme un fantôme ethéré sans rien faire, y compris quand il se retrouve au courant 'de ce que personne ne doit savoir'.
Dommage.
Tout commence par un faux-semblant envers le lecteur. En effet, les deux personnages qui ouvrent le récit de cet album n’ont aucun rapport avec les héros Spirou et Fantasio que nous connaissons bien, si ce n’est le costume de groom d’hôtel de l’un d’eux. Il s’agit ici de deux types immatures qui se chamaillent constamment jusqu’à se taper dessus, et sont atteints chacun à leur manière (extravertie pour l’un, timide pour l’autre) d’une grande frustration sexuelle. Celle-ci s’exprimera autour de la fille du dictateur en fuite avec sa famille balkanique, et pour lequel l’hôtel est réquisitionné par l’État français.
De toute façon le personnage central du récit est Monsieur Paul, le directeur de l’hôtel. Il est complexe à souhait et se dévoile au fur-et-à-mesure du temps passé dans cet huis-clos. Il fait tout l’intérêt de l’histoire et aurait mérité le premier plan, malheureusement parasité par nos deux lurons dans des scènes inutiles. Le cuisinier de l’hôtel aurait également mérité plus de place.
Contrairement à d’autres avis, je ne critique pas la lenteur du récit. Elle est nécessaire pour installer le climat oppressant dû à la situation. Mais au-delà de la trame de départ il ne se passe pas grand-chose. On arrive vite à la fin… qui m’a laissé sur ma faim ! Il y a pourtant 79 pages ! Restent le dessin élégant, les plans d’ensemble et surtout les couleurs somptueuses de Christian Durieux. C’est bien pour cet aspect visuel que ce « Pacific Palace » vaut la peine qu’on y jette un œil.
Spirou et son acolyte Fantasio sont des grooms d'un hôtel de luxe de la Côte d'Azur qui reçoit un invité un peu spécial à savoir un tyran qui a fuit son pays de l'Est suite à de graves troubles politiques et sociétales.
Comment ne pas penser au futur du dictateur Poutine dans de pareilles conditions ? Il est vrai que la tête ressemble plutôt à un ex-dirigeant de Serbie accusé lui aussi de crimes de guerre.
La France de la diplomatie l'accueille en vertu d'accords passés mais étudie ce qu'il convient de faire devant la grogne populaire à l'extérieur du palace. Il faut dire que le petit chaudronnier à eu une fulgurante ascension en éliminant tous les éléments gênant. Il a également verrouiller le pouvoir en nommant aux plus hautes fonctions tous les membres de sa famille. Il n'a pas été tendre avec son peuple qui l'a chassé.
Bref, on a droit à un Spirou assez politisé bien que ce dernier se dit totalement neutre. Il sera malgré lui entraîner dans cette affaire où tout se jouera en huis clos dans cet hôtel particulier. Les ingrédients d'un bon récit sont là pour entraîner la curiosité de la lecture.
Le graphisme est appréciable au premier coup d’œil, dynamique et lumineux. Les décors font dans l'élégance notamment cette belle piscine bleue sous un ciel étoilé que l'on aperçoit en couverture.
J'ai bien aimé ce récit qui laisse apparaître quelques surprises notamment une fin douce-amère. Il manque juste un peu plus de sensualité à ce personnage autrefois figé. Cela commence toutefois à se déniaiser pour notre plus grand plaisir. Oui, Spirou s'intéresse également aux femmes et même à la fille d'un dictateur.
Le bémol proviendrait sans acun doute du personnage de Fantasio totalement égocentrique dans son rôle de journaliste fouineur et qui peut taper sur les nerfs.
Un one-shot de Spirou plutôt réussi car il modernise non seulement l'intrigue mais également le célèbre personnage, stéréotype du héros modèle.
Parce qu’il appartient à la maison d’édition Dupuis et non aux ayants droits de son créateur (Rob-Vel en 1938), le personnage de Spirou passe d’un dessinateur à l’autre dans sa série mère « Spirou et Fantasio » et surtout dans la collection de one-shots « le Spirou de » dont « Pacific Palace » est la 17e déclinaison. Christian Durieux qui nous avait déjà envoûtés avec « Geisha, le jeu du Shamisen » ou « Un enchantement » en est l’auteur ; une association qui a priori ne coule pas de source et pourtant ...
Dans un hôtel de luxe, au bord d’un lac alpin, Spirou regrette d’avoir fait engager à ses côtés Fantasio limogé du « Moustic » car l’ex-journaliste n’a vraiment pas la vocation de groom et multiplie les impairs, faisant enrager M. Paul le directeur de l‘établissement. Mais ce dernier est condamné à faire avec car l’hôtel a été réquisitionné et vidé de sa clientèle pour accueillir discrètement un hôte encombrant : Iliex Korda, dictateur déchu du Karajan accompagné de sa garde rapprochée, sa femme et sa fille Elena aux envoûtants yeux verts…
« Le petit théâtre de Spirou »
Durieux déclare que la Bd est souvent comparée au cinéma mais qu’il « la conçoi[t] différemment. Elle a en effet plus à voir avec le théâtre. Chaque case est une petite scène ». Or, on peut voir dans « Pacific palace » une construction et des thématiques qui l’apparentent à ce genre littéraire.
D’abord dans l’élément humoristique (ADN de la série) qui est introduit grâce au personnage de Fantasio. On rit souvent de ses impairs, de sa naïveté et même du duo qu’il forme avec Spirou et qui n’est pas sans rappeler Laurel et Hardy ; mais plus encore ce caractère virevoltant, vibrionnant, un peu pleutre aussi rappelle le valet de comédie (et donne ainsi un nouveau lustre au costume de groom) tandis que la rivalité amoureuse ou les quiproquos évoquent, eux, le vaudeville.
Spirou est ici beaucoup plus témoin et spectateur qu’habituellement ; il n’y a pas d’actions bondissantes avec un « super-groom » mais un huis clos qui se déroule sur un peu plus de trois jours et trois nuits. On a une unité de lieu, une unité d’action et un traitement du temps en trois phases qui rappelle celle du drame romantique : exposition (jour 1), le nœud (jour 2) et la catastrophe (jour 3). D’ailleurs l’auteur met des indications de date pour signaler ces trois étapes un peu comme le ferait un dramaturge avec des didascalies. Ensuite, comme l’indique la couverture réservée à l’édition limitée dans laquelle Spirou et Elena semblent interpréter la scène du balcon de « Roméo et Juliette, Durieux reprend la thématique du drame shakespearien de l’amour impossible et celle du drame hugolien de l’amour entravé par la raison d’état. Enfin, il met en scène grâce à cette composition et également à l’aide d’une mise en abyme du « jeu », les faux-semblants qui règnent dans la société et plus particulièrement sur la « scène » politique internationale …
Une fable politique
Nous voilà donc bien éloigné des aventures ludiques de Spirou ! L’album permet alors une réflexion politique à la manière des « Spirou » d’Emile Bravo. Christian Durieux portait ce projet depuis … 1993 quand les dictatures d’Europe de l’Est tombaient en cascade après la chute du Mur. Il se demandait ce que ferait la France si un dictateur avec lequel elle aurait entretenu des liens étroits s’y réfugiait une fois destitué. Mais Si c’est Ceausescu, le dictateur roumain surnommé le « Génie des Carpates » ou « le Danube de la pensée » qui a servi de modèle à Durieux pour Korda, l’auteur ne dote pas son personnage de la destinée du sanglant dirigeant qui finit devant un peloton d’exécution en compagnie de sa femme. Non, il lui donne plutôt celle de « Bébé doc », Jean-Claude Duvalier, tyran haïtien, qui fut accueilli en France, tiens tiens, dans un palace au bord du lac d’Annecy en 1986. Durieux fait donc de son album une fable politique sur les compromissions du pouvoir et cet aspect caustique ne s’applique pas qu’à la seule figure du potentat déchu…
Tout cela est subtilement amené. Le décor devient ainsi personnage à part entière ; l’auteur en soigne les détails en s’inspirant de lieux réels ce qui nous donne des clés de lecture. Son bijou architectural Art déco est ainsi un mix du Crillon et du Métropole tandis que la piscine est empruntée au Résidence Palace. Ce n’est sans doute pas un hasard que ces deux derniers établissements soient un fleuron de l’hôtellerie de Bruxelles … capitale européenne ! Le lieu fonctionne alors comme une métonymie mais aussi comme une métaphore : ses couloirs, et ses pièces vides et les jardins déserts contribuent à créer une atmosphère oppressante de fin de règne. Ceci est amplifié par le déchaînement météorologique.
« Un enchantement »
Le dessinateur ne cherche nullement à se départir de sa patte originale pour coller au style de la série. On reconnaît les personnages de l’œuvre, Spirou, Fantasio et Seccotine mais loin de faire du « Marcinelle », il est beaucoup plus dans l’esprit ligne claire. Il dessine des personnages à la Hergé avec des points à la place des yeux et des sourcils à géométrie variable mais ceux-ci sont toujours très expressifs. On a comme une quintessence de tous les styles différents de Durieux dans cet album. Les personnages sont parfois réalistes, parfois ronds ou élastiques. Ils peuvent même être cartoonesques et sauter à la manière d’un personnage de Tex Avery !
Et puis bien sûr il y a ses couleurs qui sautent aux yeux. Le dessinateur n’a pas son pareil pour créer des ambiances différentes grâce à ses couleurs directes. Le livre s’ouvre sur une ambiance bleue qui annonce la scène centrale (et inoubliable) de la piscine, puis des camaïeux d’ocre et d’orangé qui créent une ambiance feutrée pour le palace et ses jardins et enfin se clôt sur le jaune-vert de la tempête. Tout cela est mis en valeur par des cadrages variés et un découpage ciselé. L’auteur joue des cases, s’en affranchit parfois, crée des médaillons qui sont autant de tête de chapitres, multiplie les vignettes strips, les cases verticales et les grandes vignettes; il joue en virtuose de la page et variant ainsi le rythme du récit surprend sans cesse le lecteur.
Christian Durieux signe un « Spirou » extrêmement personnel, un récit bien plus adulte qui permet de drainer un nouveau lectorat (dont moi !). A la lecture de la fin alternative qu’il fit paraitre dans le premier numéro de l’année du journal, on mesure la différence de tonalité avec les productions habituelles. Cet épilogue inédit est bien davantage dans la « ligne du parti » : joyeux, optimiste, léger, digne d’une comédie sentimentale à la Capra. Dans « Pacific Palace », le ton est nettement plus désabusé, à la Renoir … Au début de l’album, Durieux dresse la playlist des chansons qu’il a écoutées lors de la composition de « Pacific Palace » dont les titres du groupe Cocoon de Marc Daumail . Je me permettrai, à mon tour, de vous donner des conseils de morceaux à écouter pour décupler votre plaisir de lecture : « Sweet Lena » et « Blue Night » composés spécialement par Cocoon. Vous y retrouverez des bribes de dialogues et la délicieuse petite musique mélancolique de « Pacific Palace ». L’ensemble vous trottera longtemps dans la tête.
L'opus étant tentant, ambiance feutrée et pastel, reprise de l'univers spirou par Durieux, un scenario qui semblait mêler enquête, amour et politique...
L'auteur pose donc un cadre / des fondations intéressantes mais n'en fait finalement pas grand chose et on reste un peu sur sa faim. Les personnages ne cohabitent pas bien, les pistes de scénario ne sont pas assez creusées, le huis clos est un peu répétitif, ça manque d'action et le dénouement tombe un peu du ciel (sans être extrêmement clair).
Plutôt déçu, car les reprises de héros par de nouveaux auteurs pour des albums isolés (Blueberry de Blain / Lucky Luke de Bonhome / Valerian de Larcenet/...) peuvent offrir des résultats étonnants qui fonctionnent bien mais là, pour moi, ça n'apporte rien.
Tout me plait dans cette histoire, mais pas avec ces personnages ! Curieusement le fait de retrouver ici Spirou et Fantasio me gène : renvoyez-les dans une aventures Palombienne, ou dans une poursuite en Fantacoptère ! Bref, un bon moment de lecture si vous n'êtes pas trop attachés aux S&F originaux, ce qui n'est pas mon cas :)
Mouais, bon, j’ai pas super accroché.
Un brin d’aventure qu’on étale sur tout l’album, un Fantasio insupportable, un Spirou qui regarde tout mais agit peu…
Ajoutons à ça un dessin rigide qui marche avec l’ambiance mais qui ne m’a pas plu outre mesure…
Du coup, je me suis ennuyé.
Une réussite. Bravo a Christian Durieux pour cet album totalement cohérent; dessin délicat, atmosphère dense et scénario lègerement mystérieux. Un Spirou très personnel d‘une beauté hors du commun.
Un coup de maître de Christian Durieux avec ce Spirou et Fantasio totalement revisité dans un scénario très original et un huis clos angoissant.
Le dessin et les couleurs en clair obscure participent à une ambiance envoûtante autour de la mystérieuse Elena.
La couverture est magnifique. On referme cet album avec admiration !