Sous le pavillon du Tsar
1. Sous le pavillon du Tsar
Une BD de Dimitri chez Glénat (Caractère) - 1995
04/1995 48 pages 2723418863 Grand format 8549
Le Tsar Nicolas II envoie toute une escadre pour défendre Port-Arthur, une possession russe attaquée par les Japonais. Mais la flotte est vétuste, et devra franchir des milles et des milles de mer, partant de la Sibérie pour contourner l'Afrique et toucher, enfin, les environs Japon. Entre les conversations des membres de l'équipage, et tous les détails de la vie quotidienne à bord (mutineries, harassant chargement du charbon à dos d'homme,...), l'escadre russe arrive à son but... et s'y casse dérisoirement le nez contre les navires japonais.
Sous le pavillon du Tsar nous entraîne dans une bataille navale opposant les forces russes aux japonais qui venaient de leur infliger une cuisante défaite à Port-Arthur. L'Histoire retiendra que c'est la première véritable défaite de l'époque moderne des Occidentaux contre une nation dite "indigène".
C'est un épisode fort méconnu qu'on a voulu bien vite oublier de nos manuels. Pourtant, ces faits qui se sont déroulés en 1905 vont largement prédire l'avènement de la Révolution rouge et plus loin encore la défaite de Pearl Harbor.
Le souci du détail historique mêlé à de beaux dessins dans des décors magistraux font que cette bd mérite notre attention.
En tout cas, elle restitue très bien l'ambiance qui pouvait régner à bord de ces navires de guerre dont certains pouvaient à peine naviguer. Cela souligne également la folie d'un autocrate prêt à tout pour redorer son blason.
Un album sublime ! Des dessins qui ont demandé une sacrée documentation et exécutés avec maestria par un grand de la bédé. Dimitri est un très grand dessinateur, il ne faut pas l'oublier.
De plus un épisode de bataille navale assez méconnu au début de ce vingtième siècle où les guerres commençaient à prendre des proportions terribles, où la technologie sans cesse en progrès prenait le pas sur les capacités humaines.
Une époque de la Russie agonisante où se profile doucement la Révolution d'Octobre.
Alors que l'on vante sans arrêt Tardi pour ses magnifiques oeuvres dénonçant les horreurs de la Grande Guerre, il est plus qu'injuste d'oublier Dimitri capable tout autant de nous faire revivre ces instants de folie destructrice.
Du grand art!