Sorcières ! Disent-ils
Une BD de Ihler, Juliette et Singeon chez Delcourt (Octopus) - 2021
03/2021 (24 mars 2021) 134 pages 9782413028246 Autre format 420733
Qui étaient les sorcières ? À travers le récit de « coupables » emblématiques - la guérisseuse, la paysanne, la magicienne, la femme âgée ou indépendante -, se révèle l'histoire d'une misogynie millénaire et d'un système patriarcal renforcé par l'émergence du capitalisme. Aujourd'hui, c'est pour se réapproprier leur puissance que des féministes réhabilitent ces figures émancipatrices.
Voici une BD qui va intéresser aux sorcières. Ce ne sont pas les êtres imaginaires tout droit sorti d'un conte de fée à la Blanche-Neige et les sept nains.
Non, il y a encore 2-3 siècles, c'étaient des femmes plutôt méritantes et compétentes qui ont été massacré au nom d'une société patriarcale qui s'est d'ailleurs servie de l’Église. Il s'agissait de les éradiquer comme un génocide qui ne laisse pas de traces dans les statistiques.
Les ligues féministes se sont emparées de ce phénomène afin de le dénoncer publiquement d'où cette BD. La sorcière est devenue une figure, un symbole de leur persécution par les hommes avides de pouvoir et qui ne voulaient pas reconnaître la place de la femme dans la société. Sorcières ! disent-ils est le titre. Il s'agit de justifier de leur caractère démoniaque afin de les exterminer au nom de la foi. Facile comme procédé d'élimination.
Ces femmes étaient sans doute des personnes trop actives, trop puissantes et trop libres. On va voir différents exemples : des voyantes, des guérisseuses, des bûcheronnes etc...
Bref, tout une thèse pour indiquer que les sorcières ont été les premières féministes de l'Histoire. La magie était considérée comme hérétique et par conséquent un crime grave contre Dieu et l’état. Savoir et pouvoir doivent rester aux mains des hommes.
A noter que ces exactions ont eu lieu vers la fin du Moyen-Age et surtout à la Renaissance, le fameux siècle des lumières marqué par un obscurantisme sans nom.
Bon, on va avoir droit à des réflexions du style que seuls le vieillissement des hommes est valorisé et que ces hommes s'en donnent à cœur joie avec de jeunes filles sans défense et peu sûr d'elles.
Maintenant, les auteurs vont encore plus loin en indiquant que c'est le capitalisme naissant qui est une des causes de cette chasse aux sorcières et que le féodalisme malgré son caractère rigide et autoritaire avait du bon. Permettez-moi de ne pas être en accord avec cette argumentation et ces conclusions. Cependant, je respecte cette position prise par les auteurs qui ont le droit de pouvoir exposer leur position. Ce n'est pas pour cela que je jugerai mal cette BD tout à fait honorable dans son exposé.
La conclusion de cette œuvre est de se défaire du conte de fée où la princesse est passive alors que la vieille sorcière est peut-être laide mais elle est détentrice de connaissances qui la rendent autonomes. C'est le vrai pouvoir des femmes. Je terminerai par ces mots : « sorcière un jour, sorcière toujours ! ».