Sonora
3. Le rêve brisé
Une BD de
Jean-Pierre Pécau
et
Benoît Dellac
chez Delcourt
- 2019
Pécau, Jean-Pierre
(Scénario)
Dellac, Benoît
(Dessin)
Smulkowski, Scarlett
(Couleurs)
Jalin, Vianney
(Lettrage)
Siner, Nicolas
(Couverture)
01/2019 (16 janvier 2019) 62 pages 9782413005278 Grand format 353808
Une procession de chariots traverse le désert de Sonora en quête d'une terre fertile pour commencer une nouvelle vie. Une vie dignement gagnée avec pour seule richesse celle que feront sortir de la terre ces agriculteurs pionniers. Aux aguets, l'un d'entre eux entend un oiseau, mais, dans l'ouest américain qui porte des plumes n'est pas toujours un oiseau...
Cet avis prend en compte les trois tomes.
Avec ‘Sonora’, les auteurs nous offrent un western mâtiné de vengeance se déroulant en 1851, où nous suivons Maximilien, un français recherchant les meurtriers de son frère, qui va se retrouver mêlé à des histoires politiques mêlant fusillades, exactions et autres exécutions. L’action va se dérouler respectivement en Amérique centrale avant de filer sous le soleil californien pour finir dans les plaines désertiques de Sonora.
Le dessin peut rebuter de prime abord (notamment sur le tome 1), celui-ci va se bonifier au fil des albums, il en est de même pour les couleurs au départ assez sombres, qui vont s’éclaircir jusqu’à mettre en évidence les grandioses espaces mexicains.
Le scénario est mené tambour battant et explore de nombreuses pistes (fraternité italienne, utopie socialiste française, clans de mineurs indépendantistes…) et déjoue ainsi nos attentes pour aller dans des directions inattendues. Cela en est à un tel point que l’on en oublie la quête vengeresse du héros au profil de l’histoire politique et de ses enjeux (cela tire cette BD de western au-dessus de la moyenne).
Les personnages évoluent et ne manquent pas d’intérêt (Tortillard en tête) générant de l’empathie.
Un bon western au postulat classique mais original par le cadre, le contexte et les personnages convoqués.
Le meilleur album de la trilogie.
L'histoire se déroule presque que dans des extérieurs et je trouve que le dessinateur Dellac y est beaucoup plus à l'aise qu'avec des intérieurs. Je trouve que son dessin y est beaucoup plus beau et maitrisé. En témoignent plusieurs magnifiques paysages en double page ainsi que de somptueuses scènes nocturnes.
Coté scénario là aussi il y a du progrès. Les dialogues sont directs, efficaces, ciselés et provocateurs. L'histoire est tellement bien construite et prenante qu'on en oublie presque que notre héros est arrivé jusque-là pour une histoire de vengeance.
Du coup, quand celle-ci arrive avec les dernières pages, on est totalement surpris et on se dit "mais oui j'avais complètement oublié ça". A ce moment-là on peut dire qu'on a totalement été transporté dans l'univers au point d'en oublier ce pourquoi on y a été emmené.
Un dernier rebondissement sur les toutes dernières pages pour finir de nous achever.
Ce 3ème et dernier tome met un point d'orgue à cette magnifique série qui se conclut en beauté.
Maximilien Bonnot va enfin pouvoir assouvir sa vengeance quant à la république de Sonora, elle ne verra jamais le jour. J’ai trouvé le scénario de cette BD très bon mais le dessin de Benoît Dellac, pas mauvais en soi, est vraiment très inégal (graphiquement le tome 2 est meilleur). Le triptyque Sonora m’a fait passé de bons moments mais pourquoi avoir mis en scène ce général de Freney plutôt que le comte Gaston de Raousset-Boulbon le véritable initiateur de cette tentative de création d’état indépendant de la Sonora ??? Ça reste un mystère...