Slava (Gomont)
3. Un enfer pour un autre
Une BD de Pierre-Henry Gomont chez Dargaud - 2024
09/2024 (06 septembre 2024) 104 pages 9782505126324 Autre format 503082
En ces années 1990, l'union soviétique s'est effondrée. La Russie, jetée en pâture au capitalisme sauvage, est en pleine décomposition. Dans ce monde sans foi ni loi, on se débrouille comme on peut, on monnaye ce que l'on trouve, et les destins se forgent à coups d'escroqueries et de trahisons. Dans ce troisième et dernier tome, Lavrine est devenu un homme riche, mais seul. Car Slava, son ami de toujours, est resté auprès de Nina. Ouvrier le jour, peintre la nuit, Slava l'aide à maintenir à flots la mine qu'ils ont sauvé de la convoitise des oligarques.... Lire la suite
Superbe conclusion de la trilogie ! Avec un texte et un dessin à la fois énergique et tout en finesse, Pierre-Henry Gomont est aussi un merveilleux conteur qui construit une œuvre singulière, dans un style unique et immédiatement identifiable, à l'égal d'un Hugo Pratt ou d'un François Bourgeon. Slava est pour l'instant son chef d'œuvre, espérons qu'il y en aura d'autres !
« Slava » est l’une des bandes dessinées les mieux écrites que j’ai pu lire.
Le vocabulaire, le verbe, la langue de Pierre-Henry Gomont sont d’une richesse peu commune. Drôles ou acerbes, ses mots, ses saillies, sonnent toujours justes et nous touchent immanquablement. Son style truculent, volontiers excessif, généreux d’éloquence, véhicule une quantité insoupçonnable d’émotions.
Le dessin, lui, est énergie pure.
Les personnages, beaucoup plus élaborés qu’ils n’y paraissent de prime abord, semblent plus vrais que nature avec leurs gueules pas possible. L’expressivité élastique de leurs visages, leurs postures, les font immédiatement exister et créent une complicité précieuse avec le lecteur.
Quant aux décors, on devine l’attention que l’auteur leur a portée pour ancrer son récit dans une réalité crédible. Avec en toile de fond des paysages noirâtres, comme croqués sur le vif, chaque action se déroule dans un de ces lieux typiquement soviétiques, que ce soit par leur faste rococo, ou au contraire, par la froide géométrie d’architectures brutalistes ou de sites industriels rafistolés aux squelettes de ferraille rouillée.
Tous paraissent parfaitement authentiques.
Cependant, il ne faudrait pas faire l’erreur de séparer la partie graphique de l’écriture.
« Slava » est un tout indissociable, on ne peut plus cohérent. Mais surtout – et c’est de loin le point le plus important – cette cohérence est au service d’une véritable histoire. Une de celles qu’on n’imaginait pas. Une histoire simple en apparence, dont la construction suit pourtant un schéma complexe aux imbrications multiples.
Abouti, maitrisé de bout en bout, le scenario sans faille de Pierre-Henry Gomont a une âme. Il reste constamment fluide, gagnant en épaisseur au rythme d’un crescendo dantesque, jusqu’à ce final absolument magnifique.
Viscéralement humain, burlesque, sombre, profond, fataliste, roboratif, « Slava » est une réussite totale qui m’aura laissé des étoiles dans les yeux.
Quel panache ! P’tain de chef d’œuvre…
Dans la droite lignée des deux premiers fabuleux albums. Jamais l'auteur ne se repose sur ses lauriers. A lire absolument!
Pas de long commentaire, je me suis régalé … punto.
Jolie palette de caractères, analyse parfaite de la nature humaine, spirituel, très fin, poétique … vaut pour l’ensemble de la série.
Pierre-Henry Gomont m'avait déjà bluffé avec Malaterre, mais comme on pouvait l'espérer, son triptyque SLAVA est son chef d'oeuvre. S'il est vrai qu'il prend son temps pour arriver à sa conclusion (flamboyante, épique, tarantinesque mais avec le surligneur philosophique en plus), il a pris soin de donner énormément de matière et donc de personnalité à tous ses protagonistes. La voix off du personnage central, Slava (proche de Candide, le bonhomme gagne en profondeur au fil des claques reçues), égrène des remarques d'une belle profondeur, on comprend l'âme russe à travers son histoire ; on confirme surtout la noirceur de l'âme humaine sous toutes les latitudes. Magnifique, Gomont est comme Blain, l'un des dessinateurs les plus prometteurs de l'époque.