Sillage
5. 'J.VJ,..'\_
Une BD de Jean-David Morvan et Philippe Buchet chez Delcourt (Neopolis) - 2002
06/2002 46 pages 2840557487 Grand format 17165
Snivel et Bobo ont réservé une surprise à Nävis : ils ont monté une exposition consacrée à l'histoire de l'humanité ! Mais en plein vernissage, un terroriste surgit et se fait exploser ! Nävis découvre alors l'histoire des Ftoross. D'une pauvreté absolue, décimés par la maladie dans l'indifférence générale du convoi, les Ftoross en sont réduits au terrorisme pour faire connaître leur sort. Leur ultime espoir : menacer de supprimer Nävis, qui représente à elle seule une race tout entière...
Depuis le deuxième tome, le moins que l'on puisse dire c'est que les auteurs passe des messages politiques forts, même si par certains aspects ils enfoncent des portes ouvertes.
En mettant le dernier représentant de la race Humaine sur un piédestal jugeant les attitudes, tantôt misogyne, tantôt capitaliste, tantôt colonialiste, tantôt corporatiste des races constituants la population de sillage, les auteurs nous mettent face à un miroir et nous montrent leur foi en l'humanité.
En dissociant le coté humain, bienveillant, sensible et le coté gestionnaire d'une grande communauté avec tout les manœuvres politiques que cela implique les auteurs nous donnent une vision bien amère de notre propre monde et en tirent un portrait réaliste et peu flatteur.
Riche en émotions ce récit mené de main de maitre, aussi bien graphiquement que scénaristiquement, ne déroge pas à cette règle.
On notera en clin d'œil, les petits hommages aux différents personnages de BD de cinéma et de dessins animes tout au long de l'album.
En bonne série de science-fiction, Sillage parvient à nous parler de notre propre société en l'extrapolant dans un univers futuriste. C'est particulièrement vrai pour cet album, qui aborde des sujets tels que le terrorisme et la pauvreté. On entre au cœur même du système politique du convoi, et je trouve l'assemblée de la Constituante très réussie.
Le scénario est agréable, mais c'est surtout au niveau esthétique que je trouve ce cinquième tome époustouflant. La double page 6-7 est très efficace. Avec ses nombreuses petites cases, l'aspect d'exposition de miniatures est très bien traité. On notera au passage que la série propose de jolies petites références à l'histoire de la bande dessinée. Après avoir déjà croisé une petite famille de Marsupilamis dans le tout premier tome, c'est ici une copie d'Harisson Banks, entre autres, qui se permet de débarquer.
On a également droit à une longue scène d'action dans le vaisseau-planète de Nävis. Je trouve le parti pris très intéressant, avec des tons bien plus pastels que ceux de la forêt originelle du premier tome, comme pour rappeler tout ce que notre héroïne a perdu. La tentative de copie est bien incapable de reproduire l'esprit de la planète dans laquelle elle a grandi. Les uniformes de camouflage des militaires s'intègrent très bien au décor.
Enfin, l'aboutissement de l'action a lieu dans l'une des grandes bidon-nefs, pour une autre ambiance très bien rendue. La page 42, avec ses ombres très marquées, est une première dans la série et renforce admirablement bien la tension dramatique de cette fin d'album.
Sillage se poursuit donc avec succès et pour notre plus grand plaisir, bien qu'on se réjouisse de découvrir la suite pour voir si Nävis parviendra à reprendre le dessus sur ses péripéties, elle qui semble perdre de plus en plus la maîtrise de ses aventures (elle s'est quand même fait prendre quatre fois en otage, pour les deux derniers albums seulement) !
Navis se retrouve malgrés elle dans une confrontation entre des terroristes, et le reste des cytoyens du convoie.
Très bonne histoire encore une fois de plus, avec un dessin et des couleurs qui collent parfaitement au style.
Après la lecture de cet album, je reste sur un sentiment très mitigé.
L'histoire est plutôt pas mal mais sans plus. On effectue un retour sur sillage après l'arrestation de rib'wund. Les ftoross sont une des races les plus pauvres de sillage. Ils en ont marre d'être exploité (et on le comprend bien) et se font pêter la cafetière dans des attentats meurtriers. Très manichéen et peu d'interêt même si ça se lit bien.
Toutes les intrigues sont laissées en suspens, l'arrestation de rib'wund tout comme la recherche d'êtres humains...
Bref, on a peu le sentiment que J.D Morvan ne sait où il va ou alors qu'il allonge la sauce. Affaire a suivre...
Oula !
comme c'est décevant, morvan est-il capable de terminer convenablement un album. Les histoires débutent toujours très bien mais les fins...
Bon bein je vais relire les premiers tomes qui sont excellents eux.
Pas de nouveau monde pour Nävis et le lecteur cette fois ci. On reste sur Sillage, où les Ftoross ont recours au terrorisme pour obliger les politiciens à les sortir des bidonvilles et à les guérir de la maladie qui les décime. Ils vont même prendre Nävis en otage …
Côté scénario Morvan attaque ici un problème d’actualité en abordant le terrorisme, le racisme, l’inégalité sociale et les prises d’otages. Mais, si le message est important, le medium utilisé l’est tout autant et la naïveté de Nävis n’est pour moi pas le moyen idéal pour aborder des sujets aussi délicats et complexes. Cette petite Nâvis essayant de donner la leçon à tout le monde avec un discours moralisateur à deux balles a d’ailleurs un côté assez énervant. De plus cette histoire ne fait pas trop avancer le récit.
Côté dessin, Buchet comme dans le deuxième tome doit se limiter au domaine du convoi Sillage, tout en nous détaillant avec brio les bidonvilles. Le dessin reste excellent, mais quand on connaît son talent à développer un nouveau monde à chaque tome on reste un peu sur sa faim.
Côté personnages, c’est Knardia qui m’a scié. Je ne sais pas pour les autres lecteurs, mais il m’a été personnellement impossible de fixer ce personnage aux quatre yeux plus de deux secondes. Ca fait vraiment bizarre ces deux paires d’yeux et m’a vraiment perturbé. Quand au langage Ftoross, ça aurait été sympa de pouvoir le décrypter.
Attention: BD à polémique. En effet, difficile, voir très difficile de traiter un sujet aussi brulant que le terrorisme, en évitant de prendre parti. Morvan s'en sort comme d'habitude, très bien. Pas évident de rester de marbre devant cette fiction qui nous rappelle furieusement un conflit que nous connaissons bien :-( On est alors tiraillé entre nos propres opinions et la réalité du monde. A travers ce sujet brulant, les auteurs nous ont concoctés un petit bijou d'action et d'aventure. Les cases n'ont vraiment plus rien à voir avec celles du 1er opus. On sent la maturité de Buchet à tous les niveaux et Morvan n'hésite pas à sacrifier ses personnages secondaires. C'est assez rare pour le souligner.