Sillage
22. Transfert
Une BD de Philippe Buchet chez Delcourt (Neopolis) - 2023
01/2023 (25 janvier 2023) 46 pages 9782413044680 Grand format 462503
Lorsque Nävis parvient enfin à mettre la main sur le fuyard refusant de se présenter à sa convocation, il s'avère rapidement que ce dernier est suffisamment fortuné et possède les bonnes connexions pour réussir à s'en tirer sans condamnation. Nävis dépasse alors les limites de sa charge en se montrant plus agressive que nécessaire. Notre humaine préférée a de plus en plus de mal à supporter l'injustice.
Le nouvel épisode de cette longue série est une surprise agréable. En directe suite avec les événements qui ont eu lieu au tome précédent (que j'ai du reparcourir rapidement pour tout bien comprendre), l'intrigue prend une tournure intéressante.
Reste plus qu'à espérer que l'histoire suive cette amorce au potentiel captivant. J'y voit même une seconde vie à la série.
Si la fin de l'album semble un peu précipité (comme pratiquement à chaque épisode), l'ensemble est des plus convainquant.
Buchet, seul aux commandes pour ce tome, arrive à donner du rythme et à faire évoluer trois récits en parallèle de manière maîtrisée et efficace.
Graphiquement, on est en terrain connu, la qualité est au rendez-vous. Du même tonneau que le reste de la série, sans plus ni moins.
On va avoir droit à une Nävis plus remontée que jamais contre le système. Il y a parfois de quoi être énervé.
Ce la arrive tous les jours à des policiers de procéder à des arrestations mais que finalement, la personne arrive à s'en sortir au niveau de la Justice car elle possède de gros moyens. Il y a une justice pour les pauvres qui est implacable et une autre réservée aux riches qui a tendance à être plutôt clément. Ce n'est pas nouveau.
Ceci étant dit, on aurait aimé un peu plus de modération dans l'attitude car Nävis devient impulsive comme lors de sa jeunesse. Or, les expériences vécues aurait du lui permettre de gagner en maturité en prenant du recul. Paradoxalement, son fils gagne en sagesse. C'est le monde à l'envers !
Je n'ai pas aimé non plus le fait de commenter toutes les actions ce qui appesanti inutilement la narration. Les images doivent parler d'eux-même.
On relèvera également que Jean-David Morvan est totalement absent du scénario laissant libre court à Philippe Buchet qui assume en plus du dessin que je trouve toujours aussi honorable avec son trait soigné et précis.
Sillage reste toutefois ce magnifique space-opéra qui brasse plusieurs thèmes se voulant être le reflet de notre monde actuel et qui permet de dénoncer toutes les dérives liées aux inégalités sociales. On voit bien les symboles sur la société d'aujourd'hui malgré cet univers futuriste.
Moi, je dis qu'à un moment donné, il faut savoir clore une série même si elle a connu du succès. Il s'agit de ne pas tirer sur la corde et de terminer en beauté. Depuis quelques tomes, cela patine un peu. Et puis, la série fête ses 25 ans d'existence avec ce nouveau tome.