SideShow
1. Charly
Une BD de Corbeyran, Éric et Emmanuel Despujol chez Soleil Productions - 2021
05/2021 (02 juin 2021) 54 pages 9782302091634 Grand format 424492
Charly a le pouvoir de neutralier un vampire par sa seule présence. Dans un New York secoué par la crise, les créatures malfaisantes pullulent et Charly vit de son art. Accompagné de sa prisonnière, une Lamie coupable de meurtre transformée en fillette, Charly rejoint une troupe ambulante de monstres de foire dans une ambiance à la Freaks. Il se lie avec Trixie, femme tatouée de la troupe.
Très bon démarrage de série, j'aime le rythme et l'histoire qui se met doucement en place.
petit cliffhanger pour ne rien gâcher à la fin du tome.
la narration est très bien faites et donne envie de se laisser porter.
à écouter en passant du jazz
J'ai été plus qu'agréablement surpris par ce premier tome d'une nouvelle série située dans les années 20 et 30 aux Etats-Unis durant la grande dépression. Il y a une maturité assez extraordinaire chez les personnages principaux. On sent une grande qualité dans l'écriture.
Pour autant, il y a un passage assez léger où l'on voit des créatures fantastiques occuper le devant de la scène à la faveur de cette période un peu sombre comme si de rien n'était ce qui ne fait pas très crédible. Mais bon, j'ai l'habitude de souligner les incohérences et parfois, je les accepte pour avancer. L'entrée est la matière est d'ailleurs digne d'un film d'horreur puisqu'il est question de vampire.
Pour la petite histoire, j'ai découvert après lecture que c'est Corbeyran au scénario car son nom est pour une fois écrit en tout petit sur la couverture. C'est un auteur que je suis depuis bien des années et c'est toujours un plaisir de découvrir ses titres dont je suis souvent acheteur. Il a su se renouveler malgré tout et faire preuve d'originalité. On retrouve l'ambiance du cirque de foire vers la seconde partie du récit.
Un mot pour le dessin pour dire qu'il colle à merveille avec ce type d'intrigues. Il y a également une belle mise en couleur avec des tons parfois sombres.
C'est une série que je vais suivre attentivement car elle peut nous réserver encore de bonnes surprises. On ne sait pas tout du mystérieux pouvoir de Charly.
La lecture de ce premier tome achevée, il en ressort des aspects positifs marquants : le trait de Despujol est agréable, il campe assez bien les ambiances et les personnages et compose ses cases et ses planches avec efficacité.
La mise en couleur est l'immense point fort graphique de cet album, assurément. Fabien Alquier réalise un travail de haute volée, il donne un caractère inouï à chaque case, chaque décor, par l'entremise d'une utilisation habile d'une très belle et très délicate palette de couleurs. Certaines cases invitent le regard à s'arrêter pour en admirer l'extraordinaire travail sur la couleur (le camion de Trixi roulant nuitamment sur une route forestière, ses phares découpant l'obscurité est une merveille question atmosphère).
Mais il y a aussi des aspects plus négatifs, essentiellement au niveau de l'écriture du scénario. Ça ronronne un peu trop, les personnages manquent de réelle texture et d'épaisseur. Pourtant l'histoire, le contexte, la construction du récit sont plutôt habillement pensés. Le scénariste a du métier; ça se ressent malheureusement tant les trucs et les tics de professionnel habitué à beaucoup produire abondent et affleurent un peu trop pour ne pas passer inaperçus. On a l'impression qu'il a écrit en automatique, trop confiant dans son savoir faire, et qu'au final il n'a pas donné à ce récit l'ampleur et la puissance qu'on est en droit d'attendre en ouvrant l'album. Les dialogues s'enchaînent un peu mécaniquement eux aussi.
Bref, ce n'est pas un mauvais album mais il faut reconnaître que la partie graphique évolue à des hauteurs que l'écriture du scénario peine à suivre. A voir si la suite du récit révèle des trésors d'écriture cachés.
Dessin : 3,5/5
Scénario : 2/5