Sérum
Une BD de Cyril Pedrosa et Nicolas Gaignard chez Delcourt - 2017
10/2017 (18 octobre 2017) 146 pages 9782756065915 Autre format 311597
Paris, 2050. Depuis les purges qui ont suivi le changement de régime, les tensions sont loin d’être apaisées. Une organisation clandestine semble préparer une action spectaculaire. Reclus dans son minuscule appartement, Kader vit seul. Il ne parle à personne. Une injection de « Sérum », un produit psychoactif, l’empêche de mentir. Qu’il le veuille ou non, il ne peut dire que la vérité. Rien que la vérité. Toute la vérité. Cette malédiction fait de sa vie un enfer.
Kader est enfermé et sous haute surveillance. Il subit régulièrement une injection de Sérum qui l'oblige à dire la vérité et permet ainsi de contrôler ses faits et gestes. Obligé de se tenir à l'écart de la société, ce roman graphique nous raconte le moment où sa vie va basculer.
Le scénario de cette BD est d'une incroyable précision. Construit comme un roman d'anticipation, il nous longe dans un futur proche effrayant où le contrôle des esprits semble une priorité. À un rythme haletant, les événements s'enchaînent et sans nous en rendre compte, nous voilà embarqué dans une histoire hors norme. L'ensemble est bien construit et la tension grandit au fur et à mesure de la lecture. La fin est surprenante, je ne m'y attendais vraiment pas.
Le personnage principal est Kader. Enfermé et connaissant un véritable mal être, le personnage ne met pas vraiment à l'aise. Tout est raconté de son point de vue et comme il vit un grand moment de confusion, cela contribue à créer du mystère autour de tous les événements qui se succèdent.
Autant le scénario a su me séduire de suite, autant je suis beaucoup moins conquise par l'esprit esthétique de ce roman graphique. Les traits sont durs et épais conférant une atmosphère lourde. Les couleurs sont très tranchées et manquent de nuance. Je n'ai donc pas vraiment accroché à l'esprit graphique de l'ensemble.
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Pour décrire un monde sinistre situé dans un futur proche, les auteurs ont choisi un traitement extrêmement froid : écriture sèche, dialogue concis, palette grisâtre, décors minimalistes et personnages austères – à l’image de Kader, héros taciturne, qui affiche la même imperturbable tronche du début à la fin…
Pour autant, dans le genre anticipation, l’album s’en sort plutôt bien. Le sérum du titre par exemple, la zanédrine, est un sacré cauchemar !
Côté récit, c’est assez épuré : peu d’action et quelques ellipses mais il y a du rythme, des questions intéressantes font surface et des sursauts bien placés viennent dynamiser un peu l’intrigue.
Côté dessin, le trait nerveux de Nicolas Gaignard n’est pas très précis mais reste efficace ; il est surtout parfaitement raccord avec l’univers proposé.
Au final, un one-shot qui manque de coffre et d’ambition mais qui tient la route.
Cyril Pedrosa a déjà une longue carrière de scénariste derrière lui. Son album Portugal avait été salué unanimement par la critique et les lecteurs en 2011. Il signe donc, un nouvel album fantastique, un genre qu’il affectionne et qui lui réussit.
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