Les sentinelles (Breccia/Dorison)
3. Chapitre troisième : avril 1915, Ypres
Une BD de
Xavier Dorison
et
Enrique Breccia
chez Delcourt
- 2011
Dorison, Xavier
(Scénario)
Breccia, Enrique
(Dessin)
Breccia, Enrique
(Couleurs)
Marlu, Philippe
(Lettrage)
03/2011 (16 mars 2011) 62 pages 9782756019079 Grand format 121697
Alors que la guerre prend son tournant le plus meurtrier, que le conflit s'enlise et que le désespoir gagne le front, une sentinelle d'un nouveau genre fait son apparition : Pégase, doté d'ailerons d'acier et filant dans les airs à plus de 100 Km/h. De leur côté, les Allemands ont mis au point une nouvelle arme... L'affrontement aura lieu en avril 1915 à Ypres, en Belgique.
Région d’Ypres (Belgique). 18 avril 1915.
Les ordres se suivent et se ressemblent : absurdes ! Toujours les mêmes conneries journalières de l’état-major : préparation d’artillerie, assaut, soldats hachés menus, pluie, pas de possibilité d’évacuer les blessés, faim… Le lieutenant Taillefer a beau manifester son opposition à ces ordres absurdes, rien ne change. Ah, si ! Le nombre de morts et d’estropiés ne cesse d’augmenter au même rythme que le moral s’effondre…
Pendant ce temps, le baron Hubert Marie de Clermont démontre qu’il n’est pas manchot dans le maniement de l’épée, remportant un tournoi. La rencontre entre lui et monsieur son père est glaciale. Mais que reproche-t-il donc à son père ?
Critique :
Troisième album des Sentinelles. Nouvelle découverte : les attaques par les gaz, cette arme qui causa plus de 200.000 morts sans à aucun moment s’être montrée décisive. Juste un macabre jouet de plus dans l’arsenal pourtant déjà très riche des moyens dont dispose l’homme pour exterminer son semblable.
Dans ce numéro, le capitaine de Clairmont devient Sentinelle à part entière, et quelle Sentinelle ! Pégase ! Point de cheval ailé, mais bien un humain doté d’une fusée et d’ailes pour manœuvrer. Les Boches connaissaient déjà l’adjudant Djibouti et le lieutenant Taillefer. Les voilà confrontés à un nouvel adversaire aux pouvoirs dignes des super-héros américains qui revêtent leur slip au-dessus de leur collant. Au moins, les Français savent s’habiller !
Vous pensez bien que les Allemands ne vont pas rester les bras croisés alors qu’ils sont à la pointe des sciences et des technologies. Eux aussi vont produire leur monstre, un « Übermensch » bien décidé à venger ses deux fils morts sur la Marne.
Mais surtout, ils vont se livrer pour la première fois à une attaque aux gaz. Une arme qui fait horreur jusque dans leurs propres rangs. Voilà qui ne va pas arrêter ceux qui décident qui ne sont pas les mêmes que ceux qui subissent…
Vraiment très chouette cette Bédé. Sur ce tome, on y découvre une nouvelle sentinelle (pégase), un personnage qui aura la particularité d’être arrogant. Lui et ses deux collègues (Taillefer et Djibouti) auront la mauvaise surprise de découvrir une nouvelle arme de destruction massive. En plus de cela, ils seront confrontés à un nouvel ennemi tout aussi puissant qu’eux : L’übermensh. Cette bédé reste toujours réaliste grâce à ses photos d’époque et parfois grâce à ses dialogues. Les dessins sont très chouettes, sans oublier la petite pointe de science-fiction que j’apprécie particulièrement.
Ypres 1915, l’utilisation du chlore lors des combats va bouleverser le fragile équilibre des forces en présence et faire basculer cette Première Guerre mondiale dans une horreur sans nom…
Impression toujours mitigée pour cette série dans laquelle Xavier Dorison a pris le parti de dénoncer les atrocités de la guerre… en inventant des (super)héros rédempteurs, mi homme, mi machine. Louable intention mais qui ne fonctionne pas pour l’instant, dans la mesure où les Sentinelles exhalent (même inconsciemment) les valeurs guerrières qu’elles sont censées combattre ! Ni uchronie, ni récit historique, cette série se cherche encore.
Reste le dessin d’Enrique Breccia qui gagne en maîtrise et en puissance au fil des albums.
Au final, un 3ème opus globalement décevant !