The scumbag
3. Goldenbrowneye
Une BD de Rick Remender et Roland Boschi chez Urban Comics (Urban Indies) - 2023
05/2023 (05 mai 2023) 9791026828426 Format comics 471690
Une guerre fratricide, portée par des utopistes totalitaires, met en péril le monde entier. Un seul homme providentiel semble capable de sauver l'humanité, et c'est encore au plus raté de tous, le metalleux peu recommandable et toujours aussi graveleux, Ernie Ray Clementine qu'incombe cette responsabilité. Mais ses poursuites judiciaires et son manque de courage pourraient bien faire basculer la civilisation dans les ténèbres.
La conclusion des aventures de l’agent Sac-à-merde montrent que la structure ternaire était tout à fait voulue dès l’origine par Remender et que c’est plutot l’alternance des dessinateurs qui a brouillé l’esprit du projet et brisant sa cohérence. Bonne nouvelle, Roland Boschi revient avec son coloriste sur la totalité des planches et s’il n’est pas le plus impressionnant de l’escouade de Rick Remender il propose, notamment sur les séquences années 50, une atmosphère ravissante et un excellent travail.
Jouissant des mêmes qualités et défauts que les deux précédents, ce volume a l’avantage d’agir comme conclusion et de simplifier l’intrigue en forme de course poursuite sur l’essentiel de l’album. Si le scénariste ne s’encombre pas de vraisemblance et de facilités, il assume une réflexion basique mais musclée sur l’état de son pays où la guerre civile semble plus proche que jamais entre deux sociétés (pour caricaturer les écolo-iel californiens face aux néo-facho du middle-west). Utilisant la science-fiction avec ce qu’elle permet, Remender ne s’encombre pas trop de complexité mais on ne peut s’empêcher de tiquer encore une fois lorsque Sac à merde se met à professer une morale humaniste à ses adversaires. Hésitant depuis le début à assumer totalement l’esprit trash de son anti-héros, Remender se retrouve ainsi toujours un peu encombré entre le besoin de happy-end et une idée de départ complètement barrée.
Comme dit précédemment, Rick Remender a un immense talent et se laisse parfois aller sur des projets récréatifs. Il est assez dommage qu’il n’ait pas su condenser ce projet plus intéressant politiquement qu’il n’y paraît en travaillant plus le mélange entre le vernis et le fond. Concluant sa trilogie de la meilleure des manières (et avec une étonnante dramaturgie), il nous aura tout de même offert de belles rigolades et des saillies punk dont il a le secret mais sans parvenir à se positionner tout à fait entre la farce et la critique politique des Etats-Unis. Un Remender moyen restant toujours un bon album, la trilogue Scumbag reste tout à fait honnête dans la production des comics indé.
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