Saint-Elme
5. Les Thermopyles
Une BD de Lehman, Serge et Frederik Peeters chez Delcourt - 2024
01/2024 (24 janvier 2024) 86 pages 9782413080350 Format normal 488780
Les mensonges de Stan au cimetière entraînent une cascade de conséquences. Gregor se penche sur le rôle joué par Félix Morba le soir du massacre à la ferme. Marqué par les derniers mots de Kémi, le Derviche préssent une catastrophe, tandis qu'à la Vache Brûlée, le fantôme d'Hélène Mertens se confie à Franck. La nuit tombe sur Saint-Elme ; c'est l'heure des régler les comptes.
L’excellente série en milieu alpin de Serge Lehman et Frédérik Peeters nous livre donc son dénouement tant attendu avec ce tome 5. Tous les protagonistes sont désormais réunis autour du détective Franck Sangaré. La tension est à son comble, la guerre avec le clan Mazur semble inévitable. Le redoutable parrain de la « mafia » des Eaux de Saint-Elme est bien décidé à occire définitivement ceux qui cherchent à se mettre en travers de son chemin. Mais Franck, qui a survécu de justesse après les sévices infligés par les acolytes de Mazur, n’est plus le même homme. Gravement brûlé et défiguré, il semble avoir acquis un don de double vision après s’être enfui à travers de mystérieuses galeries creusées dans la montagne. Ce don lui permet notamment d’entendre les révélations du fantôme d’Hèlène Mertens, juge d’instruction qui fut assassinée pour avoir osé défier la mafia régnant sur Saint-Elme. Celle-ci le persuade d’arrêter Mazur avant qu’il ne soit trop tard… Il n’en faudra pas plus pour convaincre Franck, déjà déterminé à se venger d’Arno Cavalieri, dit le Derviche, l’un des hommes de main du clan Mazur, la mafia contrôlant les eaux de Saint-Elme.
Grâce à un savant dosage entre « hardboiled » et fantastique en demi-teinte, un peu à la manière d’un David Lynch, avec quelques indices énigmatiques disséminés ça et là, les auteurs ont réussi à maintenir ce qu’il fallait de tension et de mystère pour qu’à aucun moment le livre ne tombe des mains du lecteur. Ce qui est sûr, c’est que ce dernier épisode tient ses promesses avec un affrontement final en apothéose d’action, de feu et de sang, mais également à haute teneur mystique. Une fois encore, Serge Lehman puise son récit dans une mythologie européenne immémoriale, où la nature était divinité et la spiritualité n’avait pas encore été squeezée par la religion. Dans « Saint-Elme », la montagne joue le rôle de bienfaitrice en fournissant aux humains son eau nourricière, et gare à ceux qui tenteraient de l’accaparer à des fins purement mercantiles ! Lehman a-t-il cherché ici à métaphoriser la mainmise des multinationales sur les ressources naturelles (dont l’eau bien sûr), dans le contexte préoccupant du réchauffement climatique ? Quoiqu’il en soit, cette fiction supporte facilement une double lecture…
Pour ce qui est du dessin, on relèvera encore une fois le travail bluffant de Frédérik Peeters sur la couleur. Celui-ci, en revisitant les codes du psychédélisme de façon très moderne, renforce la portée multidimensionnelle du récit où il est question de substances hallucinogènes, celles dont use et abuse le Derviche, personnage-clé, et qui dissolvent les frontières entre réalité et imaginaire. Et pour parachever cela, sa maîtrise du cadrage et du mouvement est sans fausse note.
Ceux qui auront apprécié « Saint-Elme » (oui, il s’agit bien du dernier tome) pourront se féliciter de son succès aussi populaire que mérité. « Saint-Elme », c’est un peu une histoire de fusion, celle de Franck Sangaré avec une montagne vivante, rendue menaçante par ses entrailles révélées, d’un vert artificiel et « radioactif », comme si l’âme même de la géante rocheuse avait été blessée à mort… Cette fusion se retrouve de l’autre côté du rideau, à l’échelle créatrice, celle de la conception de l’œuvre, car à l’évidence une sorte d’alchimie a eu lieu entre les deux auteurs. Une rare combinaison née avec « L’Homme gribouillé », où nombre d’ingrédients qui composaient alors ce one-shot, se retrouvent dans « Saint-Elme », de façon encore plus évidente dans ce volet final. L’avenir le dira, mais on est curieux de voir si à l’avenir le duo Lehman-Peeters nous proposera avec le même savoir-faire un objet de pop culture sortant des schémas géographiques habituels.
Ne tournons pas autour du pot, l'excellente colorisation constitue 90 % du charme de cette série. Pour le reste, elle n'est prétexte qu'à des dialogues interminables et de grandes violences gratuites. Aucun personnage n'attire la sympathie.
Ça y est, il va falloir s’habituer à une vie sans Saint-Elme… En seulement cinq albums sortis en trois ans, le duo Serge Lehman et Frederik Peeters ont créé un petit miracle d’intensité que personne n’attendait et qui débarque directement dans le hall of fame des grandes séries de la BD. Et ce n’est pas ce dernier (gros) tome qui va faire baisser la tension, occupé qu’il est sur ses 2/3 par une des plus magistrales fusillade réalisée dans le neuvième art. Dans une sorte de perfection rythmique les auteurs résolvent tranquillement leurs intrigues, qu’elles soient mystiques ou terres à terre, n’oublient rien au passage et gardent le bon goût de laisser planer suffisamment de mystère pour garder cette aura particulière qui aura recouvert la série.
L’écart est ténu entre le déballage précipité et la retenue cryptique et le duo d’auteurs tient sa ligne de crête avec élégance, facilité, évidence même. Comme dans un film d’action parfait on se dit que c’est finalement si simple de conter une histoire populaire, artistique, personnelle tout à la fois. Chaque élément est à sa place, chaque case est du bon format, l’ensemble, de la fusillade pourtant nocturne en huis-clos aux révélations parmi la pléthore de personnages, tout est d’une lisibilité sans faille, comme une leçon de maîtres.
Alors on savourera surtout la très grosse baston en se disant que décidément avoir de la place dans une BD c’est un sacré luxe! On accompagnera des personnages désormais familiers sur leur dernier itinéraire et on appréciera ce qui reste de mystère avec l’élégance de gentlemen qui sauront résister aux sirènes de prolongations. Car à Saint-Elme tout doit finir.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/02/07/saint-elme-5-les-thermopyles/
Cinq tomes tendus, de forts personnages, cette BD est un régal du premier au dernier tome. Son seul défaut ? Je l'ai découverte au tome 2. L'attente entre chaque numéro était une torture. Maintenant qu'ils sont tous sortis, précipitez-vous.
Excellente série sans fausse note !
Certainement la meilleure de ces dernières années : celle que je conseille à tout le monde actuellement.
Un final réussit !
Grand bravo aux auteurs !
Belle série d’une très grande originalité, tant par le dessin que par le scénario …
Structuré et solide, personnages marquants, palette des sentiments montrant l’étendue de l’âme humaine, mélange de philosophie, de réalisme, et de fantastique.
Bref, c’est épatant !
Vraiment une tuerie cette série, du tome initial au dénouement final. Je confirme, à Saint-Elme, c’est spécial. Et moi, j’ADORE !
Le final tant attendu, à la fois inévitable et imprévisible, se déchaine enfin sur la montagne, prêt à engloutir Saint-Elme sous un déluge de feu.
Serge Lehman et Frederik Peeters emboitent avec précision les dernières pièces de leur sanglant puzzle. La conclusion hallucinée d’un récit génial aux personnages inoubliables. Les auteurs auront réussi à créer un univers parfaitement cohérent, dont les bords laissés volontairement flous, le nimbent de mystères insondables.
Qui voudrait aller à Saint-Elme a été prévenu dès le début : ici, c’est spécial !