Le roi des mouches
1. Hallorave
Une BD de Michel Pirus et Mezzo chez Albin Michel - 2005
01/2005 62 pages 2226155317 Grand format 20 à 25 euros 42297
Alors que la guerre de sécession entre les états de l'Union au nord et les états confédérés du Sud, est déclarée depuis quelques mois, les frères Callaghan, enrôlés dans l'armée, quittent la ferme familiale. De très longues semaines plus tard, les nouvelles des garçons cessent d'arriver. Leurs deux sœurs, Rose et Isabel décident de partir à leur recherche. Elles vont entrer de plain-pied dans le conflit, avec sauvagerie et détermination et mener leur propre guerre, destructrice et impitoyable jusqu'à, peut-être, retrouver les leurs.
Génial, ce Roi des mouches ! Glauque et morbide mais génial, dans une veine proche de Charles Burns ou Daniel Clowes. L'écriture est brillante et parfaitement en phase avec le dessin pour une plongée dans l'univers dérangeant d'un post ado désœuvré, accro aux cachetons, au sexe et à son costume de mouche !
L'album est composé de petits sketchs interdépendants de quelques pages chacun, qui dévoilent des fragments de la personnalité psychotique d'Eric, antihéros fragile et déviant, autoproclamé Roi des mouches…
Un 1er tome hypnotique et fascinant.
meme avis que guitoune140 .
Si vous aimez les histoires méchamment glauques, vous allez vous régaler avec LE ROI DES MOUCHES. C'est l'histoire d'une banlieue pavillonnaire terne, peuplée de personnages dépressifs et mal dans leur peau qui baisent, picolent, se défoncent, se tabassent à l'occasion et se méprisent tous mutuellement. Un univers bien trash servi par un dessin à l'unisson, qui renforce le sentiment de malaise à la lecture. Une lecture assez dérangeante mais qui personnellement m'a bien plu.
Rentré dans le Roi des Mouches avec l'envie d'y trouver un disciple européen du génial Charles Burns - le dessin et les contes horrifiques d'une adolescence malade -, j'ai été surpris et plutôt positivement de trouver une sorte de série TV - multiplication des personnages et des points de vue, fictions proliférantes - qui réussit peu à peu à s'arracher de sa malédiction originelle (le premier épisode, Hallorave, hallucination et traumatisme, est le plus "Burnsien") pour trouver un semblant d'espoir, ou tout au moins de lumière : découverte de l'amour pour Eric, l'ado à tête de mouche, et surtout étrange transcendance - paradoxale - du personnage de Ringo, le roi du bowling aux dons parapsychologiques et à la générosité inattendus. "Hallorave" est un grand livre, qui, en s'affranchissant de l'influence de Charles Burns, définit son propre territoire fictionnel, à la fois trivial et inquiétant. Magistral.
Premier tome magnifique.
Cette BD, qui suit des personnages un peu déchirés (à tous les sens du terme), réalise une prouesse en créant un univers presque malsain et perturbant.
Le jeu autour du point de vue de chacun des personnages rend cette bande dessinée encore plus exceptionnelle. Très peu de dialogue sont réellement prononcés par les acteurs de cette pièce qui oscille entre le tragique et le comique noir. Tout se passe dans leur tête.
Le dessin est excellent. Il fait penser à un style très américain, alors que tout cela se passe en Europe, et même sûrement en France (bien que je n'ai pas le souvenir d'avoir un indice quelconque, à part un billet en euro...).
Je suis étonné de voir que les auteurs ne sont pas plus reconnus que cela... Bon, peut-être un prix à ce Angoulême 2014 pour le tome 3 ?
Immersion totale pour ce 1er tome qu'est "Hallorave"...
Eric, "Roi des Mouches" (cette tête de mouche est vraiment géniale !), le noyau de l'histoire, va nous faire part de ses délires successifs (dus à la drogue, l'alcool, son mal-être...) entouré de son petit monde tout aussi barré (Sal, Marie, Ringo (the Dude de "The Big Lebowski" en BD !), sa mère, Denis, etc...).
On s'imprègne très vite de cette ambiance malsaine dépeinte par cet ado complètement déconnecté. Différentes saynètes où se croisent & se recroisent les personnages cités précédemment. Les liens se tissent entre eux de façon assez absurde parfois.
Les personnages "nous parlent" la plupart du temps : beaucoup de monologues avec les personnages de face. Le résultat est qu'on s'empare un peu + de leur vie sans manquer une miette de leurs états d'âme.
Pirus & Mezzo nous gratifient d'un spectacle saisissant avec ce découpage style "BD Choral" ! Les couleurs de Ruby sont sombres, pesantes, qui ne laissent aucun sentiment d'espoir.
Les dessins fourmillent de détails & collent parfaitement à l'univers scénaristique de Pirus. Ces deux-là sont faits pour créer ensemble !
Charles Burns n'est pas loin (d'ailleurs je ne vous cacherais pas qu'à l'achat de ce 1er tome, ne faisant pas attention, attiré par la couv.. je feuillette & pense que c'est lui qui est l'auteur !).
C'est parti pour la lecture du T2 !
Très peu de bandes dessinées peuvent se targuer de m'avoir autant pris aux tripes. Acheté sur les conseils d'un ami, j'ai été véritablement emballé par cet album. Tout d'abord coup de chapeau à Albin Michel, qui avait édité un objet de qualité .
La couverture, sobre et peu explicite, attire naturellement l'œil. Mais "le roi des mouches" ne se résume pas à cela, non. C'est noir, c'est malsain, c'est glauque mais pourtant que c'est bien. Une véritable étude scientifique sur un microcosme d'individus désœuvrés et sans morale. Pirus nous décrit un monde noir, découpé en une dizaine de chapitres où histoires et personnages se croisent et se recroisent, un véritable puzzle de 62 pages. La forme narrative choisie (que des monologues, exceptés quelques dialogues vers la fin) accentue ce sentiment d'assister à une enquête sociologique sur les habitants d'une ville paumée. En plus, le dessin de Mezzo est beau, précis, et les personnages sont souvent face à nous (comme à une caméra), comme s'ils répondaient à une interview. Malgré le malaise qui se dégage du livre, on s'attache à cette bande de désœuvrés. Un livre étrange, dérangeant, très dense et surtout excellent. Une découverte pour moi en tout cas.
Incontestablement, la meilleure BD française du 21ème siècle. Dessin, couleur et ... scénario SVP. Mezzo au sommet de son art ; franchement ce type devrait être reconnu au même titre que Bilal ou Moebius.
Découvert dans l'Echo des savanes, cette BD est la "plus actuelle" sur la description d'une jeunesse à la dérive, en mal de vivre et pourtant "vivante"!!. Un transcription géniale de Rimbaud chez un Bret Easton Ellis flamand : banlieue terne, mère sous Prozac, ados jouisseurs mélancoliques.. C'est eux, c'est nous, c'est un kiffe surréaliste!
Une narration hallucinante, sur le mode de la "BD chorale", des personnages complexes, mal dans leur peau, un réalisme poisseux... Le Roi des Mouches parle de l'éveil dans la douleur à l'âge adulte. On sent que tout cela va nous mener à la catastrophe, sans que l'on puisse encore saisir comment. Du côté graphique, ça regorge de plans somptueux, entre onirisme et réalisme cru.
C'est brillant, point.
Rare de voir une bd aussi ingenieuse !!! un must de chez must !!!
Très prenant ! Bizarre aussi. L'histoire racontée n'a au fond rien de complètement extraordinaire mais on a l'impression d'être dans un autre monde. Le chassé croisé de tous ces personnages inquiétants peut faire pensé à un film comme Short Cuts de Altman. D'ailleur le découpage de la BD est fait de "short cuts". Le dessin assez comics est très bon, les couleurs très dense aussi. Au final j'ai vraiment beaucoup aimé et je conseille.
Charles Burns n'a qu'a bien se tenir !!!
Mezzo et Pirus assurent...
Cette Bd et un Chef d'œuvre Made in France ^_-
A lire absolument !
AL"
Derrière cette couverture assez sobre et intrigante se cache une véritable bombe au niveau scénario et graphisme. Si la couverture est orange, le contenu est bien noir: noir, dérangeant, glauque, malsain, envoûtant et parfois morbide.
Après « Lola Cordova », « Le roi des Mouches » est mon deuxième trip sur papier de l’année 2005 : sexe, drogues et rock’n’roll. Mais à l’instar de « Lola Cordova », dont le trip interplanétaire se situe en pleine fiction, ce trip se situe dans la réalité de notre monde et cela, même si on a du mal à localiser l’endroit. Les maisons, les vêtements, le style de la BD et le culte du déguisement font penser aux Etats-Unis, alors que les voitures et la monnaie utilisée font penser à l’Europe.
Sélectionné pour le prix du scénario à Angoulême 2006, cet album est composé de petites histoires qui peuvent se lire séparément. Les différents personnages se croisent au fil des histoires afin de former un tout très cohérent et abouti. On suit les délires quotidiens de jeunes paumés, bordés par l’ennui, les plaisirs artificiels, le sexe et l’alcool. Coincés dans la banalité de leurs existences, ils cherchent à s’enfuir via l’alcool, la drogue, les anti-dépresseurs et le sexe.
La narration à l’humour très noir tranche comme une lame de rasoir. Le cadrage (face caméra) ajoute un côté malsain et dérangeant à l’histoire. Le dessin fait fort penser à la série « Black Hole », les traits sombres et beaucoup de couleurs, mais sans tomber dans le criard. Le tout crée une osmose envoûtante qui se dégage de ce microcosme de personnages désoeuvrés et dépourvus de toute morale.
Très fort !
Une tête de mouche sur fond orange, un nom étrange – Hallorave – et comme seul repère, un titre : Le roi des mouches. Une couverture mystérieuse et par la même attractive pour les amateurs du style incomparable du plus américain des duos dessinateur / scénariste : Mezzo et Pirus.
Si le titre évoque aux amateurs le roman Sa majesté des mouches, ce n’est pas d’enfants ni d’insectes que nous proposent de suivre les deux auteurs. Encore que leur démarche pourrait s’apparenter à des scientifiques analysant au microscope une série de personnages évoluant dans le cadre d’une ville occidentale quelconque.
C’est dans cette ville que Mezzo et Pirus vont nous entraîner et laisser croître notre malaise au fur et à mesure de nos rencontres avec quelques-uns de ses habitants les plus étranges et paradoxalement les plus anonymes.
Le lieu même du récit ne nous permet pas de nous repérer géographiquement tant cette ville emprunte à la fois aux banlieues américaines et aux nouvelles villes européennes.
Par la suite, le récit de par sa construction continue de nous malmener, nous entraînant au gré des rencontres à la suite de personnages différents. Empruntant ici le schéma propre aux films chorales ( Magnolia, 21 grammes ) Pirus s’amuse à relier tous ses héros les uns aux autres par des liens physiques ( un robot, un masque, des gélules, une carte de visite, des coups ) ou sentimentaux ( envie, amour, désir, colère, dégoût, pitié) tissant ainsi une toile dans laquelle ils viennent se perdre.
Comme on le voit, on ne nage pas spécialement dans la joie et le bonheur et le malaise s’accroît. Et pourtant le lecteur prend un réel plaisir ( celui d’un voyeur ? ) à observer la vie intime de ces quelques protagonistes : Sal, Marie, Denis, Becker, Ringo, Eric. Tous ont en commun un mal-être qu’ils cachent derrière la vitrine superficielle de leur ville , ils sont tous à la recherche d’autre chose et ne semblent trouver ce qu’ils désirent ni dans la drogue, ni dans l’amour ni dans la violence.
La structure narrative s’apparente à celle des derniers films de Tarentino : une intrigue linéaire découpée en séquences mélangées les unes aux autres. Ici ce sont les chapitres qui forment autant de nouvelles pouvant se lire quasiment indépendamment les unes des autres voire ( à essayer ) dans n’importe quel sens. Chacune d’elle suit un des personnages à un moment de sa journée où sa vie bascule, que ce soit par un accident, une rencontre ou une vision. A cet instant et avec eux, le lecteur entrevoit la face cachée, les coulisses plutôt sombres de cette ville à l’aspect tranquille. Pirus rejoint ici David Lynch et ses ambiances à la fois menaçante, poisseuse et glauques telles qu’on les retrouve dans des films comme Mulhoand Drive ou Blue velvet. La dernière case de l’album renvoie d’ailleurs aux premières images de celui-ci..
Mais le scénario ne pourrait à lui seul exprimer cette noirceur, cette menace suintant sous l’apparente tranquillité sans le dessin magnifique de Mezzo. Suivant les traces de C. Burns et de son Amérique tourmentée, il utilise à merveille sa « ligne sombre » pour envelopper ses protagonistes et nous donner l’impression d’un poids qui les écrase. Son trait a évolué depuis Les enchaînés et ses personnages sont moins caricaturaux, pourtant ils ont toujours l’air irréel, comme figés dans le temps. Enfin, il sait parfaitement jouer sur le découpage et la mise en scène pour instaurer un climat oppressant ou mystérieux à une séquence. Le premier chapitre – qui explique le titre de l’album- est en soit une petite merveille avec ses trois héros évoluant avec d’étranges masques dans la campagne puis dans une rave. Les éclairages, la végétation, et le cadrage composent autant de petits tableaux beaux et inquiétant tout droit sortis de l’esprit enfumé d’un de ses personnages.
Bref, le dessin de Mezzo ne fait qu’ajouter à la fois à notre plaisir mais aussi à notre angoisse devant ces individus s’efforçant telles des mouches de s’échapper de leur ville pour finir par s’écraser sur les vitres.
Il reste qu’une fois débuté, cet album se lit d’une traite et donne tout particulièrement envie d’avoir sous la main la seconde fournée de cette foire aux insectes.