Révolution (Grouazel/Locard)
2. Égalité - Livre 1
Une BD de
Florent Grouazel
et
Younn Locard
chez Actes Sud
(L'an 2)
- 2023
Grouazel, Florent
(Scénario)
Locard, Younn
(Scénario)
Locard, Younn
(Dessin)
Grouazel, Florent
(Dessin)
Grange, Joal
(Couleurs)
Locard, Younn
(Couleurs)
Grouazel, Florent
(Couleurs)
01/2023 (04 janvier 2023) 282 pages 9782330171094 Autre format 463111
Seize mois après les événements narrés dans le tome 1, un nouveau chapitre de la chronique grandiose de la Révolution française, mêlant anciens et nouveaux personnages.
Très intéressant cette série je suis Italo-Slovène j'ai toujours était étonné par cette période qui a été terrible pour la France, les français n'en parlent jamais et font la politique de l'autruche lorsque l'on aborde ce sujet. Massacres, atrocités, colonnes infernales de turreau génocide vendéen, bébés empalés sur les baïonnettes ou cloués aux portes, hommes et femmes fusillés ou brulés dans des églises cela me rappelle une autre périodes terrible. Il ne faut surtout pas oublier de telles horreurs. Revenons à la BD. Le dessin me plait beaucoup et les auteurs ont fait de bonnes recherches dommage de ne pas avoir parlé de toutes ces atrocités. Il faut que les générations futures n'oublient pas
un ovni !!!!au top.
vive ces deux bretons qui honorent la bd et l' élèvent au pinacle. c'est un monument que sont en train d'ériger ces talentueux auteurs on attend la suite avec impatience.
Ma chronique sera simple et coutes. Mais comme elle doit faire au minimum 100 caractères, j'en rajoute un peu. Donc voici ma critique : révolutionnaire + celle de Yovo qui a parfaitement résumé ce que je pense de ce tome 2.
« Révolution » est une œuvre à part, une de celles que je qualifie d’expérience de lecture.
L’entame de ce Livre 2 est exigeante, voire difficile. A tel point que le premier chapitre en est presque pénible : trop touffu, trop foisonnant. C’est très compliqué à suivre. Le dessin, génial mais peu précis, n’aide pas à s’y reconnaitre dans cette foule de personnages. Une telle abondance de noms, de surnoms, de révolutionnaires, aristocrates, officiers, royalistes, patriotes, contre-révolutionnaires… est impossible à mémoriser.
Mais dès le 2ème chapitre la magie opère. Le scenario se fluidifie comme par miracle. Tout ce beau monde et l’environnement de 1791 deviennent peu à peu familiers. Preuve d’une construction parfaitement maitrisée, les quatre mains de Grouazel et Locard aident régulièrement le lecteur en glissant judicieusement dans les répliques quelques rappels nécessaires à la bonne compréhension de l’histoire.
Et si je parlais de magie c’est justement parce qu’on se rend compte au fur et à mesure que cet embrouillamini de dialogues, ce tumulte visuel qui faisait du premier chapitre un tel fouillis est tout simplement la meilleure façon de faire vivre au lecteur la Révolution de façon immersive, en temps réel, à hauteur d’homme, jour après jour, heure après heure. Cette confusion prend donc tout son sens et fonctionne comme un dispositif narratif à part entière. Car – et c’est ce que nous démontre magistralement les auteurs – que fut le déroulement de la Révolution si ce n’est cette effervescence, cette incertitude permanente, ce bouillonnement quotidien où tout pouvait arriver à chaque instant ?
Il y a peu d’action dans ces pages, mais il y a des gens. Certains font la Révolution. D’autres croient la faire. La plupart, surtout, ne la font pas. Ce sont eux que les auteurs s’attachent à suivre pas à pas. Non seulement c’est un point de vue audacieux qui tranche singulièrement avec la vision traditionnelle qu’on en avait jusqu’à maintenant, mais c’est aussi très pertinent d’un point de vue historique. Ce décalage est finalement la meilleure position pour observer l’histoire en marche, en saisir toutes les imbrications et les bouleversements qu’elle provoque à chaque échelon de la société sur les gens ordinaires et non plus uniquement sur les grandes figures que les manuels d’histoire ont exclusivement retenues. A part quelques apparitions de Marat ou Lafayette de-ci de-là, et la silhouette quasi muette du roi, aucun acteur historique majeur ne joue les premiers rôles. Juste des gens, des rues, Paris. Les cases grouillent de monde, c’est hallucinant ! Mais les rues, elles, ne sont pas juste des rues : elles sont pavées, pleines de flaques et de fange, bordées de maisons aux pierres apparentes dont on voit les tuiles et les clous sur les portes… Le trait vif, presque esquissé, se pare de texture et d’une densité incroyable. Au-delà de la prouesse graphique, ce n’est pas qu’un décor inerte, planté pour faire joli. Il est vivant, vibrant, mouvant. Comme les 5 cases de la page 210 où Langret se fraye un chemin dans la foule... ou les bateaux de la page 127. Ce sont les deux premiers exemples qui me viennent en tête mais on pourrait les multiplier à l’infini ; c’est un travail de titan.
Quant aux doubles pages qui illustrent chaque chapitre, elles mériteraient toutes d’être sérigraphiées et encadrées. C’est superbe et profondément fascinant !
Le revers de la médaille est que c’est long, très long à lire. Ce n’est pas forcément un défaut d’ailleurs, au contraire quand il s’agit d’Histoire avec un grand H, mais l’amoncellement de dialogues et de détails finit par glisser comme à la périphérie du champ visuel. On est parfois tenté de les passer en lisant un peu plus vite qu’il ne faudrait, juste pour avancer et venir à bout de ce pavé de près de 300 pages. C’est le risque. Personnellement j’ai choisi de prendre mon temps pour ne rien manquer de cet extraordinaire théâtre. J’ai passé plus d’une semaine à le dévorer et en savourer chaque miette.
Les amateurs d’albums ou de séries classiques n’arriveront probablement pas à le lire mais pour ma part, je n’ai pas peur de dire que c’est un des chefs-d ’œuvres de la décennie.