Le retour à la terre
6. Les métamorphoses
Une BD de Jean-Yves Ferri et Larcenet, Manu chez Dargaud - 2019
03/2019 (29 mars 2019) 46 pages 9782205067668 Format normal 361302
Voilà 10 ans que Manu Larssinet, Mariette et tout le petit monde du Retour à la terre n'avaient pas donné signe de vie... Mariette attend un deuxième enfant. Madame Mortemont a appris à utiliser un Samsong ® et envoie des emojis énigmatiques. Manu, lui, part à la recherche de son père sur Internet et décide d'arrêter la bande dessinée. Quant à Philippe, l'éditeur-adjoint, il se lance dans un voyage téméraire en direction des Ravenelles... Un 6e tome qui réserve bien des surprises !
Tout comme le Combat Ordinaire, le retour à la terre est un choc la première fois qu’on s’y frotte. L’histoire est pourtant tout ce qu’il y a de plus anecdotique : un jeune couple de citadins déménage pour s’installer à la campagne et va connaître une intégration pour le moins difficile.
Le dessin est très simple et épuré, mais Larcenet parvient à croquer chaque personnage en quelques coups de crayon bien sentis. Rien de bien transcendant au premier coup d’œil, il peut même paraître fade. Pourtant on est vite happé par le dynamisme de chaque scène et l’expressivité des personnages. Le découpage des planches en séries de cases indépendantes les unes des autres est intéressant car il permet à la fois une lecture sélective et force les auteurs à multiplier les scènes efficaces et les gags courts.
L’humour est présent sur chaque page, dans chaque bulle. Evidemment comme on peut s’y attendre, les stéréotypes des campagnards rudes répondent à ceux des Parisiens stressés et maigrichons. Mais il n’y pas que ça, comme dans le Combat Ordinaire, la tranche des 20-30 ans est extrêmement bien cernée : désabusée, privée de repères et perdue dans un monde toujours plus violent, froid et sale, Larcenet parle de manière subtile et compatissante à cette génération-là. La vraie vie est un tome rempli d’épisodes légers mais souvent révélateurs. Réservé à ceux qui veulent voir la jeunesse comme elle est.
Comme les albums précédents, c'est frais, c'est drôle, léger, malin, avec une grosse dose de dérision jubilatoire et un dessin naïf mais ô combien efficace. Bref, c'est le Larcenet qu'on aime.
On retrouve avec plaisir la galerie de personnages des Ravenelles, 10 ans après le tome 5. Rien n'a changé... ou presque! Si certaines des histoires secondaires sont sans doute moins prenantes, l'autodérision maniée à travers le personnage de Manu fait vraiment mouche!
J'ai à nouveau ri, souri et été ému comme au bon vieux temps des tomes précédents. Quel plaisir de retrouver la galerie des personnages du Retour à la Terre ! A la fois, tout est comme avant, mais tout évolue aussi. De nouveaux personnages font leur apparition, et Philippe de Dargo en sort transcendé. Tout cela est fait en finesse, avec beaucoup d'émotion. J'en redemande encore !
10 ans après... Larcenet/Larssinet nous régale toujours autant avec son Retour à la Terre: une charge poétique forte (le dessin humoristique est plein de délicatesse), une touche onirique qui évolue (les atlantes se font plus discrets et sont remplacés par un père ombreux dans un dédale de cartons), des personnages jusque là secondaires s'affirment (Philippe des éditions Dargaud)...et encore une bonne dose d'humour et d'ornithologie!
Un tome dans la lignée des 5 précédents : c'est toujours aussi frais et je suis content de relire Larcenet sur ce genre d'ouvrage (je suis beaucoup moins fan de ses BD plus noires).
Mais, quelques années après (bien trop longues), ça reste au final plutôt léger, et malgré ma lecture plaisante, je ne pense pas acheter ce tome (et donc continuer la série).