Les reines de sang - Njinga, la lionne du Matamba
1. La lionne du Matamba - 1/2
Une BD de Jean-Pierre Pécau et Alessia De Vincenzi chez Delcourt (Histoire & Histoires) - 2020
09/2020 (30 septembre 2020) 54 pages 9782413022213 Grand format 404701
À la tête d'une armée de guerriers dont les célèbres Amazones, la reine Njinga mène un combat sans merci contre les envahisseurs blancs. Elle décide même de rejoindre la secte terrifiante des cannibales Bangalas afin de contrer un ennemi mieux armé. Elle sait, en fin stratège, jouer de diplomatie pour conserver l'indépendance de son pays face aux colonisateurs trafiquants d'esclaves.
D'un côté qu'est-il arrivé aux pages 31-33, où le frère de Njinga, le roi, est tué, qui semblent hors de place? Elles devraient être après la page 24 et avant la page 25, où tout à coup le roi est mort. La page 34, où Njinga entre dans la maison de Kaza, devrait être après la page 30, où elle est sur le point d'entrer dans la maison de Kaza. Que fut ceci?...
D'un autre côté le scénario est très mauvais...
Pourquoi n'y a-t-il d'année initiale de narration (1621 à en juger par la quatrième couverture)?
Pourquoi n'y a-t-il de lieu initial de narration (Luanda)?
Pourquoi le gouverneur portugais (João Correia de Sousa, après l'histoire) et le principal prêtre jésuite ne sont présentés par leurs noms?
Pourquoi ce gouverneur portugais est appelé "Nuñes" à la page 7 et ailleurs? Il s'agit de João Correia de Sousa, dont Njinga est baptisé "Ana de Sousa" ("Ana" étant le nom de la femme du gouverneur). Tout cela est mal ou n'est expliqué... Elle est appellée "de Sousa", mais le nom du gouverneur n'est jamais dit.
À la page 4 à qui le gouverneur dit-il ce mot, "cabrão" ("bâtard")? Au prêtre? Cela semble hors de propos.
Cette délégation de Njinga à João Correia de Sousa se passe en 1621, au temps de l'occupation espagnole du Portugal, mais à la page 6 le gouverneur dit que toute la baie appartient au roi portugais, João IV, qui régnerait de 1640 à 1656!!...
Pourquoi n'y a-t-il des années de narration partout?
À la page 38, nous voyons le même gouverneur et prêtre depuis le début, mais à cette année (1624) il y avait un nouveau gouverneur, Fernão de Sousa, à Luanda.
Soudain, de nombreux événements importants de la vie de Njinga et de Luanda (au cours de ces années les Hollandais avaient pris Luanda aux Portugais etc.) sont ignorés et nous sommes amenés à 1644 (la seule année écrit), mais tous les personnages se ressemblent!...après ces 20 ans!... Et à la page 53 on retrouve le même prêtre (qui seulement ici est appelé "Carazza") et le même gouverneur depuis le début, mais cette année le gouverneur était Pedro César de Meneses!...
Et à la page 56 c'est quoi ce "Vasconceros" au lieu de "Vasconcel(l)os"?? Et fait Njinga référence à Francisco de Vasconcelos da Cunha, le gouverneur de Luanda de 1635 à 1639? Encore à tort, puisqu'il n'était plus gouverneur...
Et quoi de ces supposés mots portugais? Tous ces événements sont à l'époque de l'occupation espagnole du Portugal, mais à la page 4 nous lisons "cabrão" portugais et ailleurs nous lisons espagnole "doña" "capitán" "lancero" "por diós" "Nuñes" au lieu de portugais "dona" "capitão" "lanceiro" "por deus" "Nunes"...
J'aimerais avoir des explications sur tout ceci. Je voulais une illustration de l'histoire, mais ceci semble tout à fait négligent.
Très mauvais livre parmi cette série (on rappelle cette belle illustration-là de la vie d'Aliénor)...
Si c'est le scénario de Jean-Pierre Pécau, nous ferions ainsi mieux de faire attention à ses autres œuvres...
Il est vrai que dans cette collection des reines de sang, cela manquait une reine africaine bien qu'on est eu droit à la charmante Cléopâtre.
Cependant, c'est l'Afrique noire qui nous intéresse car ce continent est resté bien mystérieux pendant des siècles. On assiste à l'envahissement de ce qu'on appellera plus tard l'Angola par les portugais pour leur commerce d'esclaves, un véritable crime contre l'humanité encouragé par l’Église romaine dans sa volonté d'évangélisation.
On va découvrir Njinga. Je ne peux pas vraiment dire qu'elle est charmante. Elle n'hésite pas à se venger sur des enfants sans défense pour faire subir le mal qu'on lui a fait. Il faut dire que cela sera sans concession. Elle reste néanmoins assez intrigante car elle se converti au catholicisme non sans arrière pensée stratégique.
C'est une première partie assez intéressante sur un personnage méconnu de l'histoire. L'Afrique a bien une histoire contrairement à ce que pouvait penser certains de nos illustres politiciens mais elle n'est pas très enseignée. Et pourtant, c'est très intéressant. Cette reine de sang n'a rien à envier aux nôtres !
Dans le fort portugais, une femme ambassadeur fait une entrée remarquée : une femme ambassadeur ? Les Portugais n’ont jamais vu ça ! Elle refuse de se couvrir comme le lui ordonne un prêtre. Comme on ne lui propose pas de siège pour s’asseoir, elle demande à une de ses exclaves de se placer à quatre pattes pour qu’elle puisse poser son séant de façon digne face au gouverneur portugais. Elle refuse de s’enduire de farine comme le voudraient les colonisateurs qui ne conçoivent pas de parler d’égal à égal avec quelqu’un à la peau trop foncée… Njinga démontre qu’elle a une très forte personnalité. Ce n’est là qu’un début pour les Portugais qui vont avoir fort affaire avec la future reine du Matamba…
Critique :
Jean-Pierre Pécau signe ici un scénario extrêmement intéressant puisqu’il nous fait découvrir une reine africaine totalement méconnue en Europe, devenue une icône en Angola. Il faut dire qu’arriver à survivre dans les conditions qui furent les siennes pour s’éteindre paisiblement à l’âge de quatre-vingts ans, ce n’était pas gagné d’avance !
Le monde de Njinga n’a rien d’un paradis paisible : à la mort de son père, son frère n’hésite pas à massacrer tous ceux de sa famille qui pourraient lui disputer le titre de roi, y compris ses neveux en bas âge, puis il s’arrange pour que ses sœurs, laissées en vie, ne puissent plus jamais enfanter. Ajoutons une tribu de cannibales pour faire bonne mesure et des esclaves dont la vie ne vaut pas grand-chose… Ah, oui, j’allais oublier : le massacre des prisonniers est monnaie courante… Pas d’ONU à l’époque pour condamner ces joyeuses facéties.
Ce livre est une succession de massacres, mais pas que ! L’auteur démontre les qualités diplomatiques et de stratège de Njinga qui va réussir à s’imposer comme reine par la ruse.
Le scénario ne rend que très peu de personnages sympathiques. Il met aussi en évidence la principale raison de la présence portugaise sur place : le commerce des esclaves dont ils ont grand besoin pour leurs plantations et mines au Brésil.
J’apprécie beaucoup le dessin d’Alessia de Vicenzi qui confère un caractère particulier à cet album pour nous transporter en Afrique. Nuria Sayago achevant de conférer des couleurs chaudes à l’ouvrage pour parachever l’ambiance africaine.