Red Room
1. Le réseau antisocial
Une BD de Ed Piskor chez Delcourt (Outsider) - 2022
09/2022 (28 septembre 2022) 208 pages 9782413043461 Format comics 456105
Goblin est un dérangé qui diffuse sur sa chaîne des actes de tortures innommables à l'abri dans les zones d'ombre du Dark Web. Son public le soutient à coup de Bitcoin et de commentaires salaces. Davis Fairfield, lui, enterre sa femme et sa cadette renversées par un ivrogne et se retrouve en charge de sa dernière fille, Brianna. Vous n'êtes pas prêts pour cette Amérique dépeinte par Ed Piskor...
On a ici du shlock gore, gratuit, violent, barbare, bon marché. L'auteur ne s'en cache pas. Il s'est inspiré des couverture de roman-chocs de son enfance pour son ouvrage. Mais est-ce que c'est si pire que ça?
Red Room imagine l'industrie qui se cacherait derrière ces fameuses Red Room sur le Dark Web. C'est en fait une collection anthologique de récits appartenant tous au même univers plus ou moins reliés ensemble et non-chronologique. Pensez à Sin City (les comics tout aussi bien que les films). Déjà là, c'est le genre de composition qui me parle naturellement.
Étonnament, j'ai trouvé le niveau de gore plutôt restreint pour ce que je m'attendais. Le focus n'est pas sur les scéances de torture en tant que tel (même si elles occupent une place de choix dans le récit), mais plutôt sur l'univers qui entoure celle-ci et qui leur permet d'exister. Quelque chose qui aurait pu être gratuit et conséquemment vide de valeur scénaristique s'en sort pas si mal finalement.
Scénaristiquement, bien entendu certaines histoire vont frapper plus que d'autres. J'ai bien apprécié l'analyse de l'auteur de ses propres récits inclus à la fin de l'édition que j'ai pu lire. Ça a dissipé certaines interrogations que j'avais à la fin de ma lecture, mais ça témoigne quand même d'une faiblesse à certains passages.
Artistiquement, c'est du Ed Piskor tout craché. Les dessins sont sublimes, très détaillés. J'aime l'absence de couleur. Je me perd dans les illustrations quelques fois en appréciant chaque détail. Je donnerais 5 étoiles facilement basé uniquement sur ça.
Bref, après avoir lu presque l'intégralité de Crossed, je n'ai rien rencontré ici qui pouvait me retourner l'estomac. Quand même, ça reste pour un lecteur averti.