Reality show
INT. Médiacop
Une BD de Jean-David Morvan et Porcel, Francis chez Dargaud - 2011
02/2011 (25 février 2011) 256 pages 9782505007456 Autre format 122540
Dans ce futur proche, les robots assurent la plupart des tâches répétitives. Ce qui permet aux humains de s'adonner à leur passe-temps favori : l'émission de Norman K. Barron, flic de choc et de charme. Sa nouvelle affaire a déjà coûté la vie à son partenaire, remplacé par Oshii Feal, jeune recrue fraîchement émoulue de l'école de police. Mais rien n'aurait pu la préparer à ce type d'enquête, où priment les rebondissements – audience oblige ! Vous avez manqué le direct ? Ne ratez pas cette rediffusion, en intégrale !
J'ai profité de la récente intégrale pour dévorer d'un coup les 5 tomes composant deux saisons distinctes. Je dois dire que j'ai plutôt bien aimé cette lecture. On arrive tout de suite à sympathiser avec Oshii Feal qui doit faire équipe avec un flic dans une émission de téléréality.
J'ai trouvé que le dessin varie beaucoup d'un tome à l'autre au point de se demander s'il s'agit du même dessinateur. Ainsi , le personnage du propriétaire de Médiacop voit son visage complètement transformé à chaque fois. J'avoue que j'aurais aimé qu'on reste dans la même ligne graphique que le premier tome. C'est le seul gros reproche que j'ai à formuler à propos de cette bd.
Autrement, ce n'est que du bonheur pour reprendre la formule de l'émission qui a marqué à tout jamais l'ère de la TV réalité. Il y a à la fois une réflexion sur la robotique dans le genre des nouvelles de Asimov ainsi que sur le concept même des émissions faites pour divertir le grand public.
Le dernier tome est d'ailleurs un chef d'oeuvre du genre avec un pari tout à fait osé. On se rend compte que l'on sort véritablement de la bd de divertissement pur pour une critique sans appel d'une société manipulée. Bref, une réussite et certainement le meilleur scénario de Morvan.
De prime abord, le dessin de Reality Show est décevant : le trait est parfois grossier avec des visages aux proportions étranges. Mais si on s’attarde un peu, on découvre des scènes d’action parfaitement découpées et l’on sent une vraie recherche sur les expressions des personnages.
Côté scénario, rien à dire pour le premier triptyque : il y a plein de bonnes idées, le tueur est effrayant à souhait et l’intrigue se tient de bout en bout. L’univers médiatique imaginé par Morvan est en béton armé et totalement crédible.
Le diptyque suivant n’est malheureusement pas de la même trempe. Les enjeux religieux font tâche par rapport à la géniale problématique de la Matrice. Plus grave, le choix scénaristique de narrer l’action avant qu’elle ne se passe lui enlève beaucoup de sa force. D’autant que les dires du Producteur ne sont même pas remis en cause, un comble pour une série qui ‘sait’ ce qu’attend le public !
Alors quoi faire de ce RealityShow Mediacop ? Le lire. Pour sa première partie impeccable. Et peut-être même espérer une suite ?