Ralph Azham
1. Est-ce qu'on ment aux gens qu'on aime ?
Une BD de Trondheim, Lewis chez Dupuis - 2011
03/2011 (11 mars 2011) 46 pages 9782800149929 Format normal 122599
Dans son village, Ralph Azham est considéré comme un bon à rien indiscipliné et insolent. Doté d'étranges pouvoirs (il voit les naissances et les morts), Ralph se met à dos tout le village très régulièrement. Pressenti, lorsqu'il était enfant, pour être l'Élu que tout le village attendait, Ralph Azham n'a pas été reconnu par l'oracle... Depuis, il traîne une réputation de paria, jusqu'au jour où il tient tête à La Horde, une poignée de soldats craints comme la peste par les villageois. Commence alors pour lui et pour Raoul, le petit garçon qu'il... Lire la suite
Je suis fan de Trondheim, je l'avoue. Je trouve que c'est un scénariste intelligent qui a un sens de l'humour qui me rejoint. Cela ne signifie pas pour autant que j'aime nécessairement tout ce qu'il publie. Ralph Azham m'a toujours attiré en le feuilletant parce qu'il me rappelait Donjon, grande série que j'affectionne particulièrement. Par contre, en me fiant aux notes et aux critiques qui racontent que c'est peut-être une version inférieure de Donjon, j'en ai longtemps repoussé la lecture.
Eh bien plus maintenant, et je suis très heureux d'avoir commencé! Si les comparaisons à Donjon sont faciles à faire, finalement ça ne se ressemble pas tant que ça. L'ambiance est d'un lugubre particulier, je trouve, et l’univers que Trondheim a créé est loin d'être rose.
Les gens sont méchants, injustes, cruels, tristes, désespérés, manipulateurs... mais aussi en quête de salut, de paix, de raison... ouf! Et à travers ces méandres, de l'humour bien trondheimois. Est-ce qu'on ment aux gens qu'on aime? C'est une excellente question!
Bien sûr, on parle d'élus, il y a de la magie, il y a du surnaturel, il y a des monstres. Et les personnages sont assez complexes, nuancés, hétéroclites, ce qui fait toujours la force d'une BD. Une vraie réussite que ce premier album pour moi. J'espère que la suite saura garder la ligne.
La série démarre pianissimo. Le ton humoristique est là, moins absurde qu'à l'accoutumée, mais résolument décalé, comme toujours chez Trondheim.
Le personnage de Ralph Azham est touchant, malgré son côté "je m'en-foutiste" qui rappelle évidemment un certain Herbert de Vaucanson (principal héros de la série DONJON).
Plusieurs bons passages même si l'album manque un peu de panache (sauf peut-être lors de la scène finale). Il faut un peu de temps pour que l'univers se mette en place.
Le dessin est du pur Trondheim, on est donc en terrain conquis, pas de surprise à ce niveau-là. Pour ma part je l'ai toujours trouvé agréable. Par contre, mention spéciale pour la colorisation qui est juste exceptionnelle.
Si RALPH AZHAM ne révolutionnera pas le genre Héroïc-Fantasy par le monde et les protagonistes qu'il met en œuvre, cette série fera preuve d'originalité grâce au ton cynique et pince-sans-rire typique de son créateur.
Je ne suis pas un aficionados de Trondheim, je n'ai lu qu'un roman graphique dont il n'a fait que la mise en dessin!
Par contre je suis bluffé par ce qu'il a fait avec le 1er tome de Ralph Azham!
C'est vraiment génial, le dessin est poilant, expressif, parfaitement calibré!
Le côté simple du dessin est en fait une sorte de trompe l'oeil qui amène une réelle profondeur visuelle, mais surtout une dimension parfaite à l'histoire!
L'histoire est pour le coup très bien huilé avec des scènes de flashback amenant un début de réponse au Titre-question!
Les aspects humains (relation entre individu, psychologie, difficulté) sont parfaitement rendu et on se projette très rapidement dans le récit!
Bref, je serai présent pour la suite! A lire Absolument!
Une bonne et une mauvaise nouvelle derrière la publication de ce 1er tome de "Ralph Azham" (!!!), entame de ce qui semble se profiler comme une nouvelle série d'heroïc fantasy décalée : la bonne, c'est que cela ressemble bien à un rétablissement complet de notre (très) cher Lewis Trondheim, enfin de retour avec un nouveau travail "grand public", et visiblement en forme quant il s'agit d'inventer un univers original avec de nouvelles règles (le syndrome "jeu de rôle"), comme d'y injecter cet humour tordu et aussi drôle que douloureux qui a toujours été sa force et sa différence. La mauvaise, c'est que cette naissance semble bien signifier la mort du "Donjon", oeuvre maitresse dont on n'avait plus de nouvelles depuis longtemps. En effet, il y a sans doute trop de points communs entre les deux concepts pour qu'ils puissent vivre et s'épanouir en parallèle. En attendant, vibrons et rions aux aventures aussi décalées que violentes (et psychanalitiquement chargées) de ce grand bénêt visionnaire de Ralph Azham, et croisons les doigts pour que la série soit longue...