Ralph Azham
11. L'engrenage
Une BD de Trondheim, Lewis chez Dupuis - 2018
04/2018 (06 avril 2018) 46 pages 9782800174068 Format normal 326815
Revers d'astol pour Ralph Azham ! Après la trahison de Zania, le surintendant souhaite négocier une alliance avec Tilda Pönns. Cette redoutable Bleuie, chef de son clan de rebelles, est une des rares à faire peur au surintendant. Mais il sait que son soutien sera décisif dans la bataille qui l'oppose au préfet Poltosian, son ennemi juré. Tout reste cependant à jouer, car le terrain d'entente sera difficile à trouver. Par ailleurs, les interventions de l'Élu gênent de plus en plus les Grands Prêtres. En sauvant la jeune prophète Hyllie d'une tâche... Lire la suite
L’épisode est, comme toujours bien construit.
Les dessins restent égaux à eux-mêmes, efficaces, simples mais probants.
Il y a, toujours, de l’imaginaire, de bonnes idées, une nonchalance de Ralph qui fonctionne bien…
Mais pourtant, j’ai de plus en plus de mal à entrer dans l’histoire. Ça m’intéresse de moins en moins.
Peut-être parce qu’il n’y a plus d’aventures majeures, d’épopées, de véritable chemin initiatique : Ralph est devenu dirigeant, c’était intéressant de le voir y parvenir. Gouverner, ça m’intéresse beaucoup moins.
Pourtant, on a notre petit lot de surprises mais c’est moins palpitant…
J'aime beaucoup cette série, l'une des meilleures de Lewis Trondheim à mon goût. Mais là, ça commence par se traîner, non ? J'ai l'impression que les mêmes ingrédients que d'habitude (une quête initiatique parsemée d'aventure, de magie, d'humour décalé et de cynisme) pourraient être ressassés à l'infini et que l'aventure pourrait durer encore pendant quinze albums. Alors oui, on a compris, le pouvoir corrompt et noircit l'âme, et Ralph passe encore davantage du côté obscur de la Force dans cet album. Jusqu'à quand ? Je me suis bien amusé avec RALPH AZHAM jusqu'à maintenant, et j'espère que Trondheim aura l'élégance de conclure sa série sans allonger trop la sauce, au risque de tourner en rond et de dévaluer celle-ci.
Un bon album pour résumer (RALPH AZHAM, c'est toujours cool), mais avec des airs de déjà-vu. En espérant un peu de nouveauté dans les prochains (et derniers ?) épisodes.
Voilà déjà 7 ans que nous entretenons une relation ambiguë avec "Ralph Azham", certainement la série la moins convaincante de l'oeuvre désormais non négligeable de Lewis Trondheim... Une série qui semble lui être paradoxalement chère puisqu'on en est déjà avec "l'Engrenage" au onzième tome de cette saga d'heroic fantasy vaguement humoristique, qu'on aura qualifiée au gré de son humeur de "neurasthénique", "répétitive", "stakhanoviste", voire même "hébétée"... mais qu'on continue à lire avec une fidélité un peu inexplicable...
Rappelons le principe : voici le récit a priori interminable des aventures tour à tour familiales, guerrières et politiques d'un héros aux super-pouvoirs paradoxaux au sein d'un univers d'heroic fantasy classiquement moyen-âgeux, qui se trouvera contre son gré hissé au pouvoir quasi suprême. Comme dans "le Donjon" mais en bien moins réussi, on passe sans vergogne de l'aventure la plus classique à la réflexion sur l'inanité du pouvoir, qu'il soit politique ou militaire, de la plus grande confusion morale au désespoir existentiel aigu. Le tout pimenté par le paradoxe du dessin moderne et faussement naïf de Trondheim en complet décalage avec la violence sanglante, parfois même épique, du récit, et par de légères pointes d'humour à froid.
Il faut maintenant admettre que, même s'il nous a depuis longtemps perdus dans le dédale d'une fiction proliférante et souffrant finalement d'une absence de "but" ("un peu comme dans la "vraie vie", non ?" nous souffleront les défenseurs de la série...), Trondheim nous captive à nouveau avec cet "Engrenage" qui s'impose comme l'un des meilleurs épisodes de la série : la relation ambiguë entre Ralph et la fascinante Tilda Pönns retrouve par instant le charme du romantisme embarrassé de "Lapinot", alors que la liquidation brutale des religieux ennemis du Superintendant fait bel et bien écho à certaines scènes équivalentes de "Game of Thrones". Mais ce sont les dernières pages, purement tragiques, justifiant le titre de l'album et réduisant en poussière les victoires passées de Ralph, qui gagnent vraiment notre coeur : il y a dans cette noirceur d'une défaite, inattendue mais inévitable, la promesse d'une fin terrible justifiant enfin les hauts et les bas d'une saga qu'on aimerait voir parvenir à la grandeur...