RIP
6. Eugène - Toutes les bonnes choses ont une fin
Une BD de Gaet's et Julien Monier chez petit à petit - 2023
09/2023 (13 septembre 2023) 93 pages 9782380461787 Autre format 478607
Ils nous bouffent notre pain. Ils piquent nos gagne-pains. Des pains dans la tronche, c’est tout ce qu’ils méritent ! Comment ça, faut que j’me calme !? Vous savez à qui vous avez affaire ? Je suis Eugène ! Et il est pas né celui qui va me dire ce que je dois faire ou pas faire. Je me suis pas tapé des mois de mitard pour qu’une fois dehors on vienne me faire chier. Et pas question que je paie à cause de celui qui a chouravé cette maudite bague. Faut que je la retrouve, ainsi je serai enfin blanc comme neige. Après tout, ne dit-on pas que toutes... Lire la suite
Dès les premières planches du premier tome, la série "RIP" donne le ton ; c'est brut, noir, caustique et sans filtre, d'autant plus avec le métier exercé par nos compères (des “cleaners” en version trash). Ce qui fait tout le charme de cette série, c'est qu'elle est racontée de différents points de vue, le narrateur change à chaque tome et on se confronte aux opinions de 6 personnages, leur façon d'interpréter la réalité, tout en faisant avancer le propos au fil des tomes.
Si le T1 permet d'introduire les grands axes de l'histoire, beaucoup de séquences ne sont pas directement compréhensibles et c'est la suite avec les 5 autres tomes qui nous en diras plus. Le rythme et le découpage sont excellents, les séquences se déroulent parfois dans un ordre non-chronologique, mais la narration et les ambiances (couleurs, lieux, dialogues) font qu'on arrive toujours à situer la temporalité des événements, ponctués par des citations et autres réflexions de personnalités, de films ou de livres entre les différentes séquences. Toutes les personnalités décrites dans chaque tome sont intéressantes, on a différents ressentis selon le personnage.
Ce style de narration ouvre les possibles sur différentes interprétations de la réalité, en changeant de narrateur, nous avons une autre vision de celle-ci et c'est toute la force de la série, nous amener à changer d'état d'esprit pour démêler le faux du vrai.
Le léger reproche qu'on peut faire à "RIP" c'est la répétition de certaines scènes clés, on revisite souvent les scènes importantes avec un cadrage différent, mais les éléments sont déjà connus. Pour une lecture espacée dans le temps, rappeler ces éléments peut être bénéfique, mais pour une lecture rapprochée (moins d’une semaine) de la série en entier, cela devient redondant.
A l'instar du scénario, le dessin est lugubre et macabre, il est excellent et correspond tout à fait à l'ambiance de la série, un certain réalisme se dégage du dessin pour les lieux, les objets. Les personnages sont plus caricaturaux et d'une grande expressivité. C'est une des meilleures série du genre “thriller” que j'ai pu lire ces derniers temps : c'est dense, les personnages sont complexes, le découpage monstrueux et efficace, les détails ont leur importance, La représentation du mouvement est excellente.
Une série qu'il est urgent de lire si cela n'est pas déjà fait, car elle est qualitative sur beaucoup de points ! Il faut juste ne pas trop être dérangé par le trash et le dégoûtant car la série est remplie de moments macabres, même si les personnages représentés de manière caricaturale permettent de se détacher plus facilement de la violence et de l’aspect glauque des illustrations.
Avis global portant sur la série.
'RIP' est une plongée dans un monde sordide, déliquescent et misérable où chacun/chacune essaye à sa manière de s'en sortir. Nous y suivons un groupe de bras cassés ayant chacun ses casseroles et/ou ses addictions se faisant exploiter, par une société plus que douteuse, comme déménageurs d'un genre bien particulier.
L'histoire est découpée de façon méticuleuse et chaque album apporte le point de vue différent d'un autre personnage, sur une histoire de diamant dérobée, à la manière du film 'Rashomon'.
Le ton est ouvertement outrancier, cynique et vulgaire faisant le portrait au vitriol d'un monde qui ne tourne plus rond depuis un petit moment, où seule la loi du plus puissant et du plus rusé prime. Il s'agit du genre de série dont la noirceur imprègne les planches grâce aux dessins et couleurs sombres de Monier. Même si étonnamment il y a un "happy-end" à la fin, je m'attendais à une fin différente pour Fanette qui était le personnage le plus intéressant.
Malgré son manque d'optimisme et quelques clichés de personnages, c'est plaisant à lire en raison de la construction de l'intrigue et des répliques d'humour noir qui parsèment le tout.
Voici la magnifique révélation finale d'Eugène sur cette aventure.
En nous faisant part de son passé énigmatique, il nous dévoile les dernières pièces de ce puzzle.
En combinant tous ces indices, nous serons en mesure de résoudre l'énigme principale, qui implique une collusion entre des agents de police arrogants et des personnalités importantes.
Les cinq premiers albums étaient déjà captivants, mais cet album final l'est tout autant, avec toujours autant de puanteur et de scènes sombres entourées de mouches.
C'est ainsi que ce sixième tome clôt cette aventure.
Néanmoins, est-ce vraiment fini ? En examinant la dernière page, le mystère reste entier quant à une éventuelle suite.
::: SPOILERS :::
Pour un fan de la 1ère heure comme je le suis, difficile de ne pas être légèrement déçu à la lecture de ce dernier tome. Légèrement, ai-je dit. « Eugène - Toutes les bonnes choses ont une fin » n’est pas moins bien que les autres. Mais il n’est pas mieux non plus.
Et c’est justement de là que provient ce sentiment de trop peu.
L’ensemble de la série étant magistralement orchestré depuis le début, le désir d’avoir un ultime volume inégalable, incomparable, finissant en apothéose ce thriller génial, était légitime, voire obligatoire.
On aurait tellement eu envie d’un twist final qui remette tout en perspective et justifie la narration éclatée entre les 6 personnages choisis pour l’incarner ! « L’intrigue » étant résolue dès le 1er chapitre, j’avais espéré un climax, une montée en puissance autour d’un élément nouveau, dont le dernier personnage aurait été la clé. Mais non. Pas non plus d’énigme supplémentaire apportée par la superposition des points de vue. Et c’est là que je rejoins l’excellente remarque du chroniqueur : Eugène, caricature de gros beauf dont le parcours un peu pathos a tendance à excuser la bêtise, n’est pas particulièrement intéressant. C’est évidemment Fanette qui aurait dû clore la série. Elle est de loin le meilleur personnage, le plus réussi, le plus mystérieux, le plus ambivalent, et le seul qui aurait pu (qui aurait dû ?) faire basculer l’histoire.
Alors, dommage ?
Non.
C’est parce que RIP est si bien que j’eus souhaité que ce fût absolument parfait. Mais à défaut de perfection, elle reste une grande série, une de celles qui fait date. Parfaitement écrite, parfaitement dessinée. C’est incontestablement une nouvelle référence de la BD. Ne serait-ce que pour avoir repoussé les limites aussi loin. Mais ne nous y trompons pas, si l’insondable noirceur qui s’en dégage est largement décomplexée, elle est néanmoins indispensable à l’histoire. Et le plus remarquable, c’est que tout un panel d’émotions infuse peu à peu au fil des pages, par-delà la fange humaine si lugubrement mise en scène. Le glauque absolu est atteint, certes, mais avec la manière…
C’est bien simple, à partir de maintenant, pour évaluer le degré de noirceur d’une œuvre, je parlerai de l’échelle de RIP !
Je suis rarement à l'aise avec les albums de fins de série et j'étais inquiet en attaquant cette lecture...
J'ai trouvé que ça démarre un peu lentement, mais on comprend mieux à la fin.
L'album revient bien sur les différents protagonistes (peu sur Maurice), ce qui permet de faire le tour.
Quelques manques de fluidité dans le scénario qui, parfois, m'ont fait revenir en arrière car j'avais l'impression d'avoir raté une page!
Pour cela, l'album ne mériterait peut-être que 4sur5, mais pour l'ensemble de l'oeuvre, je mets 5!
A noter que mon ado, fan de Mangas et pas du tout de mes BD a également adoré l'histoire et ses 6tomes.
Cette polyphonie narrative en 6 volumes trouve ici une fin magistrale.
Le boucle est bouclée, la bague retrouvée, Eugène décrypté et la morale un peu sauvée.
Toutes les bonnes choses ont une fin!