Proies faciles
2. Vautours
Une BD de
Miguelanxo Prado
chez Rue de Sèvres
- 2024
Prado, Miguelanxo
(Scénario)
Prado, Miguelanxo
(Dessin)
Prado, Miguelanxo
(Couleurs)
Ruault, Jean-Luc
(Lettrage)
De la Maison, Éloïse
(Traduction)
01/2024 (24 janvier 2024) 75 pages 9782810218219 Grand format 491160
Février 2017, Irina, une adolescente de 15 ans, est retrouvée morte dans son lit. Les autorités concluent à un suicide, et l'affaire semble rapidement classifiée. L'inspectrice Tabares et son adjoint Sotillo sont en charge de l'affaire, mais ils ne sont cependant pas convaincus par cette théorie. Aussi, lorsqu'ils retrouvent dans la tablette de la jeune fille des photos d'elle nue et un lien avec un mystérieux photographe érotique, l'enquête prend soudainement une tournure glaçante. Miguelanxo Prado, après Proies faciles T1, revient avec un nouveau... Lire la suite
Nouvelle découverte pour moi cette année avec cet album dont la couverture aussi grise qu’expressive m’a attiré. L’espagnol Prado est un auteur installé avec une carrière qui remonte aux années quatre-vingt et a déjà travaillé sur Sandman avec Neil Gaiman.Vautours est le second one-shot sur les enquêtes des inspecteurs Tabares et Sotillo, après un premier tome paru en 2017. Cette fois l’auteur passe en couleur directe (le précédent était en NB), ce qui donne beaucoup de profondeur à ses planches qui restent dans une grisaille reflétant l’âme humaine et l’état d’esprit de ses personnages.
Le concept de la « série » repose sur des enquêtes policières très classiques dont sont victimes des personnes en situation de faiblesse. Après les petits épargnants voici le thème des pédophiles et des réseaux où la bourgeoisie espagnole est impliquée. Ne se drapant pas dans de la fausse pudeur, l’auteur transpose sa révolte dans les idées marxistes de son inspectrice, la très froide mais très humaine Olga Tabares dont le duo avec son acolyte fonctionne à merveille dans de fréquentes joutes où l’on devine un amour platonique effleuré tout en pudeur.
La forme est celle d’un polar social, rugueux, technique, cette remontée de pistes, de fausses pistes et d’interrogatoires où la précision documentaire de la procédure (on est proche des albums de Scala et Eacersall) joue beaucoup dans l’immersion du lecteur. Si on pourra regretter le voile de grisaille qui habille l’ensemble des sublimes planches de Prado (qui est un très grand dessinateur en plus d’être un coloriste appliqué) et un lettrage très informatique peu élégant, le scénario est remarquablement construit en plusieurs phases et plusieurs temporalités croisées. Lorsque les coupables sont (assez vite) découverts, vient le temps de comprendre la profondeur de la corruption qui aboutit à cette mort. Le dessinateur n’implique la pauvre victime que quelques cases en début d’album, évitant le pathos pour se concentrer sur son enquête et les coupables. Cela aurait pourtant pu apporter une touche d’humanité à ce sombre récit proche du nihilisme. Heureusement les personnages du commissariat et de la procédure dans le sens large, mais aussi les pitoyables criminels sont très crédibles et aux interactions subtiles.
Vautours est donc un très chouette récit policier rugueux dont les protagonistes donnent très envie de suivre de prochaines enquêtes tant ils réussissent leur passage dans le monde des policiers récurrents. En espérant un délai moins long qu’entre les deux premiers volumes.
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/03/16/proies-faciles-2-vautours/