Préférence système
Une BD de Ugo Bienvenu chez Denoël (Denoël Graphic) - 2019
10/2019 (03 octobre 2019) 158 pages 9782207142219 Autre format 370131
En 2055, le data de l’humanité est devenu si volumineux qu’il faut commencer à supprimer des données. Toute archive frappée d’un visa d’élimination par le corps des « Prophètes », chargé de ces choix drastiques, doit être détruite. Yves, archiviste humaniste du Bureau des Essentiels, ne peut s’y résoudre. Pour les sauver de l’oubli, il sauvegarde clandestinement certaines données condamnées, plus poétiques que politiques, et les rapporte chez lui pour les stocker dans la mémoire de Mikki, son robot domestique. Une infraction grave aux règles de... Lire la suite
Le postulat de base de ce futur décrit est peu crédible (sérieux, on en sera à compter les gigas de stockage des œuvres ?), mais il permet de développer un récit touchant et des réflexions intéressantes
Un scénario plutôt intéressant sur un futur possible. Un ou deux renversements de situations bienvenus. Un regard touchant sur le rapport entre l'homme et les robots. Graphiquement j'ai eu un peu de mal surtout les couleurs ainsi que la composition des planches trop répétitive (6 cases par planche dont certaines parfois assemblées histoire de varier et des bulles sans âme, on dirait un logiciel pour BD ).
Un bon scénario à la base, en effet bien supporté par le dessin. Mais hélas, la mise en œuvre et la finale ne me semblent pas à la hauteur.
La première partie du livre pose le contexte, construit efficacement l’univers, et la tension monte progressivement (pas besoin d’y revenir ici, la critique de BDGest explique bien les choses). Cependant, plus on avance dans l’histoire, plus elle s’étire à l’infini sans que cela n’apporte rien du tout. Ainsi, en quoi le fait de diluer un combat – certes décisif - dans plus de 70 cases / 23 pages (!) permet « un crescendo dans la tension qui monte subtilement » ? Il s’agit plutôt d’un enlisement, et ce n’est, hélas, pas le seul.
Il y a aussi des incohérences en seconde partie d’histoire. Difficile d’imaginer qu’une jeune fille accepte de vivre sans le moindre contact humain depuis sa naissance. Pas de rébellion, pas de curiosité pour les gens de son espèce, alors que pour tout le reste, la curiosité d’apprendre est bien là, et en particulier pour la pensée humaine et les œuvres qu’elle crée. Le choix d’une solitude finale, le choix de refuser la société humaine sans d’abord s’y être frotté est peu crédible.
Bel essai, mais non validé en ce qui me concerne. Vraiment dommage de ne pas avoir exploité au mieux une si belle idée. Un co-scénariste peut être utile, parfois (souvent). Auteur certainement à suivre dans le futur.
Une des très bonnes BD de l'année 2019 récompensée par le prix ACBD.
Ugo Bienvenu imagine un monde numérique qui sature, un monde robotisé où l'homme a encore une place mais où les robots sont assez proches de nous!
Tout au long de l'album le parallèle avec HAL le robot de 2001 Odyssée de l'Espace est fait et malgré tout, le choix du scénario est de terminer sur une note d'espérance.
Le dessin est somptueux, le monde décrit est cohérent riche et glacial, proche et éloigné. Les dialogues sont soignés. Bref une belle œuvre.
Après Paiement Accepté qui était déjà très bien, Préférence Système confirme que l'univers d'Ugo Bienvenu mérite d'être suivi avec attention!
Ugo Bienvenu imagine un futur où la capacité de stockage des data centers étant arrivée à saturation, le seul critère pour conserver ou non un programme est le nombre de vues qu’il totalise… Des chefs-d’œuvres au taux de visionnage jugé insuffisant peuvent ainsi être condamnés à disparaitre à jamais, effacés en un clic au profit de vidéos débiles de youtubeurs à la mode ! Perspective effrayante et pourtant si plausible… Et ce n’est que le point de départ d’un scenario surprenant et abouti, même si certains lui reprocheront peut-être sa fin évasive.
"Préférence système" est un excellent album d’anticipation, intelligent et bien construit qui pose de bonnes questions, sur le même modèle que « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury, adapté au cinéma par François Truffaut. Mais pas de prises de tête pour autant, les mots sont simples et le plaisir de lecture est bien là ! Notamment grâce à une partie graphique exceptionnelle. Le dessin très réaliste, coloré en larges aplats, découpé le plus souvent en gaufrier de 6 cases, est particulièrement lisible et élégant.
Le travail d’Ugo Bienvenu est énorme, exigeant et sans concession. On l’aime ou on ne l’aime pas ; moi je dis bravo !
Voilà une bonne BD pour moi. Un dessin qui retranscrit bien l'ambiance du monde créé, une critique de notre société actuelle à coup d'aphorismes qui restent en tête. De bonnes surprises aux détours des pages, des phrases qui marquent, une ambiance qui me fait un peu penser à "Bienvenu à Gattaca", bref pour moi une réussite. Le seul point décevant est la deuxième moitié que je trouve plus convenu et moins riche, chaque case était un plaisir à découvrir sur toute la première moitié de la BD quand la seconde se déroule sans parvenir à maintenir le plaisir des dialogues précédents. Même si la première moitié de la BD est clairement un moyen d'exprimer un message via les protagonistes, leur offrant parfois des discours qui sont un peu étonnants dans le contexte de l'histoire, j'ai été très heureux de la lire et de voir dit avec finesse ce que beaucoup d'entre nous pensent sur notre monde actuel.