Le pouvoir des Innocents
INT. Édition intégrale
Une BD de
Luc Brunschwig
et
Laurent Hirn
chez Delcourt
(Long Métrage)
- 2015
Brunschwig, Luc
(Scénario)
Hirn, Laurent
(Dessin)
Hirn, Laurent
(Couleurs)
Guth, Claude
(Couleurs)
Scheid, Gilles
(Couleurs)
11/2015 (12 novembre 2015) 294 pages 9782756077321 Grand format 259185
New York, fin du XXe siècle. L'élection municipale déclenche une flambée de violence et replonge l'ex-sergent Joshua Logan dans le cauchemar du Vietnam. Comment de simples citoyens peuvent-ils devenir des vigiles meurtriers ? Qui manipule qui ? À l'heure où la sécurité devient la clé du pouvoir, New York peut basculer. Pour des millions dAméricains, le temps de l'angoisse commence.
L’action se situe au début du XXe siècle, dans une ville de New York qui s’apprête à connaître des élections municipales aux enjeux importants. Alors que des bandes font régner le chaos en ville, deux candidats s’opposent. Tandis que Gedeon Sikk, le maire sortant, entend répondre à ces émeutes par une surenchère de violence, Jessica Ruppert, démocrate, prône le dialogue et l’écoute de l’autre. Les intrigues qui se mêlent autour de ce passage aux urnes sont nombreuses. C’est dans ce contexte que Joshua Logan, ancien du Viet-Nam, tente d’oublier les horreurs de la guerre aux côtés de sa femme et de son fils. Pas facile, lorsque l’actualité lui rappelle sans cesse ce passé qu’il pensait révolu.
Le pouvoir des innocents est une série qui aura marqué de nombreux lecteurs. La raison de ce succès, mérité, tient dans la profondeur des personnages et dans la façon dont le scénariste, Luc Brunschwig, entremêle les différentes destinées pour livrer un tout cohérent. À la lecture, la crainte est parfois grande de voir les auteurs se perdre dans leur propre intrigue ou décevoir par une fin qui ne serait pas à la hauteur de l’implacable montée en puissance du scénario au fil des cinq volumes. Au final, le dernier tome est sans nul doute l’un des mieux construits qu’il m’ait été donné de lire : toutes les questions trouvent réponse et le final, grandiose autant que cruel et chargé d’émotions, ponctue comme il se doit cette série haletante illustrée par Laurent Hirn avec un talent qui s’affirme à chaque parution.
Un must en matière de thriller politique, riche dans son propos et infaillible dans sa narration.
Je dois reconnaître que je trouve le dessin est un peu « vieillot » : tout est une question de goût; c'est purement subjectif. Passé ce critère, on a affaire à une grande série qu'il faut absolument découvrir.
L’histoire monte en puissance avec un scénario parfaitement huilé. Les transitions entre le passé et le présent des personnages sont très bien agencées avec une maîtrise parfaite de la narration.
La force de cette BD réside dans ses personnages et leurs histoires : la mort d’un être cher, la résurrection, le racisme et les violences urbaines…
Le final est une apothéose qui marquera les esprits de tout bon bédéphile. Le scénario de Luc Brunchwig est à la fois prenant et d’une intelligence rare car il appelle véritablement à une réflexion sur notre société contemporaine.
Note Dessin : 3.75/5 – Note Scénario : 4.5./5 – Note Globale : 4.25/5
L’édition intégrale n’apporte rien de plus que les cinq albums qui la composent. Les parties sont séparées par une page de titre.
Cette série est une référence, d’abord de par son âge, Luc Brunschwig ayant été un des scénaristes phares des débuts de l’éditeur Delcourt dans les années quatre-vingt-dix, à l’époque des premiers albums d’un certain Lauffray ou autre Vatine par exemple… Datée graphiquement, de par des couleurs que l’on faisait à l’époque et un dessinateur à ses débuts (qui progresse à chaque tome), le volume critiqué ici est le premier des trois cycles qui viennent de se terminer et reste totalement novateur dans son sujet comme son traitement.
Dans une ville de New York en proie aux violences et en pleine campagne pour la mairie, une série de personnages très différents, de toutes les strates de la société, vont s’entrecroiser autour d’une machination pour le pouvoir. Entre mafia, politiciens véreux, journalistes et citoyens marqués par une vie difficile, Jessica Rupert, une visionnaire idéaliste, est convaincue que l’intelligence peut conquérir la mairie de New York et rendre aux innocents leur place dans cette société inégalitaire…
Il est toujours compliqué de lire une grande saga avec un dessinateur débutant. Le niveau d’exigence graphique atteint par les jeunes dessinateurs aujourd’hui est sans commune mesure avec une époque où la pression était moins forte, les éditeurs faisaient leur boulot de lancer des jeunes, leur laisser leur chance. Je ne vais pas ici parler du débat actuel autour de la surproduction et du statut des auteurs (pauvres) mais le contexte actuel de la BD fait étrangement échos au sujet comme à la période de publication du Pouvoir des Innocents. Comme dit plus haut, l’aspect graphique ne doit pas vous dissuader de vous lancer dans cette aventure toujours pertinente et ô combien ambitieuse. Laurent Hirn propose dès les premières planches une partition, si ce n’est très technique, très respectable et il atteindra progressivement, avec une amélioration des couleurs dès le premier cycle, un niveau très agréable dans les cycles suivants.
En outre l’exigence du scénario de Luc Brunschwig, très cinématographique et original dans ses cadrages et surtout ses enchaînements, ne le rend pas facile à transposer visuellement. Car outre des effets atypiques que l’on trouve parfois au cinéma (des eyefish ou des perspectives faussées), la particularité du scénario est d’enchevêtrer les récits de manière perturbante au début mais ô combien efficace et intellectuellement motivante. Que ce soient les principaux protagonistes (le sergent Logan, sa femme, Providence le boxeur,…) ou des personnages secondaires, une narration continue l’autre, que ce soit dans le texte ou visuellement. En somme l’auteur utilise (là encore) le décalage entre image et son utilisé au cinéma qui permet d’emmener le spectateur sur des interprétations faussées de ce qu’il voit ou à l’inverse induire des similitudes. Vous l’aurez compris, Le Pouvoir des innocents est un véritable film en BD et pourrait sans aucun doute être transposé à l’écran pratiquement sans retouche.
Les thématiques abordées sont multiples même si elles correspondent à des sujets que l’on traitait fin 80 en BD comme à l’écran. La guerre du Vietnam, le traumatisme incurable, les riches et les pauvres en Amérique, la communication médiatique manipulatoire, tels sont les focus de la BD. Mais dans son aspect multiple le scénario ne s’accroche jamais sur un élément, entrecroisant l’ensemble en une toile cohérente, selon le personnage au manettes du récit à tel moment. Ainsi, l’histoire de Logan prends des aspects de film militaire alors que celle de Providence a l’image d’un film carcéral. Et ainsi de suite. En solo ces intrigues auraient été juste intéressantes, mélangées elles créent une dynamique qui immerge le lecteur dans sa complexité. On pourra néanmoins regretter un côté mièvre un peu insistant dès qu’il s’agit de Jessica Rupert. Un univers de bons sentiments un peu appuyés, qui restent cohérents par contraste avec la dureté des vies de ces « innocents » mais agace un peu la lecture par son côté premier degré.
Au final, avec ses défauts graphiques comme scénaristiques, Le Pouvoir des innocents reste une BD touchante par l’implication de ses auteurs, par le travail visible de Laurent Hirn, par son engagement politique réel. Comme toute l’industrie culturelle la BD a tendance à freiner ce qui peut sortir du consensus du loisir. Des BD comme celles de Luc Brunschwig ou Wilfried Lupano nous rappellent que l’imaginaire, le thriller, ne sont jamais aussi intéressants que lorsqu’ils se rattachent au réel et abordent des thématiques d’actualité et investissent le champ politique. Cette BD est un hymne à l’utopie politique, à changer le monde, à renverser la table des injustices d’un capitalisme triomphant. Merci aux deux auteurs de nous proposer cette bouffée d’espoir.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/06/14/le-pouvoir-des-innocents-cycle-1/
"Le pouvoir des innocents" est incontestablement une très grande BD ; une grande œuvre tout court qui mérite 4,5/5 minimum – puisqu’il faut la noter. Car bien sûr, ce n’est pas parfait ni en termes de dessin ni en termes de scenario mais il serait mesquin et peu respectueux de pinailler sur des détails. Le travail des auteurs sur ce titre est exceptionnel. Il se dégage de cette intégrale une intelligence rare, une construction brillante, un équilibre idéal entre l’action, la réflexion, l’émotion qui ne peut que susciter l’admiration !
Excellente série. Intrigues politiques, complots, une Amérique au bord du gouffre, un héros tourmenté et totalement félé... Que du bon !
Le graphisme est très soigné et les dialogues bien tournés.
J'ai découvert cette série par hasard sur conseil d'un vendeur et je la conseille vivement.