Le pouvoir des Innocents (Cycle III - Les enfants de Jessica)
1. Le discours
Une BD de Luc Brunschwig et Laurent Hirn chez Futuropolis - 2011
05/2011 (06 mai 2011) 34 pages 9782754803533 Grand format 125488
Le Pouvoir des innocents se passait en 1997 et évoquait l'accession à la tête de la ville de New York, de Jessica Ruppert, grande humaniste. Nous sommes maintenant en 2007, Jessica, leader de l'opposition démocrate, est devenue la secrétaire aux affaires sociales du nouveau gouvernement, et de surcroît son premier membre ! Elle s'apprête à prononcer dans l'hémicycle du Congrès à Washington, un discours qui s'annonce déjà comme historique ! Toutes les télévisions et radios sont en place, les citoyens à l'écoute, ses ennemis à l'affût. Pour opérer... Lire la suite
J’avoue avoir accepté assez difficilement l’idée d’une suite au Pouvoir des innocents. Cependant, étant assez ouvert par principe et surtout ayant eu la garantie directe que c’était bien voulu dès le départ, je me suis plongé dans cette lecture avec enthousiasme mais non sans un certain esprit critique qui me caractérise.
L’originalité est la sortie presque simultanée de deux séries parallèles, l’une se situant après l’attentat dont on attribue à tort la responsabilité à Joshua et l’autre se situant 10 ans après. Alors que Jessica paraît assez âgée et fatiguée dans la série mère, on la voit mal rempiler au gouvernement des Etats-Unis bien des années après ! Mais bon, passons !
Ce qui tue un peu l’intrigue, c’est le fait de savoir d’emblée que Joshua ne sortira pas de sa prison alors que c’est, je crois, tout l’enjeu de la seconde saison. N’aurait-il pas été plus judicieux de terminer tranquillement la seconde saison avant d’entamer la troisième ? Cette question mérite d’être posée.
Sur le fond, les enfants de Jessica nous présentent une Amérique bien étrange qui ne correspond pas à celle que nous connaissons en 2007. Là encore, il aurait été judicieux de mettre une date plus éloignée dans le futur mais cela aurait posé l’épineux problème de l’âge de Jessica. On devine tout doucement que ce personnage dont les desseins sont parfaitement louables doit cacher une face bien plus sombre.
Le seul gros reproche que je ferai, c’est que j’ai constaté que l’action avance assez doucement dans cette troisième saison comme pour mieux installer une nouvelle intrigue. C’est intéressant car on se tourne vers le personnage d’Amy dont la psychologie est assez fragile. Cela promet !
Pour le reste, je me répète un peu : le scénario est diablement efficace avec une absence de temps mort et le dessin est correct. Le tout forme une série qu’on suivra avec plaisir ne serait-ce que pour la vision d’un nouvel aspect social et économique avec une autre alternative au capitalisme sauvage.
N'ayant pas lu le cycle précédent du 'Pouvoir des Innocents', c'est sans à prioris que je me suis lancé dans ce nouveau cycle, attiré surtout par les dessins de Hirn, parfaitement réalistes et adaptés au genre.
Ce premier tome est vraiment excellent et présente une véritable intrigue politique voire une analyse sociologique des Etats-Unis d'aujourd'hui même si la bd se veut avant tout une nouvelle uchronie. Belle démonstration aussi de la difficulté de faire accepter des avancées sociales intelligentes, freinées par de vieux décideurs ignorants. Ainsi, Cette idée de Jessica Ruppert de mettre à la dispostion de familles socialement défavorisées des immeubles abandonnés! Imaginons un seul instant une proposition de la sorte de la part d'Obama, il serait vite taxé de communiste ...
Bref, série riche, intelligente, fouillée sur un dessin sans faille, que demander de plus.
200 propositions pour sortir les Etats-Unis de l’impasse sociale, telle est le "New Deal" que Jessica Ruppert veut proposer au Congrès américain. Mais le changement est trop radical même pour une Amérique au bord de l’implosion ; à la nécessité de redistribuer les richesses d’un pays en crise répond l’immobilisme réactionnaire de ceux pour qui l’ordre des choses ne doit pas être troublé.
Un album (trop) court où graphiquement, le réalisme de Laurent Hirn sait parfaitement rendre compte de l’existence somme toute très ordinaire de la plus part des personnages et de la réalité du monde dans lequel ils évoluent. Toutefois, la (relative) candeur du trait et surtout la mise en couleur l’empêchent d’exprimer pleinement l’animosité ou la violence qui habite certains personnages ou caractérise certaines scènes.
Mais au-delà des protagonistes, c’est le contexte dans lequel ils évoluent qui donne toute sa force à cette histoire. En à peine 40 pages, Luc Brunschwig nous livre un scénario qui trouve dans l’actualité anglo-saxonne un écho pour le moins troublant. Au-delà de sa propre perception du devenir des Etats-Unis, il est vraisemblable que Luc Brunschwig s’inspire - pour une large part - des récents évènements d’Outre-Atlantique et de la fin de non-recevoir auxquelles se heurtent les avancées sociales voulues par les Démocrates…"Les enfants de Jessica" semble vouloir dépeindre les limites d’un libéralisme qui depuis un soir de novembre 89 semblait être le seul modèle économique possible. Mais sa propension à vouloir capitaliser ses bénéfices tout en mutualisant ses pertes…pourrait lui être fatale !
Un album qui une fois lu, impose (volontairement ou non) une certaine introspection sur notre développement économique et social à l’aube du XXIème siècle.
A lire.
Cet album m'a passionné.
Le dessin réaliste de Mr Hirn est magnifique, avec une réelle capacité à bien faire ressortir les sentiments.
Le récit, qui est pour moi un tome d'introduction, un premier chapitre, est dense, en tout cas je l'ai ressenti comme cela.Entre un survol des nombreux personnages et la description du contexte social et politique, il n'y a pas de temps mort. Le principe de la voix off m'a bien plu, permettant de suivre la mise en place de l'évènement politique tout en rebondissant de lieux et de personnages.
Une narration de qualité pour une BD qui aborde des idées, des thèmes et des concepts qui sont d'actualité (je pense qu'ils l'ont toujours été et le seront toujours),un récit plein d'humanité (y compris la face obscure).
En tout cas pleins d'envies pour la suite, et j'ai bien l'impression que la présence relativement importante d'Amy n'est pas du tout gratuite.