Philémon (Nouvelle édition)
16. Le Train où vont les choses...
Une BD de Fred chez Dargaud - 2013
02/2013 (22 février 2013) 37 pages 9782205037418 Grand format 181253
Le train où vont les choses est le 16e tome de Philémon, la série chef-d'oeuvre de Fred... Le train où vont les choses s'ouvre sur Philémon et Barthélemy découvrant une locomotive perdue en pleine campagne, au milieu de ce qu'ils prennent pour un épais brouillard. Le conducteur leur explique qu'il s'agit en fait de la vapeur qui s'échappe de la machine. Or, c'est justement grâce à cette vapeur toute particulière, la « vapeur d'imaginaire », que la locomotive fonctionne... car, dans ce 16e épisode, Philémon et Barthélemy se trouvent face au dernier... Lire la suite
Vingt-six ans. Vingt-six ans qu'il aura fallu pour que Fred termine cette histoire. Et ensuite, deux mois plus tard à peine, comme s'il était enfin soulagé de ce dernier fardeau qui lui pesait, Fred nous quitte...
Parce qu'en fin de compte, combien de pages auront été dessinées, au crépuscule de sa vie? Fred avait déjà dessiné une vingtaine de planches avant d'abandonner le récit toutes ces années, et les sept dernières planches de l'album sont extraites du « Naufragé du A »... Ça n'en laisse plus beaucoup.
Mais l'album est sorti. Il fallait qu'il sorte. Carburer à l'imagination, ce n'est pas toujours facile. Philémon passe très peu de temps dans le monde des lettres de l'océan, contrairement aux autres albums. Il cherche à y retourner, comme il l'a souvent fait, mais pour cette dernière fois, ça prend du temps. Le tunnel est sombre, la lumière s'éloigne...
Qu'importent vos préférences en BD, qui pourrait dire que Fred n'a pas réinventé le 9e art? Qui pourrait dire que Fred ne marche pas aux côtés des géants? Qui pourrait dire que Fred n'a pas inspiré une génération de lecteurs?
En préface, on apprend que Fred aurait dit ceci : « Je suis passé direct d’un hôpital à l’autre. Hop! J’avais l’impression d’être une balle de tennis noire, en deuil, qui passait d’un raquette à l’autre. Dans l’ambulance, j’étais furieux parce que je voulais absolument finir cette fameuse histoire, ‘Le train où vont les choses...’ »
Elle est finie, Fred. Elle est finie.
Merci.
ernier album de Philémon et dernier album tout court pour Fred. Il en a bavé le moustachu pour le finir. Lorsque, sous sa plume, est apparu sur planche la Lokoapatte, Fred a été en panne sèche pendant plusieurs années. impossible de poursuivre. Le corps et le cœur lui faisait défaut.
Et puis, il a redémarré un beau jour. Pis c'est reparti. Doucement, fébrilement, avec angoisse. Fred et la Lokoapatte....le même personnage. Il a repris la voie de l'imaginaire. Il faut dire qu'il n'en pouvait plus. C'est compliqué de trouver encore et encore de belles idées, des dialogues savoureux, des contre pieds d'histoire et de la poésie. C'est difficile de dégager d'une page blanche, une ambiance lunaire, des dessins bouffis de superbes et de naïveté, de l'inventivité à raconter l'histoire par toute une planche flanquée de cases. C'est dur de faire croire que tout est simple aux lecteurs alors que cela ne l'est pas.
La fin du chemin est donc ici et "Le train ou vont les choses" ( quel titre extraordinaire et en même temps si prophétique pour ce qui est après la vie) résonne comme une œuvre testamentaire. Et cette résonnance n'en est que plus sublime.
Il est difficile de clôturer une série phare. Beaucoup se sont plantés. Fred y réussit parfaitement bien. Pour que la Lokoapatte fonctionne et que l'univers ne périclite pas alors il faut raconter encore et encore les histoires de Fred, les relire encore et encore et alors l'univers perdurera. Alors, oui, c'est triste. Fred condamne Philémon à raconter pour l'éternité. Fred est un faux heureux. Mais c'est beau car le final donne envie de retourner au 1er tome pour le relire et puis les autres ensuite. Et ainsi Fred devient éternel.
Merci monsieur moustache. Merci pour tout.
Je n'ai jamais été un grand fan de Philémon, mais je le lisais toujours avec plaisir dans Pilote pour sa poésie et son non sens. Ce dernier opus tant attendu rappelle tous les heros de la série pour une fin en pirouette un peu facile mais qui a l'intérêt de boucler la boucle.
Et la dernière invention annoncé depuis longtemps est à la hauteur puisqu'elle marche à l'imaginaire.
A lire pour donner envie de retourner à la suite du commencement.
Fred est un génie. Je ne dis pas ça par nostalgie, non... Oui, c'est vrai, il a bercé mon enfance de son trait noir et vif. Mais, par ce trait et par la magie qu'il transportait, il a fait de moi ce goulu de bandes dessinées que je suis désormais.
Philémon est un sommet de poésie psychédélique. Je pense que ses histoires sont intemporelles, même si les dessins (et surtout les couleurs) marquent bien l'époque de sa création.
Retrouver Philémon aujourd'hui, alors que pas une de ses aventures précédentes ne m'a échappé, c'est une grosse bouffée d'émotion qui me transporte. Savoir que Fred a commis cet album avec une santé qui l'emportera bientôt sur l'une de ses lettres de l'océan atlantique, ça renforce encore l'émotion.
Malgré ça, malgré l'âge et le temps qui a passé, Philémon est, dans cet album, toujours porteur d'une poésie onirique. Si le message n'est pas toujours positif, il reste porté par la bonne humeur et un trait vif, infatigable et nerveux.
Fred tire sa révérence par un retour aux sources.
Toi qui es trentenaire, ou plus jeune, si tu veux rêver, reprends l'aventure au début, laisse tes préjugés et immerge-toi dans cet univers que nul n'a su remplacer.
Fred est un génie et il restera pour moi au panthéon des créateurs de rêve. Il côtoie Gotlib au rang de ceux qui ont inspiré les jeunes auteurs mais qui n'ont jamais été égalés dans leur créativité.