La peur géante
3. La Guerre des abysses
Une BD de
Denis Lapière
et
Raùl Arnàiz
chez Ankama Éditions
(Les univers de Stefan Wul)
- 2016
Lapière, Denis
(Scénario)
Arnàiz, Raùl
(Dessin)
Richard, Stéphane
(Couleurs)
Arnàiz, Raùl
(Lettrage)
Varanda, Alberto
(Couverture)
Manchu
(Autres)
Wul, Stefan
(Adapté de)
02/2016 (26 février 2016) 48 pages 9782359109207 Grand format 273932
L'heure de l'ultime confrontation a sonné : en décryptant le langage Torpède et en créant les Méduses, des submersibles capables de résister aux attaques électriques, l'équipe militaire de Bruno pense pouvoir atteindre le point d'émission du flux qui brouille la structure moléculaire de l'eau et qui menace l'humanité d'une extinction finale. Cette dernière frappe contre les Torpèdes sera décisive mais c'est une mission-suicide dont la plupart ne reviendront sans doute pas.
Quelle déception que ce tome 3 qui vient conclure cette série en 3 tomes qui adapte un des romans de Stefan Wul.
Tout d'abord le dessin absolument pas au niveau, c'est simple le changement de dessinateur saute aux yeux, on a même parfois le sentiment que certaines planches n'ont pas été terminées avant leur passage à la couleur.
Ensuite, même si l'histoire est très manichéenne, c'est surtout la conclusion de l'histoire qui me chagrine. A la fin de la Bd j'attendais un petit A suivre, mais non il n'y a bien que 3 tomes, bref de quoi rester sur sa faim.
Quel dommage, les 2 premiers opus étaient pourtant vraiment bon...
les 2 premiers tomes m'ont beaucoup plus malgré une certaine réticence sur le style de dessin de mathieu reynes mais au final j'avais été conquis.
pour ce dernier tome je trouve la reprise du dessin par raul arnaiz bien en dessous (c'est plat, sans détails, statique).
La colorisation ne relève pas l'ensemble (nouveau coloriste), c'est trop coloré et ça manque cruellement de contraste pour donner de la profondeur au dessin.
Au niveau scénario on enchaîne des scènes d'action militaire sans réellement creuser l'ensemble.
Cette conclusion est donc fade, sans surprise et décevante.
Le tome 2 était tout en psychologie reaganienne ? Le tome 3 sera un feu d’artifice ! Il y aura des pleurs, du sang et des larmes et vous allez voir ce que vous allez voir !!! Hélas, pour le lecteur, tout est du déjà vu si l’on connait bien les faiseurs de film à la Georges Pan Cosmatos (Rambo 2 et 3) des années 80, et l’on ne frémit pas une seule seconde.
La faute au roman de Stefan Wul trop manichéen ? Certes. L’auteur, à l’incroyable imaginaire, était aussi un homme de son temps. Ni idéaliste, ni idéologue, Wul était, comme beaucoup de français de l’époque, plutôt colonial et craintif de la guerre froide. Certes donc, mais pas seulement.
Denis Lapière est, lui aussi, un homme de son temps. De notre temps. Il aurait pu, grâce aux multiples pistes offertes mais pas utilisées du roman, construire une adaptation autrement plus riche que la simple notion de bien et de mal. Il n’en fait rien. Pire encore, il en rajoute.
Ici, les militaires sont des altruistes (pléonasme ?). Alors que le peuple mondial est assuré d’extermination et crevant la dalle sévère, les voilà nanti à profusion de haute technologie couteuse au plus haut point. Leurs valeurs humaines sont si infinies, qu’aucun d’entre eux ne doute du cap à tenir : exterminer avant d’être exterminé. Et on ne peut que rire sous cape lorsque ceux-ci hurlent un « Yeaaahh ! », en rang par deux derrière leur général, à la vision des lasers de satellite qui défoncent leurs ennemies en même temps que tout l’écosystème de l’océan. . Même que le général « Dobey » est triste d’annoncer à son généralissime à lui :-« il faudra peut-être négocier… » Tout cela est peut être légitimé par le propos haineux du dernier Torpède emprisonné ? En tout cas cela légitime le prosélytisme du scénario pour Denis Lapière visiblement.
Le lecteur que je suis est déçu voire même triste. Oui, c’est vrai, il est difficile d’adapter un roman déjà très bancal, bourré d’abracadabrantesques situations (notamment le retour de Bruno à la surface). Mais, ce n’est pas le pire roman dans l’œuvre de Stéfan Wul. « Odyssée sous contrôle », « la mort vivante » le sont bien plus… mais il est navrant de lire un scénariste, aussi talentueux d’habitude, à ne pas essayer de dépoussiérer, de rendre contemporain une histoire qui possédait de vrais thèmes d’aujourd’hui sous-jacent à l’intrigue principale. Pire encore, d’en exagérer le propos des méchants qui sont vraiment méchants et les gentils qui sont si gentils.
Et lorsque Bruno murmure un « Désolé, je suis désolé » dans le musée des horreurs…j’ai l’impression que c’est Denis Lapière qui me le murmure à l’oreille.
Mention spéciale toutefois à Raul Arnaiz qui reprend sans faute la patte si singulière de Mathieu Reynès. Il nous livre, par ce mimétisme réussi, une lecture visuelle sans heurt véritable entre les trois tomes. En plus, il y a un très joli clin d’œil à « Pacific Rim » bien foutu et au bon moment.
A lire donc si vous aimez Stalonne période « Cobra », sinon foncez sur « Niourk », « retour à zéro » et « Le temple du passé ». Surtout ce dernier !