Les petits riens de Lewis Trondheim
6. Deux ou trois mois d'éternité
Une BD de Trondheim, Lewis chez Delcourt (Shampooing) - 2013
06/2013 (05 juin 2013) 128 pages 9782756040417 Autre format 190871
Le chat a disparu ; une italienne fait le signe de croix dans l'avion pour Montréal ; l'hôtel de Rio conseille vivement de ne pas rentrer à pied la nuit ; l'écosystème bouleversé, les requins longent les plages de Récife... Deux ou trois mois d'éternité ou comment Lewis Trondheim semble plus angoissé que jamais, mais toujours avec ce solide sens de l'autodérision qui le caractérise.
Au sixième tome des "Petits Riens", le lecteur aurait parfaitement le droit de se lasser de ces chroniques du "pas grand chose" que Trondheim nous offre avec une régularité que l'on imagine découlant du remplissage régulier de ses carnets de croquis qui l'accompagnent visiblement partout. Si ce n'est pas le cas, c'est évidemment parce que ces petites choses sont ce qui reste vraiment de nos vies, ou mieux encore, constituent notre essence, bien plus que les grands événements qui font les romans ou les films, ou les grands drames, heureusement rares dans la vie de l'homme occidental. Depuis quelque temps (on se souvient que le thème du cinquième tome était justement les voyages...), Trondheim pimente en outre le récit de sa vie de couple, de père et de "professionnel de la BD", par des instantanés de ses nombreux voyages autour du monde. Mais là aussi, il s'attache avant tout aux micro-détails, aux sensations ténues, offrant pourtant un faisceau de points de vue pertinents sur les pays visités (évidemment, on est plus touché quand on connaît soi même les pays visités : ici, quelques jolies pages sur Buenos Aires ou sur le Brésil enchanteront ceux qui vivent en Amérique du Sud ! On appréciera le soin croissant avec lequel Trondheim dessine des lieux, des oeuvres d'art, des objets, en de belles pages qui ponctuent allègrement ce nouveau carnet, qui est une parfaite réussite... comme toujours !
Des petits riens toujours aussi jouissif, et sans prétention, mais surtout des dessins croqués sur le vif très expressifs.
Addictif !