Percevan
17. La Couronne du Crépuscule
Une BD de Jean Léturgie et Luguy, Philippe chez Éditions du Tiroir - 2021
11/2021 (12 novembre 2021) 46 pages 9782931027400 Format normal 436953
Cinq personnages, le Duc de Rochecombe, le Seigneur de Blorimond, le mage Mabon, la Comtesse Cordille et Percevan sont contraints par le vieillissant Roi au pouvoir déclinant, de retrouver la Mythique Couronne du Crépuscule disparue depuis des siècles. Elle futA jadis coiffée par le premier monarque du Royaume, KONOGAN, et redonnerait tout sa puissance à celui qui la porterait. Cette couronne sera le sujet d'une quête au cours de laquelle Percevan devra composer avec les ambitions et les rêves de tous...
Avis sur l’ensemble de la série, découverte sur le tard et lue d’une traite : WAOUH.
J’ai vraiment loupé quelque chose dans ma jeunesse… pas grave, j’ai bien rattrapé et pris du plaisir ces dernières semaines.
Alors : c’est vraiment du tout bon !
Déjà, la base, ce sont les excellents scenarii, qui sont en pleine veine médiévale-fantasy, à tendance un peu Dark/gothique, voir apocalyptique. Nous avons souvent un gros méchant (ou un groupe de vilains) qui veut mettre la main sur un artefact magique surpuissant pour dominer/détruire le monde.
Ces antagonistes, qui sont récurrents et bien travaillés, travaillent des fois ensemble ou s’affrontent.
Ce qui est intéressant également, c’est que parfois des méchants deviennent gentils ou inversement, les alliances se font et se défont au gré des circonstances.
Les histoires ne sont jamais très compliquées mais peuvent s’étaler en cycles, pour mieux développer les intrigues et rebondissements.
Les héros bénéficient souvent de chance mais triomphent quand même la plupart du temps grâce à … leur ruse. Hé oui ! Ce n’est pas bas du front à la Conan, on arrête la menace d’un coup d’épée bien placé (même si Percevan se défend bien, il l’emporte rarement grâce à la force).
Les résolutions sont bien trouvées, Percevan ou Kervin se montrant tout simplement plus malins, prenant les méchants à leur propre jeu. Ça, j’ai beaucoup aimé aussi.
Nos méchants sont bien détaillés mais le panthéon des personnages, d’une manière générale, est de grande qualité. Nos 2 héros font une paire exceptionnelle, Percevan étant le parangon du héros classique, sans peur et sans reproche, la pointe d’esprit et d’humour en plus. Kervin prend quand à lui beaucoup de place très vite dans le duo et sauve les miches de son ami plus d’une fois. Lui n’est pas sans peur mais reste d’une fidélité inébranlable à Percevan, malgré leurs désaccords fréquents (celui-ci court systématiquement au secours de n’importe qui et n’importe quoi, parfois pour son malheur, sans écouter Kervin). Ce dernier tient le rôle de sidekick comique dans la série, avec Guymli le petit compagnon animalier (qui, sur plusieurs albums, se montre d’une importance capitale, c’est à souligner).
Pour finir, les autres personnages sont souvent ambivalents, gentils ou méchants selon les moments, le pouvoir pouvant déstabiliser les caractères et penchants (hormis les proches de Percevan comme messire Guillaume et les domestiques).
Côté dessin, maintenant : LE gros point fort de la série. C’est beau et dément, somptueux ! Luguy a un trait unique, difficile à qualifier : c’est à la fois hyper détaillé pour les décors, très franco-belge (école de Marcinelle) niveau personnages et faciès, et le tout est d’inspiration celtique/bretonne.
Certaines planches sont somptueuses et fourmillent de détails, avec des clin d’œils ou des surprises savoureux en arrière plan. Souvent, on voit Kervin faire des bêtises avec Guymli, c’est très drôle. Quand il y a profusion de personnages dans une case, il n’est pas rare d’en voir certains faire des choses assez incongrues ou marrantes.
Les scènes de batailles sont excellentes et bien rythmées, fluides et limpides.
Néanmoins, le must, ce sont les scènes apocalyptiques, souvent vers la fin des albums, quand les forces maléfiques se déchaînent et que le dénouement final approche. Les ambiances sont dingues, les dessins d’une audace folle, les couleurs sublimes. On a des vortex, des Tourbillons, des maelströms qui explosent dans les planches et subjuguent le lecteur.
D’une manière générale, les ambiances sont dingues. Les scènes de mauvais temps, de pluie, de fournaise, etc. Sont remarquables de réalisme.
Le trait a évolué au fil des décennies mais reste encore aujourd’hui très digne.
C’est un must, un incontournable de la fantasy dans la BD FB, au même titre que la quête de l’oiseau du temps, Lanfeust, Donjon, etc. On est plus dans du médiéval fantasy, c’est tout.
Je trouve injuste que cette série soit par trop méconnue, elle mérite plus de visibilité. Personnellement je suis passé à côté pendant 2 décennies parce que je n’ai jamais vu les albums exposés dans les librairies où j’allais, contrairement aux séries citées précédemment, malgré des dates de sorties que je vois correspondre aux moments où j’allais déjà fréquemment acheter des BD…
Si j’ai un cycle à proposer à quelqu’un qui souhaite découvrir la série sans tout acheter, la crème de la crème est le cycle de Malicorne, le seul à avoir eu droit à une intégrale. On est là au sommet narratif et visuel de la série.
Un Must, vous dis-je.
Ouf. Le pire Percevan à ce jour.
D'abord, en quatrième de couverture du tome 15, Dargaud indiquait déjà que le prochain tome à paraître s'intitulerait "La Couronne du crépuscule". Ce tome, en fin de compte, n'est jamais paru chez Dargaud. Pour le tome 16, alors que la série est reprise par les Éditions du Tiroir, on a eu droit à une autre histoire. Mais le Tiroir indique lors de la parution du tome 16 que le tome 17 est déjà en cours de préparation! C'est, bien sûr, ce que sera enfin la Couronne du crépuscule, dont l'histoire avait, j'imagine, déjà été conçue et peut-être même en partie écrite alors que Percevan résidait encore chez Dargaud.
Bon! Commençons par le dessin, pour une fois. J'ai déjà dit que je trouvais souvent les visages de Luguy étranges, et ici, c'est le comble! Vraiment, les visages sont souvent difformes ou étrangement dessinés, et pas toujours uniformes. D'ailleurs, Kervin a de plus en plus souvent ce sourire sardonique qui le fait paraître carrément méchant. Il y avait déjà deux ou trois tomes que ça avait commencé, mais ici plus souvent que jamais Kervin a franchement l'air mauvais. Il y aussi quelques cases avec un TCHAC qui ne montrent pas l'action mais seulement quelques gouttes de sang pour nous laisser imaginer, mais qui donnent plutôt l'impression d'être extrêmement bâclées et grossièrement ratées.
Quand on parle de paysages ou de décors, par contre, ou encore de scènes imaginatives (le chevalier noir, par exemple), Luguy est encore capable de nous surprendre. Mais les couleurs de cet album sont affreuses. Je n'ai pas du tout aimé les couleurs, et je ne sais pas si c'est de la faute à Fabien Rypert ou à l'imprimerie, mais ce n'est pas très agréable à regarder.
Côté histoire, ça ne fonctionne pas mieux. Le roi réunit quelques personnages dont Percevan pour retrouver une couronne, mais les personnages sont peu crédibles. Dans la scène d'hallucination collective, par exemple, il est peu crédible que tous les personnages se laissent avoir aussi facilement. Même Cordille, qui regarde de haut la jeune fille après ce qui vient juste de se passer, réagit d'une manière qui n'a aucun sens. Percevan qui empêche qu'on tue le monstre, alors qu'à la page d'avant il s'apprêtait à sortir son épée pour le tuer parce qu'"il faut en finir", ça n'a aucun sens!! On n'explique jamais pourquoi les trois hôtes détestent le duc de Rochecombe, ou encore pourquoi le mage Mabon ne sait pas vraiment utiliser la magie. Kervin qui réussit à sortir de prison, ce n'est pas logique non plus. Et plein d'autres détails qui font que le scénario ne tient pas la route.
Grosse déception que cet album pour moi. Et en quatrième de couverture, on indique qu'un autre album est à paraître, un jour, "Les Miroirs du ciel"... Je me prends à rêver du jour où Percevan aura le traitement Spirou & Fantasio vu par... ou les Schtroumpfs vu par... où d'autres auteurs pourront écrire leur propre version du personnage, sans aucune contrainte, comme bon leur semble... Je ne dis pas que Léturgie et Luguy sont arrivés au bout de leur corde, mais je commence à avoir peur pour la suite...