Pavillon Noir
1. D'écume et de sang
Une BD de Corbeyran, Éric et Brice Bingono chez Soleil Productions - 2011
03/2011 46 pages 9782302015029 Grand format 124193
Sur le chemin d’un improbable trésor, Dark Dan s’embarque vers un voyage qui le conduira au bout de l’enfer... Dark Dan est un pirate. Laconique, cynique et flegmatique, c’est son humeur maussade qui lui a valu son surnom. Chef intransigeant, il dirige ses hommes avec une poigne de fer, mais son sens de l’équité en fait un capitaine apprécié et respecté…
Pavillon noir représente pour moi la bonne bd d'aventure divertissante. Corbeyran maîtrise encore une fois le scénario.
Certes, certains personnages sont assez stéréotypées mais on retrouve l'essence même de la piraterie. Il y a même le fantastique qui s'en mêle. Ceux qui aiment la série Pirates des Caraïbes aimeront à tous les coups.
Pour autant, dans le genre, j'ai préféré nettement Long John Silver qui a réussit à placer la barre très haut. Dessin et couleurs sont pourtant tout à fait corrects. On peut également reprocher des dialogues qui font certainement trop modernes et qui peuvent apparaître en totale décalage.
Au final, une série piraterie qui se lit avec beaucoup de plaisir.
Des histoires de pirates, en ce moment, c'est la mode et à vrai dire celle-là n'est pas la meilleure. Corbeyran nous a habitué à mieux et les dessins sont pas au niveau. Je suis pas sûr de continuer cette aventure....
C’est une impression de médiocrité d’ensemble que le lecteur pourrait retenir au sujet de ce tome :
- Médiocrité du dessin, qui se laisse bien lire dans le cadre d’une lecture très rapide, mais qui fatigue l’œil qui voudrait s’attarder sur les cases pour les contempler et non pas seulement les regarder.
- Médiocrité du scénario, qui donne de la bande vers l’insignifiant : scène d’ouverture dans l’auberge assez pénible par ses dialogues qui se veulent comiques, Bonnie (anglicisation contractée pour « bonnie de soutien-gorge » ?) qui a seulement pour elle d’être un canon, Killing Owie qui campe le balèze exotique-et-déconneur-qui-est-drôle ; évidemment il y a une carte illisible, des aventures qui s’enchainent à la manière de WoW (« pour trouver l’amulette, va tuer Croustibat le terrible monstre de la montagne»…)…Mahalia a un gros problème avec l’esclavage, ce qui nous vaut deux pages de bains et de réflexions dont on se fout un peu, le monstre se fait tuer d’un coup…
Il ne faut cependant pas passer sous silence les quelques extraordinaires réussites de cet album qui, quoique trop rares pour sauver le Pavillon du naufrage partiel, n’en sont pas moins très encourageantes pour le second tome à venir :
- Le dialogue vif et court de la première confrontation entre Mahalia et son grand-père est ainsi excellent par l’effet complet de surprise qu’il provoque chez le lecteur comme chez la fille, tous deux décontenancés par ce vieillard qui a l’air d’en savoir déjà beaucoup… « Comment connais-tu mon nom ? Et toi mon adresse ? ».
- Et surtout, la scène finale de l’île de pierre surgissant au milieu de la brume des marais. Une splendeur !
Le lecteur qui s’était habitué depuis des dizaines de pages à une bd à moitié coulée tant au niveau du dessin que du scénario assiste ,ébahi, à une démonstration aussi soudaine qu’éclatante du talent du dessinateur : en seulement deux pages qui pourraient tout à fait rivaliser avec les meilleures de Long John Silver voire même leur servir de modèle, le dessinateur fait « sentir », avec un talent et une subtilité qui confinent au génie, l’apparition et la solidification de l’île, grâce au seul détail de la lune : le cercle de l’astre passe ainsi à travers le mirage vaporeux de l’île avant de disparaitre pour partie derrière sa solidification.
Sublimant l’atmosphère de la « scène du seuil de la porte » de la BD Sanctuaire ou l’ambiance du tableau L’île des morts d’Arnold Böcklin, les dessins de l’île, aux formes insolites et intrigantes, et celui des portes monumentales sont enfin tout simplement sublimes.
En conclusion, un premier tome particulièrement médiocre, mais un potentiel considérable qui affleure encore trop accidentellement, et qui doit encore se chercher, entre humour décalé à la Lanfeust et noirceur fantastique à la Long John Silver.
Il faudra donc scruter avec attention la sortie du second tome, qui pourrait être une très belle surprise.
En espérant, enfin, que le dessinateur saura donner à la couverture une identité graphique et thématique bien plus affirmée que pour le tome 1, dont l’illustration est clairement passe-partout, sans parler du sous-titre, sans rapport véritable avec le contenu.
http://bdcritix.over-blog.com/
Une histoire de pirate revue et corrigée par le maitre Eric Corbeyran cela donne une histoire fantastique dont les principaux protagonistes sont complètement atypique.
De l'humour au deuxième degré et de l'action au premier.
A suivre.
7/10.