Paul
9. Paul à la maison
Une BD de Michel Rabagliati chez La Pastèque - 2019
10/2019 (10 janvier 2020) 208 pages 9782897770723 Autre format 378610
Paul à la maison est le 9e tome de la série. Cette fois-ci, l'action de déroule en 2012, Paul est auteur de bande dessinée à temps plein et lance un nouvel ouvrage au Salon du livre de Montréal. Entretemps, sa fille part travailler en Angleterre, Lucie n'habite plus avec lui et sa mère ne va pas bien... Paul à a maison traite du deuil, sous de multiples formes. Un album émouvant.
Je n’avais jamais lu un livre de la série Paul. Je ne sais pas si j’ai bien fait de commencer par celui-ci… surtout après avoir relu « Les couloirs aériens » (voir chronique précédente).
Toujours est- il qu’il est facile de s’identifier à Paul quand on est proche de la 50aine … Les problématiques évoquées sont connues : la séparation, le deuil, la solitude, le départ de l’enfant devenu grand, le retour du sport, les problèmes de santé…. Ici elles sont touchées avec finesse et poésie. On suit Paul et on est rapidement en empathie avec lui : ses manies (les typo !), ses doutes, sa confrontation à un nouveau monde : les réseaux sociaux, les sites de rencontres, l’omniprésence du smartphone… Les tableaux en noir et blanc sont brossés avec talent et humour, symbolisme et tendresse. Le tout donne un album sombre mais émouvant et touchant (même en québécois !)
Il se pourrait bien que je lise les autres volumes….
Cela m'a fait un peu mal au cœur de retrouver un Paul vieilli qui est devenu un peu réactionnaire et hostile au changement. En même temps, il est vrai que sa fille part faire sa vie à Londres, sa femme l'a quitté et sa mère est mourante d'un cancer. Il se retrouve tout seul dans une grande maison qu'il a bien du mal à entretenir. A noter également la présence d'un voisin pas très commode.
J'avoue quand même ne pas bien comprendre son aversion pour le téléphone portable. Certes, le chanteur Soprano évoquait ses excès dans un de ses titres intitulé mon précieux. Cependant, on peut également le considérer comme un moyen de communication et de rapprochement entre les gens.
Je ne suis pas certain que Paul aurait fait long feu dans une entreprise où il faut constamment se remettre en cause et s'adapter au changement. Heureusement qu'il est auteur de bd coincé dans sa bulle sans vouloir être méchamment péjoratif. Idem pour les panneaux de signalisation sur autoroute ou beaucoup d'autres choses qui changent pour s'adapter mieux au public.
Oui, on a du mal à reconnaître le Paul jeune qui nous faisait rêver grâce à sa gentillesse et sa bienveillance. L'épisode avec les touristes français ou sa séance de dédicace en disent long sur son changement de comportement au fil des années. Oui, c'est triste d'être aigri par la vie.
Pour autant, je vais donner 4 étoiles car l'auteur a fait preuve d'une grande sincérité dans son propos en ne cachant pas les problèmes, car la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille. On arrive même à percevoir pourquoi il ne souhaite pas couper un pommier alors que le professionnel lui indique expressément qu'il faut le faire. La scène finale avec sa maman est absolument poignante surtout pour ceux qui ont perdu celle-ci.
J'ai eu plaisir à retrouver cette ambiance si particulière à la série des Paul. Tous ces moments de vie nous avaient un peu manqué. Et pour info, cette bd m'a donné envie d'acheter la fameuse écharpe de Gryffondor.