Paco Les Mains Rouges
1. La grande terre
Une BD de Fabien Vehlmann et Éric Sagot chez Dargaud - 2013
09/2013 (06 septembre 2013) 54 pages 9782205068122 Format normal 194652
1er tome de Paco les Mains rouges, un diptyque signé Fabien Vehlmann et Éric Sagot ; témoignage sur le bagne de Cayenne et le sort réservé à ces condamnés que l'on envoyait à l'autre bout du monde... Dans ce premier épisode de Paco les Mains rouges, on découvre l'histoire d'un jeune instituteur auteur d'un crime passionnel qui échappe à la guillotine, mais se voit condamné au bagne à perpétuité. Son calvaire commence dès le voyage vers la Guyane. Là-bas, « Paco les Mains rouges », surnommé ainsi parce qu'il a commis un crime de sang, doit affronter... Lire la suite
Les récits dans les prisons guyanaises sont plutôt à la mode en ce moment en témoigne le récent "Aux îles, point de salut' que j'ai posté dernièrement. Ce récit de Vehlmann va plus loin en terme de maturité introspective. On dirait effectivement une histoire vraie tant cela sent le vécu. Bref, on reconnaît le talent de l'auteur de nous faire croire. Et pourtant, le sujet est plutôt difficile dans cet univers carcéral au bout du monde. Cayenne a toujours une image de bagne qui colle à la peau. On se souvient de l'excellent film Papillon avec Steve McQueen.
L'auteur se concentre sur l'enfer du bagne entre violence et intimité. On ne reviendra pas sur le crime commis par ce jeune instituteur. Ce qui importe, c'est le moyen de survivre dans cet univers carcéral très difficile pour tout le monde y compris les gardiens. Visiblement, le message véhiculé est que la violence serait le seul moyen de survivre ce qui est moralement choquant. Les adeptes du tout répressif et qui dénoncent un certain laxisme devraient sans doute réfléchir. Mais bon, cela ne les arrêtera pas.
Je n'ai pas trop aimé la fin où Paco tombe amoureux d'un autre détenu. Cette romance ne colle pas avec ce qu'il a vécu dans ces lieux ténébreux. On tombe dans un excès qu'il est difficile de comprendre compte tenu des circonstances entre viol et lynchage. C'est traité tout en pudeur avec un trait et des couleurs qui se marient à merveille pour représenter ce climat oppressant. On verra ce que nous donne la suite et fin.
Pur chef-d'oeuvre. Où la violence la plus sordide devient levier de l'humanité. Une plongée dans les entrailles de l'instinct et de l'amour. Un dessin et une histoire comme un koan zen. Indispensable.
Un thème aussi ambitieux que casse-gueule, servi par un dessin qui sent bon la sueur et le bagne. Une vraie claque.
Attention CHEF D'ŒUVRE. Vraiment une BD à couper le souffle. On visite le bagne et son univers impitoyable. Le personnage central est complexe et plein d'humanité à la fois. C'est en lisant ce genre de BD qu'on se dit que la BD est vraiment le 9ème art.