L'orateur
Une BD de Luca Blengino et Antonio Palma chez Glénat - 2024
01/2024 (17 janvier 2024) 77 pages 9782344032848 Grand format 489741
Un coupable idéal Rome, IIe siècle après J.-C. Edilus, le médecin le plus respecté de la communauté grecque de Rome vient d’être sauvagement assassiné. Son fils Alexandre, que le vieux médecin comptait à minima déshériter est déjà désigné coupable ! Un procès expéditif attend donc ce garçon qui, selon les lois romaines, encourt la peine capitale pour parricide. Mais ce verdict intrigue Marcus Cornelius Florens. Cet orateur hors pair, le meilleur avocat de Rome, se douterait-il de quelque chose ? Lui qui se tient depuis des années à l’écart des... Lire la suite
Un Sherlock Holmes transposé à Rome , trés agréable à lire. Dessins superbes avec des personnages trés expressifs.
Je recommande.
Cette bande dessinée nous transporte à Rome en février 919 Ab Urbe Condita, c’est-à-dire 919 « depuis la fondation de la Ville ». Nous sommes ainsi en 166, sous le règne de l’empereur Marc Aurèle, alors que l’empire est en guerre contre les Parthes et que les méfiances à l’égard des chrétiens mais aussi les conversions à la nouvelle religion se font toujours plus importantes. Alors que la fête des Lupercales bat son plein, Edilus, le médecin le plus respecté de la communauté grecque de Rome, est retrouvé mort dans son cabinet, le crâne défoncé. Tout semble accuser Alexandros, le fils qui devait être déshérité. Selon la loi romaine, il risque la peine de mort pour parricide. C’est à ce moment que Marcus Cornelius Florens, orateur et avocat de renom, ami du médecin décédé, sort de sa retraite pour défendre le jeune homme ! Le procès public, très attendu, approche. Marcus mène l’enquête, cherche des preuves, interroge des témoins et se prépare à déployer tout son talent lors d’une grande joute oratoire sur le forum.
Luca Blengino et David Goy au scenario et Antonio Palma au dessin, proposent une œuvre plutôt originale en bande dessinée : un polar antique. L’intrigue est bien menée par ses auteurs, classique mais efficace, rythmée et bien maîtrisée grâce à un découpage et des dialogues de qualité. Les dessins particulièrement expressifs ainsi que les couleurs vives apportent le dynamisme nécessaire afin de soutenir, voire de porter, l’action et le suspens liés à cette enquête policière. Aussi, cet album permet de façon assez subtile de dessiner les contours de la Rome du règne de Marc Aurèle : le poids de la religion et des traditions avec la fête des Lupercales, l’essor et la structuration des communautés chrétiennes encore obligées de pratiquer leur culte en toute discrétion, l’intégration plus ou moins limitée des communautés étrangères, les lois romaines qui font du parricide un des crimes les plus graves dans la cité impériale, l’art oratoire qui est un exercice périlleux et noble donnant lieu à de grandes joutes, etc.
Bref, une lecture agréable qui présente l’intérêt d’entrer avec subtilité dans la cité impériale du IIe siècle après J-C au travers d’une enquête policière.
Armand Bruthiaux