Oracle
4. Le Malformé
Une BD de
Patrice Lesparre
et
Nicolas Demare
chez Soleil Productions
- 2014
Lesparre, Patrice
(Scénario)
Demare, Nicolas
(Dessin)
Digikore Studios
(Couleurs)
Demare, Nicolas
(Couverture)
10/2014 (08 octobre 2014) 52 pages 9782302042643 Grand format 224085
Hier beau et admiré de tous, aujourd’hui hideux, bossu, malingre. Il doit sa déchéance à Apollon qui, jaloux de son succès auprès des femmes et surtout d’Aphrodite, l’a rendu difforme. Le voici désormais objet de répulsion et de moqueries. Mais il est intelligent et sait s’adapter. S’il ne peut conquérir la sublime déesse grâce à son apparence, il la séduira par ses talents de maître-queux. Auprès des Satyres et des cruelles Ménades, il découvrira l’art culinaire et la sorcellerie. Prêt aux pires transgressions, il étudiera. Et il deviendra si... Lire la suite
Enfin! Un bon album!
J'ai beaucoup aimé cette histoire d'homme maudit qui perd toute sa beauté et qui doit devenir un cuisinier hors pair pour obtenir les faveurs d'Aphrodite, de qui il est obsédé et pour qui il est prêt à tout... D'ailleurs, on ne lésine pas sur le culinaire dans cet album. De son apprentissage à son obsession jusqu'à sa folie et sa cruauté, le personnage de Melos est bien développé et le scénario est très bien monté. Le dessin est aussi très bon.
Je trouve quand même que les dialogues expliquent trop, alors que Melos explicite beaucoup trop ses pensées de manière peu naturelle. Ou le dialogue de la licorne, par exemple, que j'ai trouvé un peu irréel.
Mais sinon, cet album est pour moi le seul bon album de la série jusqu'à présent.
Un peu surpris de ces très beaux commentaires, je ne partage pas trop mais je crois comprendre pourquoi. Concernant le dessin, l'ensemble reste beau, très bien coloré et très agréable. Il semble toutefois perdre de sa superbe sur ce quatrième volet. La tête d'Oracle ressemble trop à un œuf (dernière case de la page 4). Le personnage le plus réussi est le satyre. La déesse ne casse pas trois pattes à un canard. Elle n'est franchement pas jolie. Mais j'approuve les corps nus toujours très beaux dans les bandes dessinées.
Outre un déroulé trop rapide, le message qui peut plaire dans ce volume a un rapport avec le message du satyre à la 7ème case de la page 11 : "Et sache qu'ici, ton apparence importe peu", message par lequel, beaucoup d'hommes peuvent s'identifier lorsqu'ils courent après des chimères (parfois ça marche) et ici on peut espérer que Melos pourrait goûter aux plaisirs charnels de tous ces mets (femmes sublimes) mais non, il vient manger et boire et recherche un maître d'apprentissage pour la cuisine. C'est un peu moyen. Il prend confiance en lui, malgré sa laideur, lorsqu'il apprête le cuisseau de la licorne à Aphrodite. Il aura mit tout en oeuvre pour arriver à ses fins, quel qu'en soit le prix, meurtrier, anthropophage pour être en osmose avec la nature et les créatures pour être dans l'unité de la Grande Mère (pour un satyre je ne sais pas comment on dit) sans se soucier d'une quelconque conséquence sur la forêt, des représailles de toutes les créatures de cette dernière, ou même des dieux. Il obtiendra ce qu'il veut, mais à quel prix ? Il croit à l'amour partagé. La scène est assez désagréable il faut l'avouer et pas assez romantique, mais il faut reconnaître que ça a dû être un sacré challenge de dessiner cette scène. Il ne faut pas confondre relation sexuelle avec amour. Mais l'album est bon dans son ensemble. Après le tailleur de pierre, voici le cuisinier... J'attends mieux pour la suite. Malgré un scénario un peu décevant le volume en lui-même est bien meilleur que les deux précédents selon mon opinion.
Pour moi le meilleur album des quatre premiers (les deux derniers n'étant pas encore lus). Je me suis retrouvé ado en train de lire mes livres de comtes et légendes antiques. je suis monté à bord de ce volume et j'ai vibré. Dessin toujours magnifique, histoire que je ne lâche pas. Bravo, je recommande vivement
De très bons dessins au service d'un scénario également très intéressant. Nos pauvres mortels n'en finissent pas de subir les courroux des dieux de l'Olympe. Cette fois c'est Apollon qui "taquine" le dénommé Mélos pour une sombre histoire de cœur (enfin de cul) impliquant la plus belle des déesses : Aphrodite.
Le tome 4 d’Oracle tient toutes ses promesses. Gardant un ton très adulte, l’histoire contient violence, démence et scènes crues, mais cela sans aucune facilité : chaque élément, chaque case est au service de la tragédie qui se noue. Comme dans les tomes précédents, le contexte mythologique classique est respecté. Ici ce sont Aphrodite et Apollon auxquels se "confronte" Mélos, pauvre mortel. Les personnages très intéressants des ménades et des satyres, faunes des forêts, sont finement exploités. On croisera aussi un animal légendaire qui faisait déjà rêver les grecs de l’antiquité : la licorne. On retrouve l’Oracle et Homère (qui a des idées de saga !), cette fois-ci à Corinthe, accompagnés d’un mystérieux inconnu dont vous saurez le drame in fine.
L’anti-héros de cette aventure est Mélos, un homme a priori bon et comblé, qui se voit injustement maudire par Apollon, jaloux de lui. Il n’était pas évident de faire d’un être difforme le personnage principal d’un des tomes, notamment parce que la couverture est nettement moins aguicheuse que la première ;). Melos est rendu monstrueux par Apollon. Sa disgrâce va à la fois l’élever car il deviendra un cuisinier hors pair, à l’égal d’un dieu, et le faire chuter comme le plus méprisable des hommes. Complètement obsédé par la conquête d’Aphrodite qu’il pense aimer sincèrement, et en même temps par sa revanche sur Apollon…, il sera amené à aller toujours plus loin dans l’ignominie. Se trouvant toujours une justification, il ira jusqu’au sacrilège. L’obsession et l’instinct de possession, dans un amour à sens unique, sont décortiqués dans cette fable psychologique.
En contrepoint de cet amour démentiel, on voit évoluer le couple de Thesmodion et Ananka : non-humains, ne vivant que pour le plaisir des sens, purs, communiants avec la nature, leur amour est simple et libre. Le personnage de Thesmodion est particulièrement savoureux, et apporte une touche d’humour au récit, chose que l’on n’avait pas encore vu dans la série ; d’une part grâce à des expressions grivoises amusantes ("par mes bourses fripées") et surtout par ces jeux avec la belle Ananka. La page où Mélos débarque au mauvais moment et où elle recommande à son amant de parler de ses "histoires de pieu durci" avec son ami nous fait sourire dans cette histoire sombre, somme toute, de bout en bout.
Si l’histoire est tragique et fascinante, le dessin, lui, est absolument somptueux ! Le travail de Nicolas Demare, c’est du grand art ! Les plans très rapprochés, avec un souci du détail incroyable, permettent de faire ressentir la moindre émotion grâce à l’expression des visages. Les plans plus larges donnent un cadre magique au récit que ce soit dans la forêt de Corinthe, très luxuriante, ou bien dans les pays étrangers traversés par Melos. De l’Égypte (double planche qui fait rêver) à la lointaine Asie, on voyage beaucoup grâce à ce coup de crayon. Les auteurs nous gratifient de mises en pages très imaginatives, je pense en particulier à celle où Mélos se contemple dans la fontaine, ou bien à la page du "miroir éclaté". J’ajoute que le travail de colorisation est vraiment excellent et vient magnifier le dessin. C’est coloré, c’est lumineux ou sombre quand il le faut, intelligemment !
En résumé, on a là un tome absolument envoûtant à tout point de vue !!! Même ceux qui n’ont pas lu les épisodes précédents peuvent s’y plonger, car rappelons que les récits sont indépendants. Ne boudez pas votre plaisir et foncez découvrir cette pépite de chez Soleil !