Les ombres
Une BD de Vincent Zabus et Hippolyte chez Phébus - 2013
10/2013 (03 octobre 2013) 174 pages 9782752909015 Grand format 198863
Un enfant raconte les jours d'errance qui ont façonné son exil, les drames qui ont jalonné sa fuite, et les mirages qui l'ont fait tenir. Vincent Zabus et Hippolyte livrent avec Les Ombres une fable contemporaine et sensible, onirique et subtile sur l'exil et la condition des réfugiés. Une salle d'interrogatoire à la lumière crue. Une chaise, un bureau. C'est dans ce décor dépouillé que l'exilé n°214 voit son destin se sceller. Au terme d'un long périple, tête baissée, dos voûté, il demande l'asile. Poussé à l'aveu, il doit, pour obtenir le précieux... Lire la suite
Un bureau d'immigration dans un pays lambda ("Le Grand Pays"). Un jeune garçon est interrogé par un individu désabusé. D'où vient-il ? Pourquoi a t-il quitté son pays ? Quelle est son histoire ? La tentation de mentir est grande pour "réussir l'entretien" et être accueilli en terre d'abondance. Mais les ombres qui hantent son esprit le rappellent aux dures épreuves de l'exil qu'il a endurées : contrairement à ce qu'il a voulu croire, ce qui importe en réalité, n'est pas l'endroit où l'on va mais bien l'endroit d'où l'on vient... Ses parents, ses compagnons d'exil et enfin sa petite sœur ne sont désormais plus que des fantômes dont la mémoire ne peut être entachée par le mensonge. Soit, le garçon dira la vérité. Mais cette vérité a un prix. Un lourd tribu payé pour tenter de trouver "une vie meilleure'...
Ecriture et réécriture : une pièce de théâtre somptueusement adaptée en images
Si au départ, Les Ombres a été écrit par Vincent Zabus pour le théâtre afin d'aborder la question de l'exil forcé des africains, elles ont pris une dimension nouvelle avec la collaboration de Hippolyte pour l'album : le scénario a été creusé et réécrit et somptueusement mis en images par le dessinateur. Jeux de couleurs, univers fantasmagorique, décors contrastés, personnages irréels, Hippolyte plonge le lecteur dans un rêve (ou cauchemar) éveillé où ombres et fantômes font irruption dans des situations bien réalistes. Les dessins enfantins qui évoqueront sûrement à certains les démons de la mythologie japonaise de Miyazaki dans Le Voyage de Chihiro, prêtent à cette BD des allures de fable cruelle qui dénonce sans détours les contradictions de nos sociétés modernes et notre impuissance à résoudre les problèmes qui en découlent...
L'exil, un cas de conscience souvent insoupçonné mais aussi parfois insoluble pour les exilés
Cet album, paru en octobre 2013, mettait déjà en exergue les exodes de populations liés aux guerres et aux conflits politiques. Aujourd'hui, en 2015, ces problématiques sont plus que jamais d'actualité : non seulement le nombre d'exilés ne cesse d'augmenter mais en plus leur pays d'origine est de plus en plus diversifié, preuve de la complexité du sujet. Donc, à tous ceux qui ignorent ces problématiques, Les Ombres rappellent la situation inextricable des exilés : de culpabilité en cas de conscience, les candidats à l'exode vivent de terribles souffrances bien susceptibles de les éloigner d'eux-même. Bien que les témoignages réels sur le sujet ne tarissent pas, ce qui touche dans cet album, c'est qu'il expose de façon singulière par ses personnages déshumanisés et anonymisés, une histoire malheureusement plus courante que l'on ne veut bien le reconnaître...
En bref, Zabus/Hippolyte, une collaboration qui fonctionne bien...
Récit touchant s'il en est, Les Ombres sont une belle réussite de collaboration : adapter une pièce de théâtre au travail d'illustration est un beau défi que les deux compères ont relevé avec talent. Tant par le sujet abordé que par le travail d'illustration (que j'apprécie particulièrement), ce duo gagnant vous séduira avec cet album de belle facture qui saura sensibiliser au problème (ou pas d'ailleurs) les esprits les plus rétifs...
Je comprends l'intention mais ce type de récit onirique et allégorique ne me correspond pas. On retrouve bien sous cette forme imagée le destin tragique des immigrés et on perçoit l'émotion, mais je suis définitivement plus touché par les personnages réalistes.
Pas aimé donc ces personnages masqués et ces ombres, mais certaines planches sont malgré tout tres belles.