Les ogres-Dieux
4. Première-Née
Une BD de Hubert et Bertrand Gatignol chez Soleil Productions (Métamorphose) - 2020
11/2020 (25 novembre 2020) 88 pages 9782302090262 Grand format 405165
Bragante, dite Première-née, âgée et affaiblie, décide de révéler à sa petite-fille la vérité sur son histoire. Elle voua une passion aux livres, et ressentit très tôt l'angoisse de donner la vie. Son statut d'aînée la chargera de l'éducation des derniers-nés, mais ne la protégera pas du plus vaillant à qui son père, le roi, l'a promise. D'aînée, elle deviendra reine, sombrant dans l'aveuglement.
« Première-née » m’a réconcilié avec la saga des Ogres-Dieux sur laquelle j’ai toujours eu quelques réserves. Ce 4ème tome, que je n’attendais pas après le décès du scénariste Hubert, permet de boucler la boucle en faisant un lien généalogique parfait avec « Petit », le tome inaugural.
Remonter aux origines d’une lignée légendaire est un grand classique. Mais c’est ici réalisé avec intelligence et le récit capte l’attention par sa force d’évocation. Il se place ouvertement du côté des femmes, reléguées dès le départ au rang de génitrices à la merci de mâles stupides et libidineux, tous plus barbares les uns que les autres. Bragante, la première-née, n’a ainsi d’autre salut pour contrer leur force brutale que sa finesse d’esprit et la connaissance qu’elle trouve dans les livres, auxquels Hubert rend également un hommage appuyé. L’album se termine d’ailleurs par 18 longues pages d’un texte raffiné, superbement illustré.
« Première-née » n’est peut-être pas l’épisode le plus spectaculaire des 4 mais il donne du sens et une ampleur inattendue à l’ensemble, tout en renouant avec le fabuleux univers gothique créé par Hervé Gatignol, que le troisième avait curieusement délaissé.
Je me ravise donc humblement et porte un jugement beaucoup plus favorable sur cette série au graphisme exceptionnel qui restera en bonne place dans ma bibliothèque.
Une des plus interessantes et originales sagas de ces dernières années. Les auteurs nous révèlent la profondeur et la complexité de l'âme humaine dans un monde à la fois violent et naif qui se déguste comme un conte de Perrault revisité à la façon gothique. L'alternance des séquences BD et des textes de jointure apporte une densité et un rythme savoureux (il faut surtout ne pas faire l'impasse de ces textes). Les dessins de Gatignol sont sublimes. A lire absolument
Après un troisième opus assez décevant, cet album posthume du scénariste Hubert revient aux sources de ce qui fait la spécificité de cette saga gothique. En remontant à des origines narrées dans les textes du premier volume les auteurs attisent notre soif de savoir sur une histoire familiale dont on n’a finalement vu que peu d’éléments. Car le fait d’alterner séquences BD et séquences de pure récit textuel depuis Petit a permis à la fois de développer l’univers bien plus que les seules cent-soixante pages du volume ne l’auraient permis en dessins mais crée une frustration continue. Les histoires étant construites sur des successions de séquences reprenant les trois unités du théâtre, on alterne ainsi des scènes illustratives mais ce sont bien les textes qui bouchent les trous.
Des Ogres-dieux on n’en a finalement vu que sur le premier tome et c’est un plaisir de retrouver cette grandiloquence, cette violence brute, bestiale. Le mystère des origines du fondateur est laissé dans l’ombre, avec néanmoins un lien directe avec les Olok vus dans le Grand homme. Habile passerelle qui permet de faire se rejoindre dans cette préquelle le premier et le dernier représentant de cette lignée de géants. L’éditeur annonce qu’il s’agit de l’ultime tome… a voir car le dessinateur n’excluait pas il y a quelques mois de prolonger l’œuvre. Et on peut dire qu’il y a matière à peu près infinie avec ce format de one-shots dissociés se rattachant à une mythologie très costaude. [...]
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