Les ogres-Dieux
2. Demi-Sang
Une BD de Hubert et Bertrand Gatignol chez Soleil Productions (Métamorphose) - 2016
06/2016 (15 juin 2016) 109 pages 9782302048492 Grand format 281682
Dans la lignée de Games of Thrones, l'univers de fantasy médiévale, Les Ogres-Dieux, propose après le succès incontesté de Petit, une nouvelle histoire, celle de Yori, dit Demi-Sang. Son histoire commence avant celle de Petit et se termine au même moment. Les Nobles-Nés dominent le royaume au pied du château des Ogres-Dieux et gouvernent en leur nom. Bien que né parmi eux, la place de Yori n'est pas évidente : si son père - le roi - l'aime, il n'en reste pas moins un bâtard, le fils de la favorite, hétaïre de haut vol. Sa grâce et son intelligence... Lire la suite
"Petit" était extraordinaire. "Demi-Sang" est une suite honorable mais souffre de la comparaison.
Dessin toujours au top.
Les histoires d'ogres ont tendance à se suivre et à se ressembler. Et voilà qu'il y a deux ans, "Petit" a complètement renouvelé le genre. Voir ces ogres gigantesques dans des décors encore plus grands, c'était éblouissant.
On devinera que mes attentes étaient très grandes lorsqu'on a annoncé le deuxième tome. Mais voilà, plus d'ogres, seulement une autre histoire d'arriviste qui écrase tout sur son passage pour atteindre son but. Et cette fois les auteurs n'ont pas su renouveler le genre.
Le dessin m'a par ailleurs décu. Si les décors demeurent exceptionnels, je n'ai pas aimé les personnages aux tronches de mangas. Déjà quand j'étais gamin et que j'écoutais mini-fée je ne comprenais pas pourquoi les yeux étaiens si absurdement grands.
Enfin, les passages biographiques entre les chapitres sont trop longs et entravent le cours de la lecture.
"Demi-sang" (second tome de la série des "Ogres-Dieux" que j'ai lu avant le premier, précisons-le) est l'un des livres les plus formellement impressionnants que j'aie vus depuis longtemps : l'incroyable élégance du dessin, réalisant une synthèse idéale entre les codes du manga et ceux de la ligne claire franco-belge, la beauté graphique de l'utilisation du noir et du gris pour composer des pages à la profondeur, à la complexité et à la lisibilité uniques, la perfection formelle de "l'objet livre" en général, tout cela fait de la lecture de "Demi-Sang" un grand (et rare) moment d'émotion esthétique. Mais bien sûr, ce ne serait rien sans la construction d'un univers aussi original que cohérent (disons une sorte de modernisation des contes de Perrault via "Game of Thrones"), rehaussé par de délicieux intermèdes "historiques", et l'histoire redoutablement machavélique mais éternelle des ravages de l'ambition politique et de la soif de reconnaissance. Bref, une BD quasiment parfaite, à laquelle ne manque peut-être qu'un soupçon de folie pour atteindre la plus haute marche du podium.
Il n'y a pas de lézard pour ce magnifique deuxième opus. Bien que PETIT est sublime et original dans sa création, DEMI SANG est tout aussi magnifique voir supérieur à son "aïeul" parce que malgré tout il est aussi très original, avec un raccordement à PETIT digne d'un certain grand auteur d'épouvante dont je tairais le nom.
C'est une histoire qu'on ne peut pas arrêter comme ça, c'est à couper le souffle et à lire d'une traite. Inoubliable je pense... Je ne parlerai pas du contenu, ni du scénario ni du dessin. Dans l'ensemble tout est bien.
Notre héro est beau, ses enfants sont beaux, sa deuxième femme est belle, la maman de PETIT est belle, les autres protagonistes sont tous très laids d'une laideur travaillée artistiquement par de bons dessinateurs. Un style exacerbé et rayonnant.
Bravo encore une fois aux auteurs pour l'investissement dans des moyens matériels à la hauteur de leur œuvre sans lésiner sur la volumétrie de cette belle bande dessinée. Il s'agit peut être de 121 planches mais c'est un volume agréable beau et bien réalisé avec pas moins de 150 pages. L'utilisation d'un papier soyeux et d'un anthracite profond contribue grandement a la qualité de l'objet (tout comme le premier acte)
Pour ma part, et pour ne pas dire que du positif, les Ogres y sont un peu trop absents à mon goût dans les planches et la production est légèrement moins abondantes que pour le premier opus. Le côté gothique aussi est un peu plus absent. Les interstices historiques de transition des chapitres sont un brin trop longs parce que sur deux pages mais conservent une place importante dans l’œuvre : l'histoire des Chambellans des Ogres-Dieux, entourant symphoniquement le grand Yori Draken. (ne nécessite aucune correction)
J'aimais notre PETIT dans le volume 1 mais il était presque clair que Yori se vengerait et j’espérais que pour la cruauté de la maman ogresse et pour ce qu'elle lui a infligé dans ce deuxième volume, Yori le trouve et le remette sans vie à sa mère comme une belle fin en apothéose.
J'espère un troisième volet dans la même collection avec au moins le même volume et la même classe. J'espère que les auteurs liront ce commentaire. Je ne suis pas très bon en français mais je prétends avoir le goût du beau, beaucoup de gens me l'ont déjà dit.
Ce sont tous ces points positifs, qui je l'espère, conféreront à cette bande dessinée une place pérenne dans le panthéon de la bande dessinée.
Lisez les deux volumes, pour le prix ça vaut le coup.
J'ai ressenti un plaisir coupable à lire les aventures de Yori, bâtard trahi qui veut régner sur le monde qui l'a rejeté. Le parti-pris chromatique, hérité de Petit, est fascinant. Et que dire du travail sur la lumière ? Les contrastes se mettent au service de l'histoire, mettant en exergue le caractère sombre et violent de Yori et son apparence angélique.
J'aime beaucoup les extraits d'encyclopédie qui coupent les séquences BD. Elles permettent de souffler dans l'histoire principale, très dure, en distillant dans l’œuvre une pointe d'ironie salutaire.
Et pour ne rien gâcher, le livre est un très bel objet.
Encore un très beau livre dans la collection Métamorphose.