L'Œil du STO
Une BD de Julien Frey et Nadar chez Futuropolis - 2020
02/2020 (05 février 2020) 188 pages 9782754824965 Autre format 385055
Le Service du travail obligatoire (STO), instauré en février 1943 par le gouvernement de Vichy, envoie des centaines de milliers de jeunes hommes travailler, contre leur gré, en Allemagne. Justin est l’un de ces requis du STO. Pour échapper au travail forcé, il s’estropie en se versant de l’huile de machine dans un œil. En vain. Mais, après dix mois passés dans le camp d’Hennigsdorf, il réussit à s’évader et rejoint Paris. À la Libération, il reprend son métier de garçon de café, et retrouve Renée, l’amour de sa vie.
Voilà une BD signée par deux auteurs dont j'ai beaucoup aimé les dernières œuvres. Julien Frey au scénario qui nous avait concocté l'excellent « Un jour, il viendra frapper à ta porte ». L'espagnol Nadar au dessin qui avait réalisé avec brio « Papier froissé » et « Salud ! ». Leur association en l'espèce fait merveille.
Le sujet est plutôt sérieux car il s'agit de raconter l’histoire d'un jeune homme qui a été obligé de travailler pour les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale par l'instauration du STO qui touchait la tranche des plus jeunes sous la France de Vichy.
On va vite s'apercevoir que le STO est un juste comme un camp de concentration amélioré par quelques bonnes grâces. Et encore, cela dépendait des nationalités car les prisonniers russes étaient traités comme des animaux.
Ces victimes ont eu du mal à avoir une reconnaissance en tant que tel car on estimait qu'elles collaboraient avec le régime nazi. Au départ, c'était des volontaires mais il y en avait pas beaucoup. Du coup, c'est le gouvernement de Vichy qui a crée le STO (Service du travail obligatoire) en février 1943. C'était soit cela, soit la fuite dans le maquis avec les risques inhérent de représailles pour toute la famille. Bref, ces personnes n'avaient pas vraiment le choix si elles voulaient rester en vie.
On va suivre la vie de Justin qui est aujourd'hui un vieux monsieur qui se reproche d'avoir fait le STO. Sa famille va heureusement l'aider à dépasser sa culpabilité. Il y aura toujours des gens moralisateurs qui les jugeront sans être passé par là et qui aurait fait sans doute la même chose. Par ailleurs, ces victimes ont été les grands oubliés de l'Histoire après la libération.
Au final, une excellente BD sur un sujet méconnu de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Il ne faut pas oublier que l'histoire, c'est aussi le poids du passé.