Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin
Une BD de
Émilie Plateau
chez Dargaud
- 2019
Plateau, Émilie
(Scénario)
Plateau, Émilie
(Dessin)
<Bichromie>
(Couleurs)
De Montaigne, Tania
(Adapté de)
01/2019 (18 janvier 2019) 114 pages 9782205079258 Autre format 353527
Prenez une profonde inspiration, soufflez et suivez ma voix. Quittez le lieu qui est le vôtre, quittez le 21e siècle. Vous voici dans les années 1950 au sud des États-Unis, à Montgomery, en Alabama. Désormais, vous êtes Claudette Colvin, une jeune adolescente noire. Ici, noirs et blancs vivent dans la ségrégation. Ici, être noir c'est n'avoir aucun droit. Mais, le 2 mars 1955, Claudette Colvin, qui n'a que 15 ans, refuse de céder sa place à une passagère blanche dans le bus. 9 mois avant Rosa Parks, elle devient la première noire à plaider non... Lire la suite
Le graphisme fera dans le minimalisme et l'épuration. Les cases sont totalement absentes. Il y a une réelle efficacité du propos narratif pour nous démontrer la situation injuste de la population noire-américaine dans les années 50. Cela se lit plutôt rapidement.
J'ai bien aimé l’introduction qui nous permet de nous identifier plus facilement avec la condition de ces personnes victimes de la ségrégation raciale.
Il est en effet question de l'inique loi Jim Crow qui impose une ségrégation. Il faut dire que les juridictions n'aimaient pas s’entendre dire qu'il y avait une injustice dans la mesure où l'on pouvait assurer aux noirs des prestations égales aux blancs.C'est le principe de l'égalité séparée. Pour autant, dans les faits, il fallait que le noir se lève lorsqu'il n'y avait plus assez de place disponible pour le blanc.
La première a refusé de se lever fut Claudette Colvin du haut de ses quinze ans mais son nom sera totalement effacée au profit de Rosa Parks dont se servira d'ailleurs le pasteur Martin Luther King dans sa lutte pour les droits civiques. En effet, Rosa Parks va l'imiter 9 mois plus tard alors que Claudette fut véritablement la première à braver l'autorité des blancs en refusant de se lever et céder sa place à un blanc.
Visiblement, cette BD va au-delà de l'aspect inégalitaire pour indiquer que quelque chose de fondamentale dans la lutte des droits civiques a été enlevée à cette jeune personne courageuse. L’auteure Emilie Plateau tenait à rendre hommage à cette adolescente dont le nom fut oublié quand on relate ces événements.
Du coup, j'ai ressenti un malaise par le fait que Martin Luther King a tenté de récupérer l'affaire de manière sournoise. Ce n'est pas vraiment ce que l'on a appris en histoire et ce que l'on voit dans les films tant son image semble être associé à un saint homme. Je m'interroge un peu sur ce dénigrement qui ne sert pas la cause de l'injustice sociale. Mais bon, c'est la vie méconnue de Claudette Colvin et l'option choisie par l'auteure qu'il nous faut respecter. Pour une adhésion, je ne suis pas preneur.
Cet album est l’adaptation d’un roman de Tania de Montaigne. Il est utile car il raconte l’histoire de la jeune fille noire qui la première a dit non ! Je connaissais Rosa Parks mais pas Claudette Colvin. J’ai donc apprécié son histoire, douloureuse et révélatrice de son époque d’un point de vue racial bien sûr mais pas que….
Par contre je suis assez déçu de la narration graphique que j’ai trouvé trop naïve, statique et infantile. Certains verront cela comme une qualité, je dois dire que ça n’a pas fonctionné avec moi mais ça fonctionne peut être avec un public plus jeune. Certaines planches sont splendides, la couleur joue son rôle de façon ingénieuse et précise mais il m’a vraiment manqué quelque chose pour adhérer totalement et j’ai fini par trouver ça vraiment dommage tant cette histoire aurait mérité davantage de souffle et de force !
Mon coup de cœur du week end !
Une histoire riche en émotions.
Une époque qui semble si loin et si proche à la fois que celle de la ségrégation aux Etats Unis.
Le texte est fort et prenant. Le parti pris niveau dessin rend hommage à la qualité scénaristique. Rien de superflu !
Rosa Parks, Martin Luther King...
N'oublions pas Claudette Colvin, merci pour cette belle réhabilitation !