Naduah
Cynthia Ann Parker, cœur enterré deux fois.
Une BD de Séverine Vidal et Vincent Sorel chez Glénat (Karma) - 2022
03/2022 (09 mars 2022) 108 pages 9782344044360 Autre format 444581
« La squaw aux yeux clairs. » En 1836, au Texas, Cynthia Ann a 9 ans quand ses parents sont tués par un raid comanche. L'enfant survit à l'attaque mais est capturée. Vingt-quatre années passent, Cynthia Ann vit librement aux côtés de cette tribu qu'elle considère dorénavant comme sa famille. Quand en 1860, elle est ramenée contre son gré à Jacksboro, elle laisse derrière elle un foyer, un homme et des enfants. Celle qu'il faut dorénavant appeler Naduah est traitée comme une prisonnière et non comme une invitée par les Texans. Pourtant, dans les... Lire la suite
Cette BD conte l'histoire vraie de Cynthia Ann Parker devenue Naduah après son enlèvement par les Comanches alors qu'elle n'avait que 9 ans et qui sera arrachée une nouvelle fois à sa famille par les blancs à l'âge de 33 ans dans le Texas du XIXème siècle.
C'est tout le thème du déracinement qui est abordé et plus largement celui de la femme soumise à la volonté des hommes. La séparation par rapport à sa famille et à son clan est plus que déchirant. On peut avoir un sentiment de révolte suite à cette lecture.
La force de cette œuvre est de bien camper le personnage de Naduah auquel on va très vite s'attacher car d'une grande dignité et d'une belle grâce. On ne peut que regretter son sort et être assez triste par rapport aux épreuves subies.
Une autre dimension apportée par cette lecture est celle du massacre des indiens par les hommes blancs qui ont volé leurs terres et apporter les épidémies les décimant ou l'alcool pour les abrutir. Ils leur ont tout pris. On peut se demander qui sont les sauvages ? C'est un mode de vie en parfait accord avec la nature qui disparaît...
J'ai bien aimé ce trait qui demeure réaliste malgré une certaine forme de naïveté et une colorisation plutôt douce. Il y a par ailleurs de belles pages qui nous décrivent bien les grands espaces de l'Ouest américain. Et puis, il y a une narration tout à fait impeccable qui rend la lecture très agréable. La fin est tellement émouvante...
Un bémol cependant avec la naissance de Fleur de Prairie qui est affichée clairement en 1858. Il s'agit de la fille de Naduah qu'on retrouve encore un petit bébé en 1860 lorsqu'elle est capturée par les hommes blancs. Or, un bébé, cela grandit vite et surtout en l'espace de deux ans. Je n'aime pas trop ce genre d'incohérence dans un récit.
Autre erreur de taille : Naduah est capturée en Décembre 1860 alors que la scène de départ où l'on fait officiellement sa rencontre dans la ville des blancs se situe durant le printemps 1860. Oui, il faut faire attention à la datation des événements pour ne pas tomber dans l'amateurisme.
J'ai beaucoup aimé la version de l'auteure Séverine Vidal pour expliquer la vie de cette femme qui avait été enlevé dans sa jeunesse et qui a grandi au milieu des indiens. On est loin du syndrome de Stockholm. Non, on est véritablement dans l'amour. On se rapprocherait de la vision du célèbre film de Kevin Costner à savoir « Danse avec les loups ».
Au final, c'est quand même une histoire véritablement poignante qui est très bien servie par un dessin expressif. C'est une de ces parutions à ne pas rater mais qui n'a pas bénéficié d'une grande publicité lors de sa sortie ce qui est dommage. Donc, c'est tout bon pour un rattrapage.